Un trafic de bébés roms, portant pour l’instant sur trois nourrissons dont le prix se négociait à 10 000 euros chacun, a été mis au jour durant l’été dans le sud de la France, une affaire qualifiée d’"exeptionnelle" vendredi par les enquêteurs.
Carmen, une femme appartenant à une communauté de gens du voyage, a été mise en examen pour avoir adopté illégalement un bébé. Elle avait acquis l’enfant en échange de 8 000€ et d’une voiture d’occasion, une BMW. C’est un groupe de Roms qui est à l’origine de la macabre transaction. "Ils sont venus dans votre camp et vous ont dit Si vous voulez un enfant, on peut vous aider", demande une journaliste française à Carmen. "Oui, répond la femme. Ils m’ont proposé et j’ai dit oui".
Deux ventes ont été effectuées à Marseille et à Ajaccio en Corse à des membres de la communauté des gens du voyage qui ne pouvaient pas avoir d’enfants, avaient indiqué des sources judiciaires vendredi. Une troisième a échoué à Marseille, où une information judiciaire pour "traite d’êtres humains" a été ouverte le 1er août. Un des responsables de la police judiciaire de Marseille a qualifié vendredi l’affaire "d’exceptionnelle", "car il y a peu de procédures de cette nature au plan national".
Jusqu’à 10 ans de prison
Dans les trois cas, la justice soupçonne le compagnon d’une des mères concernées, et le frère de celle-ci. Ce compagnon est également le père du bébé né le 21 juillet vendu à Marseille, pour 8 000 euros et une BMW, a indiqué le procureur de Marseille Brice Robin lors d’une conférence de presse. Les deux hommes ont été arrêtés en Corse. Ils risquent une condamnation allant jusqu’à 10 ans de prison.
Une autre affaire en 2007
Une autre vente a eu lieu en mai à Ajaccio, où le parquet a ouvert une information judiciaire. La police a fait échouer une autre tentative similaire à Marseille, alors que la mère était encore enceinte. Onze personnes avaient été condamnées en 2007 à de la prison ferme pour la vente de 23 nourrissons dont les mères bulgares avaient été acheminées en France.