Un document authentique stipulant l’acceptation par le CNT du pillage des ressources pétrolières libyennes, à hauteur de 35 % au profit de la France, serait entre les mains des autorités algériennes.
Une bombe à retardement tout aussi redoutable que les obus aveugles de l’OTAN mais, cette fois, au profit du peuple de Libye. En rendant publique cette transaction, l’Algérie saura-t-elle ramener le monde à la réalité comme elle le fit, seule pendant une décade, contre le terrorisme international ?
Les agressions récentes qui l’ont visée l’y auront obligée…
Ce qui n’était qu’une rumeur ou une lecture anticipant sur l’après-Kadhafi devient réalité avec probablement plus de gravité que la polémique ne sait en produire. Les rebelles libyens ont bel et bien négocié l’aide militaro politique qui leur a été fournie pour tenter de renverser le colonel, aux commandes du pays depuis plus de quatre décennies. Une copie du document prouvant le marchandage du CNT avec la France serait donc en possession des autorités algériennes qui l’auraient authentifiée.
Il s’agirait, selon notre source, d’une missive datant du mois de mars dernier et adressée aux dirigeants du Qatar, des Emirats arabes unis ainsi qu’à Amr Moussa, à l’époque secrétaire général de la Ligue arabe. Le texte explique, aux complices du Moyen-Orient, comment le CNT a monnayé l’appui français en s’engageant à céder 35 % du pétrole brut libyen à Paris en cas de réussite de « la révolution ». Ce chiffre, consacrant aux Français un tiers des réserves en hydrocarbures de la Libye, rebondissait sur Internet sans qu’on ait pu vérifier sa pertinence inscrite dans ledit document.
Pétrole contre fourniture d’armes dont la nature et les quantités ont été précisées par la rébellion, lit-on dans la correspondance. Les rebelles confirment ainsi la part généreuse promise à un pays étranger, à l’insu de compatriotes que les révolutionnaires ont déjà commencé à tromper en leur cachant la transaction honteuse.
Cependant, notre source nous apprend que de graves dissensions sont apparues au sein des cercles influents du CNT à propos de cet engagement officiel et l’on peut imaginer que la fuite organisée d’une copie en direction de l’Algérie, clairement reconnue comme un rempart contre l’ingérence dans la région, s’expliquerait par la volonté chez certains rebelles de dénoncer fortement le deal compromettant qu’ils refusent de cautionner.
Un joker fatal entre les mains d’Alger
Or, si les autorités algériennes n’ont, pour l’instant, pas rendu compte publiquement de l’existence de ce marché de dupes, c’est forcément en respect du principe de non intervention dans les affaires internes aux frères libyens. Pourtant, après les incessantes attaques du CNT et de ses commanditaires qui ont visé notre pays, aggravées de violences contre notre représentation diplomatique à Tripoli, la divulgation du contrat de trahison pourrait mettre fin, par l’abattement d’un joker fatal, au feuilleton propagandiste narrant la gentille mobilisation subite de l’OTAN et de la France contre la dictature vieille de 40 ans.
L’opinion publique internationale se demandera ensuite quelle quote-part ont réclamée l’Italie, les Etats-Unis et consorts, qui ont bien voulu bombarder le pays de leurs alliés rebelles, des semaines durant. Les Libyens, eux, pourront alors s’interroger sur ce qu’il leur restera comme ressources à gérer souverainement.
En guise de réponse, le CNT et ses soutiens de l’Elysée auront-ils l’audace de démentir la forfaiture en prenant le risque d’en annuler conséquemment les clauses face à un peuple qui s’intéressera de plus près à la face cachée des amours entre Tripoli et Paris ?
Ou réussiront-ils à déguiser le crime politico financier et le bradage de la sécurité alimentaire de plusieurs générations, en une simple promesse de coopération économique relative à la reconstruction de ce qui a été abusivement détruit ? D’aucuns susurrent qu’un retour de manivelle viendra frapper la tête des rebelles manipulateurs.
Des opposants à la dictature aussi disposés à vendre sous cape les intérêts de l’Eldorado libyen qu’à dénigrer la vigilance algérienne devant la menace d’asservissement moderne du continent qui s’opère sous le prétexte d’une démocratisation aux forceps.
Aujourd’hui, l’Algérie qui détient la preuve d’un acte de trahison menaçant la région a mille raison de ne pas s’emballer à reconnaître, par un vilain mimétisme, l’autorité des maquignons du CNT malgré le positionnement suspect de la Ligue arabe qui vient de reconnaître le CNT. A Alger, on préfèrera peut-être attendre un sursaut libyen qui rendra toute sa souveraineté à la Jamahiriya…
Nordine Mzalla