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Venezuela, l’intervention illégale

Le Groupe de Lima trahit l’anti-impérialisme

Après avoir violemment critiqué le gouvernement de Nicolás Maduro et demandé une élection présidentielle anticipée, le Groupe de Lima, rassemblant douze États américains, exige qu’il y renonce. Cette volte-face participe de la campagne internationale initiée par les États-Unis contre la République bolivarienne. Il s’agit de faire accroire en une faillite du pays d’Hugo Chávez, en une situation humanitaire catastrophique et, partant de là, de justifier une intervention militaire. Le diplomate panaméen Julio Yao Villalaz réfute cette argumentation.

 

Les États-Unis veulent faire accepter une intervention contre le Venezuela avec la complicité du « Groupe de Lima » qui se compose de 12 pays, soit moins de la moitié des membres de l’OEA (Organisation des États américains) parmi lesquels figure le Panama ; mais c’est une entreprise illégitime et impossible, dans la mesure où cela bafoue scandaleusement la Charte de l’OEA, celle de l’ONU, et le droit international.

La violation du droit international se pratique depuis qu’Hugo Chávez était arrivé au pouvoir au Venezuela, et que les États-Unis ont commencé à perdre là des privilèges et une véritable manne pétrolière.

 

Illégalité d’une intervention au Venezuela au regard de la Charte de l’OEA

L’OEA a perdu de son prestige, mais sa charte consacre bel et bien certains principes du droit international qui rendent impossible une intervention individuelle ou collective de ses membres dans les affaires internes et externes d’autres États ; ce sont, mutatis mutandi, les principes mêmes de la Charte de l’ONU, entre autres :

- 1. Chaque État a le droit de choisir, sans ingérence extérieure, son système politique, économique et social, et le mode d’organisation qui lui convient le mieux. Il a pour devoir de ne pas intervenir dans les affaires des autres États. Sous réserve des dispositions précédentes, les États américains coopèrent largement entre eux, indépendamment de la nature de leurs systèmes politiques, économiques et sociaux (Article 3 e).

- 2. Les différends de caractère international qui surgissent entre deux ou plusieurs États américains doivent être réglés par des moyens pacifiques ; (Art. 3, i).

- 3. Aucun État ou groupe d’États n’a le droit d’intervenir directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre État. Le principe précédent exclut l’emploi, non seulement de la force armée, mais aussi de toute autre forme d’ingérence ou de tendance attentatoire à la personnalité de l’État et aux éléments politiques, économiques et culturels qui la constituent. (Art. 19).

- 4. Aucun État ne peut appliquer ou prendre des mesures coercitives de caractère économique et politique pour forcer la volonté souveraine d’un autre État et obtenir de celui-ci des avantages d’une nature quelconque. (Art. 20).

- 5. Le territoire d’un État est inviolable, il ne peut être l’objet d’occupation militaire ni d’autres mesures de force de la part d’un autre État, directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit et même de manière temporaire. (Art. 21).

- 6. Les États américains s’engagent dans leurs relations internationales à ne pas recourir à l’emploi de la force, si ce n’est dans le cas de légitime défense, conformément aux traités en vigueur, ou dans le cas de l’exécution desdits traités. (Art. 22).

- 7. Aucune des stipulations de la présente Charte ne sera interprétée comme une diminution des droits et obligations des États membres, et ce, conformément à la Charte des Nations unies. (Art. 131).

La charte dite démocratique de l’OEA ne saurait être invoquée contre le Venezuela parce que la « démocratie représentative » qu’elle prétend sacraliser entre en conflit avec l’article 103 de la Charte de l’ONU, qui prévaut sur celle de l’OEA.

« En cas de conflit entre les obligations des Membres des Nations unies en vertu de la présente Charte et leurs obligations en vertu de tout autre accord international, les premières prévaudront. »

La Charte de l’ONU ne mentionne pas la « démocratie représentative » (objectif primordial de la Charte démocratique interaméricaine de l’OEA) en tant que modèle ou système politique obligatoire pour ses membres, parce qu’elle reconnaît qu’il existe de par le monde diverses formes d’organisation politique ou de gouvernement, telles que les républiques et les monarchies (démocratiques ou non, présidentialistes ou parlementaires), les principautés, etc.

