L’indépendance de l’Union européenne, Jean Monnet, tout ça est suffisamment connu désormais pour ne plus avoir à faire trop semblant. Et puis les États-Unis sont nos amis pour la vie, ils nous ont donné la culture du loisir alors qu’avant on trimait comme des forçats (fallait-il être bêtes !), et ils nous protègent des méchants Russes depuis longtemps et bientôt aussi des Chinois. Donc on peut avoir confiance. L’oncle Sam, même incarné par un Biden aux mains baladeuses, c’est la famille. Alors où est le problème ?

Eh oui, où ? Puisqu’on n’a pas encore dit de quoi qu’on est en train causé. Le truc, c’est qu’une Américaine est nommée à la direction générale de la concurrence de la Commission européenne. Quatre cent cinquante millions d’habitants avec un niveau de formation élevée, et on n’a pas été fichus de trouver quelqu’un de chez nous ?

Au moins Jaresko, Natalie de son petit nom, elle est devenue ministre des Finances de l’Ukraine alors qu’elle était américaine, mais le jour de l’obtention de sa nationalité ukrainienne, en 2014. Elle avait des ancêtres de ce côté de l’Europe, quand même. Bon, vu la tête de Fiona Scott Morton, l’économiste qui va s’installer à Bruxelles, elle a aussi des ancêtres européens. Du coup, on s’assoit sur les règles. La personne nommée à un tel poste doit avoir un passeport européen. Mais on peut avoir une dérogation quand on travaille pour l’UE dans un bureau de la Commission à l’étranger. Là, Fiona a eu une grosse dérogation.

Alors, c’est qui la petite dame ? Une économiste de 56 ans, prof d’éco à Yale, ce qui fait assurément bonne impression sur un CV, qui a été la responsable antitrust de l’administration Obama en 2011-2012, ce qui en rajoute une couche dans le cliquant (Obama en plus, vous pensez…). Avec elle, la concurrence de l’Union européenne est assurée. Elle va batailler pour nous.

Hein ?! Des trucs sous le tapis ? Oh… C’est juste qu’elle arrive au moment où l’UE s’échine à mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles sur le Net et dans le numérique. On pense immanquablement aux Gafam. Sauf que Fiona, c’est aussi une grosse lobbyiste des Gafam, qu’elle a conseillés et défendus outre-Atlantique. Pas de quoi s’affoler, voyons : Fiona se mettra en retrait des dossiers concernant ses anciens employeurs.

Alors, elle est pas belle la vie ? Comment elle disait, la Victoria Nuland ? Ah oui : « Fuck the EU ! »