Le général français Dominique Delawarde a affirmé, dans une tribune publiée dans un média français, qu’il ne croit pas à la « spontanéité de tous les événements qui agitent aujourd’hui la rue algérienne ».
« Aucun des deux grands camps qui s’opposent aujourd’hui dans le monde ne peut être indifférent à ce qui se passe en Algérie. L’ingérence étrangère y est donc plus que probable. Le contraire serait surprenant », écrit cet ancien patron du renseignement électronique français.
« Ceux qui s’ingèrent sont ceux qui y ont un intérêt et qui en ont les moyens. Ils s’appuient très habilement sur la triple opportunité qui leur est offerte : l’usure du pouvoir en place et de son chef, l’indéniable crise économique et sociale imputée à la gouvernance Bouteflika et l’échéance électorale prévue par la Constitution », souligne le général Delawarde, en expliquant qu’« ils s’appuient aussi sur les moyens techniques – les réseaux sociaux – et les moyens financiers et humains dont ils disposent ».
Le général Delawarde, qui était en charge de la cyberguerre à l’État-major interarmées de planification opérationnelle, affirme avoir « beaucoup travaillé sur le dossier algérien » lorsqu’il était en fonction et avoir continué « de le suivre depuis ». Pour lui, la réponse aux événements politiques actuels « se trouve dans un contexte géopolitique qui dépasse largement les frontières de l’Algérie ». « L’Algérie est un grand pays [qui] a su rester indépendant, contrairement à de nombreux pays arabes qui se sont, peu ou prou, rapprochés de la coalition occidentale », observe-t-il.
L’expert français du renseignement estime que « les indices ne manquent pas dans la crise algérienne qui font furieusement penser à une opération de Regime Change (changement de régime) dont les Occidentaux sont particulièrement friands », en faisant un parallèle avec les « révolutions colorées » en Ukraine et au Brésil, entre autres, et « dont ils gardent jalousement les secrets de fabrication », ironise-t-il.
Le général Delawarde ne manque pas de citer les « déclarations enflammées à l’attention du peuple algérien de l’inénarrable Bernard-Henri Lévy qui constituent, à elles toutes seules, un marqueur indiscutable qu’une opération de changement de régime est en cours ». « Il faut se souvenir de son engagement constant et toujours théâtral dans ce type d’opération en Bosnie, au Kosovo, en Libye, en Syrie, et même au Venezuela dernièrement », met-il en garde, tout en faisant remarquer que « la teneur des déclarations des grands leaders de la coalition occidentale sur cette affaire algérienne montre clairement, jour après jour, qu’ils apprécieraient un changement de gouvernance en Algérie et l’avènement d’un nouveau pouvoir qui leur serait plus favorable ».
À cela s’ajoute « le ton des réactions médiatiques sur ce qui devient, peu à peu, la crise algérienne et qui pourrait être baptisé dans quelques jours le printemps algérien », écrit le général Dominique Delawarde qui cite le New York Times, le Washington Post, Le Monde, BFMTV ainsi que les journaux israéliens Haaretz et Jerusalem Post dont la couverture des manifestations en Algérie est « édifiante et facile à décrypter pour un bon spécialiste du renseignement ».
« Facebook et Twitter, outils sous contrôle occidental, sont utilisés au maximum pour manipuler et chauffer les foules et pour organiser très rapidement de grands rassemblements protestataires. Là encore, il s’agit de méthodes expérimentées avec succès par Cambridge Analytica dans un passé récent, notamment en Amérique du Sud », croit savoir le général français qui met en avant le fait que « ceux qui contrôlent ces opérations numériques ne résident pas toujours dans le pays objet de l’ingérence ». « Il s’agit d’organiser d’abord le lâchage du régime en place et, dans un deuxième temps, le soutien du candidat à promouvoir », écrit encore le général Delawarde qui se garde d’émettre « le moindre pronostic » sur la situation future en Algérie. « On ne peut dire qu’une chose : bonne chance l’Algérie ! » a-t-il conclu.