Ces images difficilement soutenables pour tout être humain (prosioniste) qui se respecte ont fait le tour de la Terre. Et c’est amplement justifié : un pauvre juif coiffé d’une kippa s’y fait rosser à coups de ceinturon dans la ville de Berlin, cette même ville qui fêtait encore l’élection du monstre démoniaque Adolf Hitler il y a 85 ans.
En vérité il s’agissait d’un Arabe israélien qui voulait savoir ce que ça fait de se balader en kippa à Berlin en 2018. Il est tombé sur un migrant ou un islamiste – on ne sait pas trop – qui, en voyant la kippa, a vu rouge. Quelques coups de ceinturon ont donc ravivé la flamme de la douleur juive en Germanie. Voilà pour les faits.
Les explications du non-juif qui a voulu tester l’antisémitisme féroce des Allemands mais qui tombera sur un islamiste (pas de bol ou alors la manip est parfaite) :
UPDATE : The young man attacked in Berlin is not Jewish - he is Israeli of Arab descent, he said in a DW exclusive interview.
He said he was using the kippa to show "how terrible it is these days as a Jew, to walk the streets of Berlin." pic.twitter.com/1EcQa3rnAJ
— dwnews (@dwnews) 18 avril 2018
« Vous ne croyez pas à ces histoires de Juifs attaqués parce qu’ils sont juifs ? Mettez une kippa comme l’a fait cet Arabe israélien et osez marcher dans les rues des villes d’Europe » (@MargieInTelAviv)
Un fait n’est rien sans son contexte, nous apprend le plus bête des profs d’une école de journalisme. Et le contexte, c’est le tam-tam mondial de la presse « occidentale » qui transforme le moindre croche-dalle urbain en holocauste de trottoir. C’est moyennement exagéré, mais ça sert la cause sioniste. Le second contexte, c’est la fête, pardon, l’anniversaire, des 75 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie.
On vous la fait courte : 1939, les Allemands envahissent la Pologne dans une guerre éclair. L’armée polonaise est écrasée. Les juifs sont confinés dans les grandes villes puis déportés dans des camps. Le ghetto de Varsovie, avec près de 500 000 âmes, est le plus grand d’entre eux. Derrière, il y a le ghetto de Lodz avec 200 000 habitants qui arrivera à survivre pendant près de cinq ans en bossant à mort pour l’armée allemande. Enfin, il restera moins de 10 000 juifs à Lodz à la libération.
Devant les massacres allemands en Pologne, et le destin funeste des juifs dans les camps, le ghetto se soulève en avril 1943. Ils sont 30 000 environ à ne pas avoir été déportés, ils ont acheté des armes (de mauvaise qualité) à la résistance polonaise, qui n’aime globalement pas trop les juifs, nationalisme oblige. Les Allemands, croyant entrer dans du beurre, se font recevoir à coups de mitraillette, de cocktails Molotov et de grenades jetées des immeubles le 19 avril.
- Jürg est au centre devant ses officiers et sapeurs
Bon, on connaît les Allemands, ils ont un très vague sens de l’humour, et ils envoient surtout le général SS Jürgen Stroop nettoyer le ghetto avec ses hommes, après une première tentative foireuse par Sammern-Frankenegg que l’Histoire a oublié. La méthode Stroop sera d’ailleurs étudiée par les officiers supérieurs israéliens lors de la précédente guerre contre Gaza durant l’été 2014.
Retour à 2018 et à l’Allemagne : toute la presse mondialiste saute sur l’occasion fournie par le coup du ceinturon pour relancer la résistance au nazisme. C’est plus facile aujourd’hui, il y a moins de panzers à se prendre sur la courge. Hélas, le vieil antisémitisme n’est pas très virulent, alors la même presse aux ordres focalise, comme en France, sur le « nouvel » antisémitisme : celui des musulmans.
« L’Allemagne vient de décerner son plus grand prix musical à Kollegah & Farid Bang, dont les paroles des chansons sont ouvertement antisémitiques – par exemple ils comparent le côté sexy et la force de leurs corps aux prisonniers d’Auschwitz. Ils sont apparemment très populaires en Allemagne » (@PepperGii)
Farid et Kollegah, après leur prix dans la catégorie hip-hop, ont dû s’expliquer (en allemand non sous-titré) sur les paroles controversées d’une chanson vantant leurs « muscles » par rapport aux « crevards d’Auschwitz » et leur revisite de l’holocauste à coups de « cocktails Molotov » :
Farid a dû en outre écrire une lettre dans laquelle il présente ses excuses à un survivant de 93 ans.
