Une espèce humaine inconnue, aujourd’hui éteinte, a-t-elle vécu autrefois en Asie de l’ouest, dans la région de la Chine et de Taïwan ? C’est en tout cas l’hypothèse qui pourrait être formulée suite à la découverte d’une étrange mâchoire préhistorique, repêchée près de Taïwan.
C’est une découverte pour le moins troublante qui a été effectuée par un pêcheur opérant près des côtes des Iles Penghu, situées entre la Chine et Taïwan. Et pour cause, puisque ce dernier a remonté dans ses filets une mâchoire préhistorique appartenant vraisemblablement à un groupe primitif du genre Homo, dont l’espèce s’avère pour l’instant non identifiée.
Depuis baptisé Penghu 1 par les paléoanthropologues qui l’ont analysé, ce fossile a d’abord été vendu par le pêcheur à un antiquaire, lequel l’a alors donné aux scientifiques du Musée national des sciences naturelles de Taïwan. Les analyses de cette mystérieuse mâchoire ont alors débuté, lesquelles font l’objet d’une publication le 27 janvier 2015 dans la revue Nature, sous le titre "The first archaic Homo from Taiwan".
Que disent les analyses réalisées sur cet étrange fossile ? Concernant sa datation tout d’abord, les analyses révèlent qu’il serait âgé de 190 000 ans... à 10 000 ans. Soit une fourchette étonamment large, qui s’explique par le fait que la mâchoire n’a pas pu être datée au carbone 14, mais simplement via l’analyse d’éléments trace comme le sodium.
Toutefois, même si la fourchette de temps est extrêmement large, elle est malgré tout surprenante. En effet, la mâchoire et les dents de ce fossile sont étonnament robustes pour cette période, au cours duquel les Homo présentaient déjà des mâchoires et des dents beaucoup plus fines.
Et ces différences ne s’arrêtent pas là. Car lorsque ce fossile est comparé aux autres fossiles Homo découverts précédemment en Chine, comme ceux des Homo erectus découverts à Java, en Indonésie et en Chine, il apparaît clairement que ce fossile de mâchoire est à part.
Dès lors, qu’en déduire ? S’agit-il là d’une nouvelle espèce du genre Homo ? Pour l’instant, les auteurs de l’étude publiée dans Nature se contentent de mentionner que ce fossile est issu d’un groupe disctinct humain archaïque, expliquant qu’ils n’ont pas assez d’éléments à ce jour pour juger s’il s’agit ou non d’une nouvelle espèce humaine.
Pour établir si cette mâchoire appartient bel et bien à une nouvelle espèce d’Homo, d’autres ossements de ce type devront être découverts : "Nous avons besoin d’avoir d’autres éléments du squelette pour évaluer son degré d’unicité", a expliqué le paléoanthropologue Yousuke Kaifu (Museum National de la Nature et de la Science de Tokyo, Japon) au site anglophone LiveScience. "La question de l’espèce pourra être effectivement alors discutée après cette première étape".
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle découverte suggère que plusieurs groupes distincts d’humains archaïques évoluaient en Asie au même moment, certains étant plus primitifs que d’autres : "Puis les hommes modernes se sont dispersé dans cette région autour de 50 000 à 40 000 ans, et ont rencontré divers autres groupes d’Homo", continue Yousuke Kaifu. "C’est une histoire très différente, complexe et excitante, en comparaison de ce que nous avons appris à l’école".
Ces travaux ont été publiés le 27 janvier 2015 dans la revue Nature, sous le titre "The first archaic Homo from Taiwan".