La salle d’audience de la cour du district de La Haye ne devrait pas revivre une telle effervescence de sitôt. Mercredi 24 juin, dans l’enceinte exceptionnellement bondée de ce tribunal, la justice a ordonné à l’Etat néerlandais de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le pays d’au moins 25 % d’ici à 2020 par rapport à 1990, donnant raison à l’ONG de défense de l’environnement Urgenda, à l’origine de cette action en justice. La décision, lue devant des dizaines de plaignants, fait date.
« C’est un jalon dans l’histoire de la législation sur le climat, mesure Wendel Trio, le directeur Europe du collectif Réseau Action climat. C’est la première fois qu’un gouvernement est ordonné de relever ses ambitions climatiques par un tribunal. » « La décision est historique, on franchit un cap dans la construction d’une justice climatique », confirme le spécialiste du droit de l’environnement Laurent Neyret.
« Depuis le début des années 2000, une dizaine d’actions sur le thème du réchauffement climatique ont été intentées en justice aux Etats-Unis, poursuit le juriste français. Aucune d’elles n’a abouti, les juges considérant systématiquement qu’il n’était pas de leur ressort de traiter de ces questions. » Une analyse réfutée par le tribunal de La Haye. Pour les trois juges en charge du dossier, les effets dévastateurs des émissions polluantes ont bien été prouvés scientifiquement, le gouvernement doit donc agir pour protéger ses citoyens : L’Etat doit « faire plus pour contrer le danger imminent causé par le changement climatique, étant donné son devoir de protection de l’environnement ».