Les Allemands ont donc droit à la sempiternelle croissance statistique des actes dits antisémites, au nombre de 600 en 2017 (il y en a quand même moins que dans les années 30). Commentaire du rabbin américain Schmuley :
« Dégoûtant, dérangeant. L’Allemagne ferait mieux de faire quelque chose, les Juifs doivent se sentir en sécurité en Allemagne »
Jamais en reste d’une sortie antinazie, la chancelière Merkel a réagi à la manière d’un Valls ou d’un Macron :
« C’est bien sûr un incident terrible et nous allons réagir... Ce combat contre de tels actes antisémites doit être gagné, il en va de la réputation de notre État, et nous nous engageons de toutes nos forces. »
C’est sûr que l’antisémitisme est la priorité numéro un du peuple allemand. Tout ça pour un coup de ceinturon. On espère que le « jeune Arabe » fouetteur ne travaille pas pour les services allemands, qui nous ont habitués à toutes les manips et à toutes les infiltrations, notamment dans la mouvance néonazie !
- On a essayé de trouver la photo la moins tarte de Katarina
Dans la catégorie des surréactions politiques à la con, il y a celle de Katarina Barley, ministre des Affaires étrangères :
« C’est une honte pour notre pays. L’antisémitisme ne doit plus jamais avoir sa place chez nous. Il faut tout faire pour protéger la vie juive en Allemagne. »
Katarina en bonne place pour les Quenelles 2018 ! Pour en revenir un peu au sérieux, de l’autre côté de la frontière se jouait donc l’hommage aux combattants juifs du ghetto de 1943. Un show qui résonne fort au moment où Israël et la Pologne se chiffonnent sur l’antisémitisme et le nationalisme. Les Polonais en ont marre qu’on les prenne pour des assassins de juifs, alors que ce sont les nazis qui ont fait le boulot.
L’affaire est d’importance, il s’agit de la crédibilité de l’image victimaire d’Israël pour les 1 000 ans à venir, ça compte dans le concert des nations et ça permet de s’affranchir du droit international en cas de colonisation ou d’agression militaire. C’est pourquoi un des gros capos du sionisme international, Ronald Lauder, président du Congrès juif mondial, s’est déplacé en Pologne pour l’occasion.
- Attention : le président du Congrès juif mondial n’est pas en train de brûler sur cette photo, c’est juste une flamme au premier plan
Hélas, Ronnie a dû avaler les paroles pas très meaculpistes du président polonais, Andrzej Duda :
« C’est pourquoi je suis convaincu que si quelqu’un parle de responsabilité ou de coresponsabilité de l’État polonais pour l’Holocauste, cela blesse non seulement les Polonais, mais aussi les Juifs citoyens polonais, et la mémoire de ceux qui sont tombés sous les drapeaux polonais et juif. »
Il y a des pays qui en ont marre de se faire traiter d’antisémites et de passer à la caisse, on dirait. Ronnie a bien essayé d’enfoncer les Polonais mais avec un peu de vaseline :
« Dans toute l’Europe et ici, en Pologne, il y a eu des personnes d’origine non-juive qui ont risqué leur vie pour sauver des familles juives, et il y a eu aussi, dans toute l’Europe et ici en Pologne, celles qui ont escroqué des familles juives, les ont trahies et se sont emparées de leurs biens »
Bon, on a compris, il va falloir rendre les biens. Cependant, loin de ces récupérations politiques d’un côté ou de l’autre, les survivants du ghetto se sont tenus à l’écart de la cérémonie. À l’image de Marek Edelman, un des chefs de l’insurrection (décédé en 2009), qui était hostile au sionisme. Pour lui, Israël était une mauvaise idée : il ne voulait pas y vivre.
- Aquarelle d’Hitler datant de 1914 et représentant une vieille cour à Munich
Comme par une ironie de l’Histoire, c’est aujourd’hui le 20 avril la date de naissance d’Adolf Hitler, l’Autrichien élu démocratiquement chancelier en Allemagne en 1933.
Petit brigadier dans la Grande Guerre, peintre dans la Vienne de l’avant-guerre, Hitler bouleversera la donne mondiale. Il est l’exemple frappant de l’homme politique venu d’en bas et choisi par le bas, ce qui est quasi impossible aujourd’hui. Les dirigeants actuels sont tous issus de l’oligarchie ou soigneusement choisis par elle. Macron en est l’exemple typique.
Banquier d’affaires chez Rothschild, pouponné par le conseiller des princes Jacques Attali, roulant pour la Banque et le Capital, c’est un anti-Hitler. C’est-à-dire qu’il ne tue personne, mais il fout tout le monde ou presque au chômage. On espère qu’on n’a pas le choix qu’entre ces deux tendances. Autrement dit, la France peut-elle se doter d’un dirigeant populiste jouant le Travail contre le Capital ?