L’interview accordée par Donald Trump au Times et au quotidien allemand Bild n’en finit pas de créer des ondes de choc. Le véritable changement d’époque qui se dessine semble prendre de court les tenants d’une réalité brusquement obsolète.
Interrogé par Ruth Elkrief depuis son QG de campagne, Manuel Valls s’est inquiété d’un rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
« C’est un changement historique », s’est exclamé l’ex-Premier ministre. « Imaginez le monde entre l’Europe – l’ancienne Europe de l’Ouest – et les États-Unis. Une alliance entre Trump et Poutine, c’est la fin du monde », a-t-il déploré, avant d’ajouter que Donald Trump avait fait une « déclaration de guerre à l’Europe ».
Selon Manuel Valls, Donald Trump « propose tout simplement la dislocation de l’Europe, sur les sujets commerciaux, sur les questions migratoires ». « C’est particulièrement grave », a-t-il jugé faisant référence à la mention faite par le prochain président américain d’un éventuel accord de libre-échange avec le Royaume-Uni. Donald Trump s’en est également pris lors d’une interview pour le Times et Bild, à la politique migratoire d’Angela Merkel, conformément à ses déclarations pendant la campagne électorale américaine.
« Un populiste peut vouloir mettre en œuvre son programme »
« Beaucoup pensaient que Donald Trump, après son élection, allait se calmer », constate Manuel Valls, avant de déplorer : « Mais on a oublié qu’un populiste peut vouloir mettre en œuvre son programme ».
Lors de l’interview, le président élu a déclaré qu’il ferait « confiance à Poutine », et affirmé son intention de réévaluer la pertinence des sanctions à l’encontre de la Russie. Une autre constante. « C’est du jamais vu », s’est insurgé Manuel Valls, « l’Amérique du Nord est l’alliée de l’Europe ».
Aussi, la seule réponse à Donald Trump, a estimé l’ex-Premier ministre candidat, « c’est l’unité de l’Europe », rejoignant en cela un de ses rivaux à la primaire de la gauche, Vincent Peillon, lequel préconise « plus d’Europe » et de « mettre les bouchées doubles ».
L’Union européenne lâchée en rase campagne ?
L’inquiétude gagne les dirigeants européens encore en place après le Brexit et le référendum italien qui a coûté sa place à Matteo Renzi. Et l’Union européenne se retrouve seule à porter une politique, notamment en matière de relations internationales, impulsée par Washington. Dans le même temps, malgré les incidents de la fin du mandat de Barack Obama, Vladimir Poutine et Donald Trump ont jeté les bases d’une « détente » entre la Russie et les États-Unis qui n’attend que l’investiture de ce dernier pour débuter.
Le 30 décembre 2016, Vladimir Poutine a décidé de ne pas répondre à l’expulsion de quelque 35 diplomates russes des États-Unis. Une initiative qualifiée de « coup gagnant » par Donald Trump. Autre signe d’un changement géopolitique radical, le prochain secrétaire d’État américain Rex Tillerson a annoncé le 11 janvier 2017 que Washington serait bien avisé de « ne pas considérer [la Russie] comme un adversaire permanent ».