Fini de rire. Les balivernes qu’on nous serine sur l’Union européenne depuis des lustres pour asseoir les mythes de la paix et de la prospérité en Europe se payent comptant.
La paix était possible sans ce montage politique démentiel qui vire au fascisme et qui peine de plus en plus à dissimuler la guerre économique que se livrent ses États-membres. Quant à la prospérité, chacun peut apprécier chaque jour davantage l’échec de cette organisation livrée aux banksters et aux multinationales grâce à la politique économique ultra-libérale dérégulée, présentée comme la seule possible.
Le seul argument des constructeurs de cette Europe, « sans cela, cela aurait été pire », ne tient plus. Une autre Europe est pourtant possible mais les arguments des prix Nobel, économistes, intellectuels, et autres penseurs et praticiens proposant cette voie ne sont pas entendus. Les tenants d’une autre alternative sont qualifiés sans vergogne d’« euros-sceptiques » voire d’« europhobes » par les bien-pensants, avec une arrogance et un mépris grotesques, tant les résultats de « leur Europe » sont catastrophiques. Que la Troïka ait reconnu ses erreurs ne change rien. Désormais, c’est le Marché transatlantique à venir qui devient l’emblème de cette stratégie du chaos savamment organisée.
En attendant des lendemains qui chantent et qui ne sont pas pour demain, bien au contraire, les populations s’enfoncent dans la pauvreté.
Dans un entretien accordé à Russia Today [en anglais], Anita Underlin [photo ci-dessus], directrice de la Croix-Rouge Europe, fait état de la situation de la pauvreté en Europe dont le niveau dans certains pays atteint celui de la Seconde Guerre mondiale.
Selon les dernières statistiques environ 43 millions de personnes souffrent de pauvreté dans l’Union européenne, soit près de 10 % de la population. La distribution d’aliments depuis le dernier recensement intervenu en 2009 a augmenté de 75% pour l’ensemble des 52 pays européens où est présente la Croix-Rouge.
Au Royaume-Uni, pays où le nombre de banquiers ayant dépassé le million d’euros de rémunération atteint des sommets (pas de hasard là-dedans, Michel Husson a démontré le lien entre pauvreté et inégalité de répartition des richesses), la situation vire au cauchemar. Le nombre de personnes ayant recours aux banques alimentaires a triplé depuis 2009 pour atteindre les 350 000 l’année dernière.
Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la Croix-Rouge a dû solliciter des dons de nourriture et Anitta Underlin estime qu’il s’agit de « la plus grande campagne de distribution alimentaire depuis la Seconde Guerre mondiale ».
D’autres pays ne sont en reste. La crise est particulièrement dure en Italie, en Grèce et en Espagne, où la Croix-Rouge espagnole soutient 1,2 millions de personnes en alimentation alors que selon Eurostat, l’organisme de statistiques aux ordres, ces pays ne seraient pas à risque.
La Roumanie, la Bulgarie et la Croatie, dont il est certain que la récente entrée dans l’UE ne les tirera pas d’affaire, sont au plus haut risque de pauvreté extrême. Non seulement la pauvreté s’accroît, mais qui plus est, les gouvernements sont incapables de porter assistance tant les budgets publics ont été réduits.
Dans les pays de l’est, la paupérisation de la classe moyenne est devenue inquiétante. La classe moyenne, qui représentait 20 % de la population en 2009, n’en représente plus que 10 %.
L’Union européenne s’est fixé comme objectif de ramener à 20 millions le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d’ici 2020. La situation ne serait pas aussi dramatique, on en rirait d’avance.