Un commandant de police a été mis en examen à Marseille pour violation du secret professionnel, notamment dans le cadre de relations franc-maçonnes, a-t-on appris vendredi auprès du parquet, une affaire qui pourrait illustrer les liens unissant maçonnerie et police.
Présenté jeudi après-midi au juge d’instruction Christophe Perruaux, l’homme, âgé de 56 ans, qui fait partie de l’état-major de la direction départementale de la Sécurité publique (DDSP) des Bouches-du-Rhône, a été placé "sous contrôle judiciaire" avec interdiction d’exercer ses fonctions, a précisé à l’AFP le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest.
Cette "figure de la police marseillaise", "appréciée" par sa hiérarchie, est également poursuivie pour "détournement de finalité de données issues d’un fichier informatique".
"On lui reproche une divulgation d’informations liées à son activité professionnelle, notamment dans le cadre de relations franc-maçonnes", a priori sans contrepartie financière, a expliqué M. Dallest.
Selon une source proche de l’enquête, il est accusé d’avoir consulté le Système de traitement des infractions constatées (Stic) pour un ami maçon qui aurait ensuite informé, à son insu, le milieu. Le Stic est un fichier qui regroupe les informations relatives aux auteurs d’infractions et aux victimes.
Le policier avait été placé en garde à vue mercredi matin, au lendemain de la prise de fonction officielle du nouveau préfet délégué à la sécurité et la défense, le troisième en deux ans, Alain Gardère, après une série de médiatiques faits divers estivaux.
En juillet 2010, une série d’arrestations avait eu lieu au sein de la DDSP du département, sur des soupçons de fuites d’informations en direction du milieu. A la même époque, un enquêteur du service régional de police judiciaire (SRPJ) de Marseille avait été mis en examen pour le même motif.
L’affaire du commandant de police semble se placer sur un autre registre, témoignant du nombre élevé de francs-maçons dans la police, comme l’ont mis en évidence par le passé des enquêtes de presse, même s’il est difficile de l’évaluer précisément.
"Les estimations les plus objectives font état d’un commissaire sur dix", indique François Koch, auteur du livre "Le vrai pouvoir des franc-maçons" qui vient d’être réédité en poche.
"La police est l’un des corps régaliens les plus maçonniques parce que c’est un corps particulièrement attaché aux valeurs de la République et c’est un point commun avec les obédiences maçonniques", notamment le Grand Orient de France, souligne-t-il, tout en appelant à la prudence sur un domaine alimentant de nombreuses "fausses rumeurs".
Des rumeurs confortées par plusieurs affaires, notamment dans la région niçoise qui a été de ce fait présentée comme un haut-lieu de la franc-maçonnerie.
En novembre 2000, Alain Bartoli, un fonctionnaire de la Police aux frontières (Paf) de Nice, dignitaire de la Grande loge nationale française (GLNF), avait été mis en examen pour avoir consulté illégalement, à près de 600 reprises, le fichier Stic au profit de certains membres de sa loge ainsi qu’à des fins personnelles.
L’affaire avait éclaté peu après la prise de fonction, en 1999, du procureur de la République Eric de Montgolfier, qui avait dénoncé "l’emprise des réseaux d’influence maçonnique entravant le cours de la justice à Nice". Dans sa ligne de mire, le juge Jean-Paul Renard, soupçonné d’avoir utilisé les fichiers pour renseigner sa loge maçonnique, qui avait été mis à la retraite d’office en 2004.