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Vers un monde tripolaire ?

Il y a a peu près un an, j’écrivais un texte intitulé « Vers un monde sans Union européennne ? », dans lequel je prédisais que l’Europe (au sens de l’Union européenne) ne serait plausiblement jamais, sous sa forme actuelle, un acteur majeur et viable du monde de demain. L’absence d’authentiques structures politiques et donc de souveraineté ne devrait pas en effet lui permettre de s’opposer aux nouveaux géants que sont les BRICS ou les grand blocs émergents, dont les clefs de fonctionnement politiques et stratégiques sont au contraire fondés sur la toute-puissance du politique et l’affirmation de la souveraineté.

La crise économique financière, qui a notamment mis en exergue la crise de fonctionnement de la monnaie unique (euro) a sans doute définitivement enterré l’espoir que les fondateurs avaient en l’Europe. L’Europe, il est vrai, n’a pas su dépasser ses différences historiques, systémiques et culturelles, sans doute par manque d’un pouvoir politique centralisateur et fort. Il y a tout d’abord l’Europe du Sud, ces récentes dictatures (Grèce, Portugal, Espagne…) qui sont les grands malades de l’Europe dont elles sont financièrement totalement à charge. Il y a les nouveaux entrants qui se sont tournés vers l’Amérique plus que vers l’Europe de Bruxelles, confondant sans doute leur adhésion à l’UE avec celle de l’Otan. Enfin, il y a le noyau d’une vieille Europe qui est partagée entre une Allemagne ayant un besoin vital et économique de plus d’Union européenne, et une France qui peine de plus en plus à obtenir une crédibilité européenne. Enfin, il y a le cas de l’Angleterre, que le général de Gaulle avait bien défini comme étant le pion atlantiste en Europe et qui devrait vraisemblablement rapidement quitter une UE en pleine décomposition.

Ce n’est que relativement récemment que, paradoxalement, l’extension à l’est de l’Europe a rendu plus visible la place de la Russie comme partenaire essentiel de l’Union européenne et des nations européennes. L’illusion d’un accroissement de la coopération militaire et énergétique proposée par Moscou pour contrebalancer l’atlantisme totalitaire des élites européennes actuelles aura été de courte durée. Il semble de plus en plus évident aujourd’hui que l’Europe de Bruxelles et la Russie sont, malgré la coopération économique croissante, sur des évolutions historiques opposées, voire même contradictoires. La Russie renforce activement son partenariat avec la Chine en parallèle de son intégration eurasiatique, laissant clairement comprendre où elle situe stratégiquement son avenir pour les prochaines décennies. Bruxelles vient sans doute de son coté de céder le peu de souveraineté qui lui restait puisque les parlementaires européens ont voté le 23 mai dernier une résolution sur l’ouverture de négociations en vue de la constitution d’un accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne.

Le but est clair et a été parfaitement expliqué par la députée européenne allemande Godelieve Quisthoudt-Rowohl : « Le renforcement de l’espace commercial transatlantique renforcerait énormément la position occidentale et permettrait sans doute que l’Union européenne ou les États-Unis soient un jour en mesure de négocier avec la Chine. » On peut imaginer clairement que de la même façon, l’Europe, qui a servi de tête de pont pour attaquer l’Eurasie contre une hypothétique menace post-soviétique destinée en fait à favoriser le contentieux américain contre la Russie, semble destinée aujourd’hui à servir de nouveau de tête de pont, mais cette fois en vue d’une tension américaine contre la Chine.

Cette hyperintégration transatlantique devait provisoirement accentuer l’américanisation de l’Europe de Bruxelles et par conséquent la soumission totale et définitive de cette dernière aux flux de capitaux, de marchandises et d’information venus d’outre atlantique. Ce faisant, l’Europe de Bruxelles se verrait dans l’incapacité définitive de pouvoir souverainement choisir ce qu’elle prend et ce qu’elle ne prend pas du monde qui l’entoure, et notamment d’outre atlantique. Pour Hervé Juvin, cette négociation annonce « à bien des égards la perspective d’une Europe puissance, d’une Europe comme identité et même d’une Europe comme entité politique a part entière ».

