Eva Fahidi est de ces rescapés d’Auschwitz qui témoignent, écrivent, transmettent, inlassablement. Au soir de sa vie, cette Hongroise de 90 ans monte également sur scène pour danser, "parce qu’il n’est jamais trop tard".
« Au début, je ne sentais que mes limites, tout ce que je n’arrivais pas à faire », raconte la fine nonagénaire dans une salle de Budapest, où elle a répété son duo avec la danseuse Emese Cuhorka, d’un demi-siècle plus jeune qu’elle.
« Puis lentement, j’ai appris à m’échauffer, c’est fantastique de sentir de nouvelles envies dans mon vieux corps », confie Eva en s’étirant sur le sol du studio.
La vieille dame n’a plus de limites : le spectacle d’une heure et demie proposé par les deux femmes, mêlant danse et dialogue, part dimanche pour trois représentations en Allemagne à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, qui est commémorée le 27 janvier, jour de la libération du camp d’Auschwitz en 1945.
La pièce s’est déjà jouée huit fois à guichets fermés au prestigieux théâtre Vigszinhaz de Budapest depuis sa première au mois d’octobre.
Émus aux larmes
La liberté d’Eva Fahidi sur scène, c’est sa victoire sur ces mois passés dans le camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. Elle avait 18 ans.
« D’un simple geste du doigt, Josef Mengele (le médecin du camp, ndlr) décidait de notre vie ou de notre mort. Vers la droite, c’était le travail forcé, vers la gauche, c’était les chambres à gaz. On m’a dirigée à droite », raconte la rescapée.