Mais la République bolivarienne du Venezuela va bien au-delà des « démocraties représentatives » de la région, car le Venezuela est une démocratie participative, et c’est l’un des pays les plus démocratiques au monde, comme le prouvent son histoire et son expérience actuelle, tels que constatés par l’ONU, par des organismes internationaux des droits humains, par des personnalités et des associations prestigieuses, telle la Fondation Carter, entre autres.

 

Qui sont les membres du « Groupe de Lima » ?

Cependant les États-Unis et leurs satellites du Groupe de Lima persévèrent dans la violation du droit international, et cela malgré le fait qu’ils n’ont même pas obtenu au sein de l’OEA le soutien espéré pour cette aventure impérialiste, car les pays indépendants du bassin caraïbe et d’autres les en ont empêchés ; en effet, presque tous les membres du Groupe de Lima bafouent les normes qui pourraient permettre une gouvernance démocratique élémentaire.

- De quel droit les États-Unis se réclament-ils pour piller le Venezuela, alors que c’est le premier pays à violer la charte de l’ONU et le négateur absolu du droit international ? Les États-Unis constituent le pays qui a rejeté le plus grand nombre de traités relatifs aux droits humains, ou a refusé de les ratifier au plan mondial ; les États-Unis ont le plus grand nombre de condamnations à mort au monde ; le budget de la « Défense » y est plus élevé que celui des six États qui le suivent dans la liste ; c’est le pays qui a le plus de bases militaires au monde, plus de mille ; c’est le pays qui a divisé le monde en 10 zones de commandement militaire, sans autorisation ni consentement d’aucun des pays concernés ; c’est le pays qui accapare la plus grande part des richesses mondiales ; selon la FAO, il suffirait de 1 060 millions de dollars pour en finir avec la faim dans le monde, mais les États-Unis dépensent un milliard de dollars en guerres diverses.

De quel droit cet État voyou refuse-t-il au peuple vénézuélien son droit à l’existence ?

- De quel droit la Colombie est-elle en tête de l’agression contre le Venezuela, alors que sur le plan extérieur, la Colombie est un pays occupé par les États-Unis (qui y ont implanté sept bases militaires) et qui ne jouit donc pas de l’indépendance ? Au plan interne, la Colombie est un narco-État dont un citoyen sur dix est contraint de vivre à l’étranger, suivi en cela par le Brésil et le Pérou ; la Colombie a trahi les Accords de paix signés avec la guérilla, assassine, et permet à des paramilitaires de liquider systématiquement les défenseurs droits des pauvres et des droits de l’homme. La Colombie tolère le harcèlement et l’agression de mouvements politiques qui participent à la politique nationale, comme les FARC.

- De quel droit le Pérou allègue-t-il le manque de démocratie au Venezuela, alors que son président, Pedro Pablo Kuczynski, a failli se voir destitué par le Congrès pour « incapacité morale » à exercer le gouvernement, après avoir reçu des pots-de-vin d’Odebrecht, et avoir amnistié illégalement l’ex-président Alberto Fujimori, qui reconnaît avoir pratiqué le génocide, et tandis que le gouvernement péruvien est assiégé en permanence par des réclamations des travailleurs de la Santé et de l’Éducation ?

- De quel droit l’Argentine remet en question la transparence au Venezuela, alors que le président Mauricio Macri est mouillé jusqu’au cou dans le scandale Odelbrecht et celui des Panama Papers [1] ? Son gouvernement est en butte aux réclamations quotidiennes du peuple, des indiens Mapuches, des retraités et des classes moyennes ; c’est un pays qui stagne, alors qu’il parvenait à remonter la pente du progrès sous le mandat de Cristina Kirchner.

- De quel droit le Brésil offre-t-il son territoire comme tremplin pour une intervention et pour dénoncer la « dictature » au Venezuela, alors que le président non élu Michel Temer est parvenu à son poste grâce à un coup d’État « en douceur » contre la présidente Dilma Roussef, et qu’il est accusé par le Procureur général de l’État de « corruption passive, obstruction à la justice et organisation criminelle », tandis qu’il bloque de façon antidémocratique la candidature de Luis Inacio Lula da Silva à la présidence ?

