C’était la modestie même. De tous ses films, Édouard Molinaro , décédé le 7 décembre à l’âge de 85 ans, n’aimait que l’un de ses tout premiers : La Mort de Belle, d’après Georges Simenon, tourné en 1961, avec Jean Dessailly et Alexandra Stewart. Œuvre étrange, poétique, délicate. Bide total, difficilement visible, aujourd’hui…
À cette époque – la fin des années 50 – il ose, il invente… Avant Louis Malle et Ascenseur pour l’échafaud, où Miles Davis joue un rôle musical si important, il demande à Art Blakey et ses Jazz Messengers de meubler le générique de Des femmes disparaissent (1958). Et quand l’échec de La Mort de Belle le pousse à réaliser un polar, il fait des Ennemis (récemment édité par SNC Les Classiques français) un bijou fantaisiste où même Roger Hanin est irrésistible : c’est dire ! La encore, le jazz est primordial : cette fois, c’est Martial Solal qui est aux commandes…
Du rythme, du rythme, du rythme… Les comédies qu’il tourne dans les années 60 filent à toute allure, avec un montage sec, elliptique qui élimine l’ennui : Arsène Lupin contre Arsène Lupin (Jean-Claude Brialy, Jean-Pierre Cassel, Françoise Dorléac), Une ravissante idiote (Brigitte Bardot et Anthony Perkins). Et surtout La Chasse à l’homme (1965), petit joyau où le clan des mecs (Belmondo, Brialy, Claude Rich), opposé a celui des nanas (Dorléac, encore, Marie Laforêt et une quasi débutante nommée Catherine Deneuve, dont on découvre la vraie voix après l’avoir entendue, doublée, dans Les Parapluies de Cherbourg) se livre à une guerre des sexes féroce, arbitrée par les répliques de Michel Audiard.
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Extrait d’Une ravissante idiote (1964) avec Brigitte Bardot et Anthony Perkins :
Édouard Molinaro revient sur sa carrière (2012) :
Voir aussi, sur E&R : « Décès du réalisateur et scénariste Georges Lautner »