Stéphane Blet, entretiens posthumes, recueillis par Alimuddin Usmani, Kontre Kulture, mars 2022, 120 pages. Une recension par Francis Bergeron pour le quotidien Présent.
Longtemps la notoriété de Stéphane Blet n’a pas dépassé le monde des grands pianistes. Cet artiste avait composé plusieurs centaines d’œuvres et reçu de nombreux prix. Le 7 janvier dernier, il disparaissait dans des conditions mystérieuses, à l’âge de 52 ans. Pour avoir tenu des propos antimaçonniques (il avait appartenu un temps à une loge) et entretenu des liens avec l’intellectuel Alain Soral, liens devenus publics en 2017, le pianiste avait été mis au ban du monde musical. Littéralement persécuté, il avait fini par s’exiler en Turquie. C’est ce destin terrible – et surtout très injuste et stupide à l’égard d’un artiste d’un tel talent – qui explique que la chute d’un balcon qui lui a coûté la vie soit attribuée à un suicide, voire à un assassinat.
L’entretien posthume publié par Kontre Kulture, une maison réputée proche de Soral, est très intéressant. La première partie est consacrée précisément à son expérience de maçon, aux circonstances de son départ, aux dangers de cette secte. Il évoque ensuite le satanisme, car on sait qu’il s’intéressa beaucoup à l’ésotérisme. Il nous parle de la Turquie, de la musique, bien entendu, de la politique française, de ses amitiés, par exemple avec Natacha Polony, Bruno Gollnisch ou Dieudonné, mais aussi Pierre Bergé.
Tout cela forme une longue conversation plaisante à lire et même souvent passionnante. On ne le suivra pas dans toutes ses obsessions, mais à l’évidence Stéphane Blet était un homme cultivé, éclectique, dont le regard sur le monde n’était pas banal, c’est le moins que l’on puisse dire !
* * *
Stéphane Blet, entretiens posthumes – Propos recueillis par Alimuddin Usmani
l’ouvrage est disponible chez Kontre Kulture