- De quel droit le Mexique dénonce-t-il au Venezuela une « crise humanitaire » alors que le président Enrique Penia Nieto préside un gouvernement corrompu et qui ne se maintient que grâce au narcotrafic et au crime organisé, un gouvernement qui a livré les richesses du pays aux transnationales des États-Unis et alors que le Mexique possède le record mondial de journalistes assassinés et disparus ?

- Quant au Honduras, de quel droit conteste-t-il la légitimité de l’Assemblée nationale constituante du Venezuela, alors que son « président » inconstitutionnel et non élu mais installé au pouvoir par une fraude de dimensions cosmiques, José O. Hernandez, s’accroche au pouvoir en s’appuyant sur les baïonnettes du SouthCom des États-Unis [2] et fait tirer sans états d’âme sur son propre peuple ?

Lire la suite de l’article sur voltairenet.org

Notes

[1] « Le cabinet Mossak-Fonseca, vu du Panama », par Julio Yao Villalaz, Traduction Maria Poumier, La Estrella de Panamá , Réseau Voltaire, 27 avril 2016.

[2] L’auteur se réfère au commandement régional des forces armées états-uniennes en charge des troupes déployées dans les nombreuses bases militaires US en Amérique du Sud, en Amérique centrale et dans les Caraïbes (Note du Réseau Voltaire).

Comprendre la situation au Venezuela avec Kontre Kulture :

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4 Commentaires

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  • #1912617
    Le 4 mars 2018 à 16:20 par mi
    Venezuela, l’intervention illégale

    Extrait de l’interview de B. guigue.



    Le président vénézuélien Nicolas Maduro est souvent qualifié de dictateur par les autorités américaines. Il est mis au même rang que le leader nord-coréen et le président syrien. Cela vous paraît-il justifié ?

    Cette accusation est grotesque. Comment peut-on qualifier de dictateur un chef d’État élu démocratiquement, qui invite le peuple à élire une Assemblée constituante ? Depuis la première élection de Hugo Chavez en 1998, il y a eu 19 élections au Venezuela ! Ce qui frappe, historiquement, c’est plutôt la patience et la retenue du pouvoir légitime à l’égard des tentatives répétées de coup d’État, de sabotage et de déstabilisation orchestrées par une opposition réactionnaire qui ne pardonne pas au chavisme d’avoir soustrait la rente pétrolière à la bourgeoisie comprador [bourgeoisie autochtone enrichie dans le commerce avec les étrangers] pour la redistribuer aux couches populaires. Venant des États-Unis, cette accusation de dictature ne mériterait qu’un éclat de rire s’il ne s’agissait d’une affaire sérieuse. En Amérique latine, chacun se souvient du rôle joué par Washington dans l’instauration des pires tyrannies qu’a connues le continent !



    https://francais.rt.com/opinions/42...

     

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  • #1912893
    Le 4 mars 2018 à 22:40 par PJ
    Venezuela, l’intervention illégale

    Excellent article.
    Et merci à mi pour l’extrait de l’interview de Bruno Guigue.

     

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  • #1913007
    Le 5 mars 2018 à 08:31 par fanfan
    Venezuela, l’intervention illégale

    Il me semble que la russie est ami avec le venezuela , esperons que Mr Poutine empeche les cons du nord d’intervenir,,,,,

     

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  • #1913457
    Le 5 mars 2018 à 23:23 par Tarik
    Venezuela, l’intervention illégale

    Les évictions (fourmentés par on sait qui) de Kirchner, Roussef et consort ont permis aux USA de placer des laquais bien dociles, donc rien d’étonnant. Certains pays sont relativement neutres (Uruguay) mais en dehors des quelques bastions de résistances restants (Venezuela, Bolivie, Équateur dans une certaine mesure...) ce continent est à vomir. La Colombie est l’exemple parfait du pays qui se soumet à "eux", une carte que j’aime beaucoup et qui en dit long sur ce pays : http://collectif69palestine.free.fr...

     

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