C’est le journal 20 Minutes qui a lancé l’attaque antisémite d’envergure mondiale sur le philosophe de confession sioniste. Une attaque d’une violence extrême qui devrait voir toute la presse aux ordres des officines anti-antisémites défendre l’innocent homme de paix, celui qui a tant fait pour la réconciliation entre les nations, surtout la France et la Libye.
L’ironie s’arrêtera là. BHL était à New York, une ville qu’il adore, internationale et cosmopolite, pour y jouer sa nouvelle pièce Off Broadway, Looking for Europe, un jour avant les élections de mi-mandat, histoire de faire basculer le peuple américain dans le camp anti-Trump.
Et à NY, c’est le bien-nommé New Yorker qui fait la loi en matière artistique. Le New Yorker est le journal des élites culturelles, avec à chaque fois un dessin magnifique en une.
Les plus grands graphistes ou humoristes y ont laissé leur patte. Le dessinateur français Sempé y a atteint la consécration. Son trait fragile – augmenté de couleurs pastel – incarnant les petites misères humaines qui contrastaient avec la violence et l’absurdité du monde moderne ont ravi les Américains. Sempé a dégonflé la vanité délirante des tout petits hommes qui se prennent pour des dieux ou des penseurs...
BHL obtient donc, on imagine par réseau, une interview dans le New Yorker, interview censée lancer sa pièce et remplir la salle. On a lu cet entretien, farci de ses tartes à la crème (humour) habituelles : Charlie, génie du judaïsme, lutte contre antisémitisme, Shoah, Roth (l’écrivain aussi mauvais que juif), Duke, Trump, les mass shootings, son combat pour la paix, la liberté et la démocratie des peuples qui finit pourtant immanquablement en affreux massacres. Le battement d’ailes du papillon, n’est-ce pas...
Le magazine branché de gauche nous délivre le pitch de la pièce : c’est l’histoire d’un écrivain français (on va pas spoiler son nom) qui prépare un discours pour une conférence de Démocrates américains à Sarajevo. La conférence parle de l’Europe, de sa décomposition, de son agonie, et de son futur. C’est BHL qui incarne l’écrivain – étonnant non ? – et on suit son processus créatif pendant 1h45 dans sa chambre d’hôtel. Unité de temps, de lieu et d’action respectée. Le drame c’est que ce penseur profond est régulièrement parasité par des bruits, des appels, des mails et la sonnerie constante du téléphone. C’est le problème numéro un des stars : leurs fans ne les laissent jamais tranquilles. La rançon du génie, quoi.
Sympa, le New Yorker présente BHL comme une « rock-star de la philo ».
En vérité sa création « nouvelle » est une resucée de Hôtel Europe, pièce précédente qui avait floppé en 2014 et qui avait été retirée très rapidement faute d’entrées. Cela n’a pas empêché BHL de s’autoplagier et de la rejouer pour sa première lundi 5 novembre 2018 au soir. Afin d’éviter les désagréments d’une humiliation américaine, pays qu’il place très au-dessus de la France mais quand même en dessous d’Israël, BHL s’est permis de tweeter quelques extraits de son ITW dans le canard de gauche. Et c’est là où sa vanité l’a encore fait déraper : il a inventé une phrase dithyrambique du canard à son égard.
« Pour le New Yorker, Looking for Europe est un "coup de théâtre". Mais aussi "un rayon de lumière". » Or ce sont ses propres propos à la fin de l’interview. Il a dû balancer ça en pensant qu’il pourrait citer le journal ensuite en toute impunité...
Un tweet que l’artiste a aussitôt effacé dès que des petits malins anti-BHL primaires ont été, expérience oblige, vérifier ses dires. Heureusement, les mêmes petits malins ont conservé des traces de la forfanterie. It is his quoted (on a corrigé), « C’est sa propre citation », accuse ce twitternaute :
Wrong. The @NewYorker doesn't say that the play is a "coup de théâtre" or "a ray of light". It is is quoted. You, @BHL, says that.
— Sami Laroui (@UncleeSam) 4 novembre 2018
S’il y a un panthéon des clowns, il sera pour BHL, et pour BHL tout seul. Et le pire pour un clown, c’est de ne pas avoir de public, vivant ou mort.
Les amateurs de sérieux iront puiser dans le gros dossier anti-BHL datant de 2008 du Monde diplomatique, mensuel que le philosophe menteur hait depuis ce temps. C’est bien la haine qui permet de mentir autant.