Peut-on envisager le remplacement de l’Union européenne par une Union occidentale sous contrôle politique de Washington et militaire de l’OTAN ? Se dirige-t-on doucement vers un monde tripolaire partagé entre l’Union transatlantique, l’Union eurasiatique et la Chine ?

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6 Commentaires

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  • #426943
    Le 5 juin 2013 à 15:14 par vasionensis
    Vers un monde tripolaire ?

    "Se dirige-t-on doucement vers un monde tripolaire partagé entre l’Union transatlantique, l’Union eurasiatique et la Chine ?"
    Votre hypothèse rejoint celle qu’Orwell avait émise dès 1948 dans son "1984", où les trois empires rivaux sont Oceania, Eurasia et Estasia.

    A l’adresse du modérateur : "a priori" ne prend pas d’accent (c’est du latin).

     

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  • #426965
    Le 5 juin 2013 à 15:48 par Hasus
    Vers un monde tripolaire ?

    Dans la mesure où les précédentes tentatives de libre échange "total" ou "quasi-total" ont échoué face à la contestation, il serait judicieux de démontrer aux multinationales à l’ambition dévorante que la population à laquelle elles souhaitent refourguer le fruit de leurs (ignobles) manipulations génétiques, peut encore protester et rappeler aux dirigeants de l’Europe que c’est pour le bien de cette même population qu’ils sont censés agir...

     

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  • #426971
    Le 5 juin 2013 à 15:55 par tony
    Vers un monde tripolaire ?

    Personnellement, je sens plutôt une nouvelle guerre froide bipolaire réactualisée selon l’axe américano-européen et un autre ruso-chinois. Avec quelques différences par rapport à la précédente :
    - Des acteurs politico-religieux transnationaux venus remplacer les dictateurs devenus intolérables pour justifier les alliances.
    - Des pays émergents forts de plusieurs décennies d’indépendances et plus importants au sein des deux alliances (Inde, Iran, Turquie, Egypte,monarchies pétrolières, ...)
    - Un grand acteur capable de tripolariser ou de faire pencher la balance en faveur d’un des deux pôles, le Brésil !

     

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  • #426996
    Le 5 juin 2013 à 16:48 par Laurent Coq
    Vers un monde tripolaire ?

    Avant même que la CEE ai été signée, des centaines de milliers d’intellectuels, de chercheurs, de banquiers, de politiciens annonçaient déjà sa chute.

     

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  • #427458
    Le 6 juin 2013 à 01:26 par retrac
    Vers un monde tripolaire ?

    Vers un monde tripolaire ? Plus probablement vers un immonde tripe en l’air…. Une simple question de service après ventre… (un des 3 de son de cloche tripolaire : http://www.youtube.com/watch?v=Psip...)
    Du moment que d’après l’éminente députée allemande « Godelieve Quisthoudt-Rowohl » excusez-moi du prononcé, mais Le But triangulaire est clair… et à la place d’imaginer clairement l’avenir trouble des pauvres pékins que l’on est en Europe, grâce aux génies et l’ ensembles de nos Leaders élus pas lu et Lustucru, les deux autres cotés restant (chin put & put chin) à l’étroit ils sont 2 dans cette tripolarité, et unanimement certains que nous sommes TOUS, d’un coté comme de l’autre, de bon aloi : des Gay et des Sots… I don’t équerre, c’est le 1er compas qui compte…. peut être pas contre les triades polarisée du dernier coté.

     

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  • #430088
    Le 8 juin 2013 à 17:05 par anonyme
    Vers un monde tripolaire ?

    toute cette histoire sur la formation d’un conglomérat "blanc" atlantique où l’Europe serait le vassal et les auxilliaires des USA confirme tout à fait l’analyse que fait Fançois Asselineau.
    Une Europe grande puissane on pouvait en rêver seulement du temps du Gal de Gaulle, un Europe qui ne serait si pour les soviets ni por les US et avec un modèle et une politique étrangère propre, mais ça ne s’est pas fait (et en fait ne pouvait pas se faire) maintenant c’est tout à fait trop tard. Et l’absorbtion dans un congloméra ANGLOPHONE, dominé par les usa, et ecrasé par les banques le grand capital et l’impérialisme US serait une catastrophe ! la fin de l’Europe (et de la France) il ne faut surtout pas accepter ça.

     

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