Coup de tonnerre sur les places boursières mondiales. La BNS (Banque nationale suisse) vient de quitter le PEG, son taux-plancher de 1.20 franc suisse pour un euro. Des pertes titanesques - 75 milliards- sur ses placements en euro sont devenues d’un coup réalité !
« La BNS est virtuellement en faillite »
Le peuple suisse ne sait probablement pas que sa banque nationale a perdu TOUS ses fonds propres dans cette mauvaise aventure. En effet, ceux-ci s’élevaient à fin novembre à 73 milliards de francs (cf tableau ci-dessous). Les fonds propres sont comme on le voit inférieurs aux pertes supposées de 75 milliards… La réalité est probablement pire puisque nous n’avons pas la valeur exacte des fonds propres au 15 janvier, jour où la BNS estimait – enfin ! - que la situation n’était plus tenable.
La BNS est donc virtuellement en faillite. Ce serait le cas avec l’entreprise de M et Mme tout le monde. Mais pas la BNS, entreprise privée mais soutenue de manière illimitée par l’argent public et celui du patrimoine (épargne, trafic de paiement, assurance-vie, LPP,…) du peuple…
« La BNS a épousé le sort de la zone euro »
Pourtant, la question essentielle demeure à ce stade la suivante : la BNS peut-elle ou veut-elle dissocier son destin de celui de la zone euro ? La réponse est : Non. Tout simplement elle ne le peut pas ! Pourquoi ? Son bilan l’en empêche.
La BNS s’est engagée clairement dans un processus systémique avec et pour la zone euro. Elle l’a fait de concert avec les autorités fédérales qui, de leur côté n’ont cessé de transférer des pouvoirs politiques à l’Union Européenne. La politique monétaire n’est qu’une pièce du puzzle qu’est devenue la Suisse de plus en plus démantelée…
Taux-plancher ou pas, la réalité – taille, structure - du bilan de la BNS la solidarise de manière durable, problématique et imposante avec l’euro et avec l’eurozone. Elle ne peut plus disposer librement de sa politique monétaire. Les manettes de la BNS sont donc entre les mains de la BCE mais aussi du lobby bancaire international et de ses sous-traitants – Six Group SA - du Swiss Interbank Clearing (SIC) qui lui prêtent plus de 300 milliards de francs suisses pour faire ses emplettes en devises et autres dettes publiques.
« La Suisse a déjà adhéré à l’Union européenne via les accords bilatéraux »
Il est impossible de comprendre la stratégie de la BNS et autre FINMA sans mettre en perspective le psychodrame helvétique qui se joue depuis 1992. C’est l’histoire d’un peuple qui ne veut pas d’une adhésion à l’UE qui semble pourtant ardemment voulue par les dirigeants du pays. Un nœud gordien !
Ron Paul, influent politicien américain, résumait la chose de la manière suivante : « (…) Tout comme les États-Unis et l’UE, la Suisse au niveau fédéral est dirigée par un groupe d’élites qui est plus préoccupé par son propre statut, sa réputation internationale que du bien-être du pays [1] »
La Suisse est certes un petit pays mais ses avantages comparatifs sont excessivement importants voire indispensables à la construction de l’Union européenne. Rappelons à ce stade que la Suisse est championne du monde de compétitivité, dotée d’une économie et technologie de pointe. À ceci s’ajoute une position géographique stratégique soutenue par une infrastructure routière, autoroutière, fluviale et ferroviaire centrale et indispensable au projet européen. Cet inventaire sommaire de ses atouts ne doit pas omettre le véritable trésor helvétique qu’est sa réserve d’eau. Celle-ci représente 8% de l’eau potable du continent européen… Enfin, au milieu de cette richesse industrielle et naturelle se trouvait dans les années 2000 une banque centrale forte, dotée d’une monnaie de référence internationale et riche d’environ 2 500 tonnes d’or.
Mais voilà, une adhésion silencieuse très avancée est en cours depuis la votation en 1992. Les dirigeants successifs ont signé plus d’une centaine d’accords de toute sorte avec Bruxelles. Ce faisant, ils lui ont transféré toujours plus de souveraineté dans d’innombrables secteurs dont celui de la politique monétaire.
Ce sont des autorités fédérales qui n’ont pas hésité à mettre systématiquement le droit communautaire en primauté par rapport au droit suisse dans l’ensemble des domaines abordés dans le cadre des accords bilatéraux avec l’Union européenne [2]. Il ne manque plus que la validation populaire pour légaliser le tout. Plus le peuple sera sous pression financière et économique et plus l’obtention du blanc-seing sera possible…
C’est dans ce contexte global que la problématique de la BNS (sa politique et son bilan) et l’avenir du franc suisse doivent être étudiés.