Il a suffi d’une grève générale pour que le pouvoir français flanche et accorde un bon milliard (1 085 000 000 euros) à « l’île guyanaise » selon notre grand géographe national Emmanuel Macron.
Après avoir attendu le ministre de l’Outre-Mer, ou des Outre-Mer, la population en colère a reçu Ericka Bareigts et le Premier ministre Mathias Fekl. Une grève générale motivée par une forte insécurité et un chômage endémique. La combinaison classique entre l’insécurité sociale et physique.
Au niveau judiciaire, le ministre a confirmé la construction d’un tribunal de grande instance et d’une prison à Saint-Laurent du Maroni, chiffrée respectivement à 30 et 50 millions d’euros. Il a également annoncé la mise en place de discussions diplomatiques avec les voisins de la Guyane pour mettre un terme à la délinquance venant de ces pays.
Le territoire attire effectivement toutes sortes de clandestins, grâce aux business plus ou moins honnêtes que permet cet espace grand comme un sixième de la France. Les autorités locales ne peuvent pas tout contrôler, et Paris est loin. Pour l’urgence, le gouvernement lâche donc du lest financier, mais aussi des effectifs, soit 50 membres des forces de l’ordre, gendarmes et policiers confondus. En réalité, le complexe industriel de Kourou, d’où partent les fusées Ariane, est plus sécurisé que les 250 000 habitants eux-mêmes. La Guyane ne produisant rien, à part du bois. Mais l’intérêt de ce territoire, hormis sa situation pour le lanceur spatial, réside dans son incroyable biodiversité.
Par rapport à la grande forêt amazonienne du Brésil, la guyanaise est relativement intouchée. L’exportation de bois étant trop complexe à cause du coût du transport vers le continent européen, c’est sur place que les gens coupent des arbres pour la revente locale, le défrichage pour des terres agricoles, ou le bois de chauffe. Exactement le syndrome qui a mis Madagascar à genoux, et qui a quasiment détruit sa richesse naturelle. Heureusement, la Guyane ne commet pas cette erreur, la coupe respecte certaines règles, et des scientifiques peuvent encore y découvrir des milliers d’espèces d’insectes, mais aussi de plantes médicinales ou de molécules à destination de l’industrie pharmacologique.
Ce développement et cette exploitation durables qui respectent la forêt, c’est ça la chance de la Guyane. Mais tout le monde n’est pas formé à cet art, et à ces techniques modernes. Par exemple, la culture des cacaoiers ne se fait pas en un jour, et beaucoup de cultures ont été abandonnées. C’est donc dans le secteur de l’éducation que l’effort doit être porté, et il a fallu cette grève paralysante pour que l’État lâche 400 millions : la Guyane manque d’écoles, de profs et de matériel scolaire. Le syndrome africain en France, en quelque sorte.
- L’autorité française...
Malgré la pluie d’argent, les forces syndicales ou associatives locales ne sont pas satisfaites. Réaction d’un leader des « 500 frères », d’un membre du mouvement « Trop violàns », et enfin de la présidente de l’UGTR (les transporteurs routiers) :
« Le premier sentiment est qu’on n’a pas été écouté. Beaucoup de choses étaient en réalité déjà actées. Sur les grandes annonces que l’on attendait, cité judiciaire, création de commissariats, surveillance 24 heures sur 24 des fleuves, il n’y a rien. »
« La question du désenclavement des territoires est totalement absente. Nous attendions des mesures concrètes, nous ne les avons pas entendues. Concernant la sécurité, les réponses ne sont pas satisfaisantes. »
« Les réponses apportées sont loin d’être satisfaisantes. Nous voulons maintenant des séances de travail par atelier pour étudier les points bloquants, dont nous avons fait la liste. »
Pourquoi ne pas en profiter, en effet, pour faire monter les enchères face à un pouvoir qui a montré pendant 5 longues années un manque criant d’autorité...