Deux événements récents, en apparence anodins, ont un double point commun, l’un évident, l’autre plus difficile à repérer.
Carlyle, géant new-yorkais du private equity (76 milliards de dollars en gestion), vient d’engager Pierre-Olivier Sarkozy. Ce dernier était précédemment co-patron de FIG Investment Banking, une division du suisse UBS. Chez Carlyle, il deviendra, dès le mois d’avril, co-head et managing director du Global Financial Services Group.
Cette section est très neuve. Fondée en juin 2007, elle n’a pas encore bouclé de transaction mais a déjà attiré quelques pointures, notamment Sandy Warner, ex-président de JPMorgan Chase. Pierre-Olivier Sarkozy a été engagé pour « ses incroyables réseau et expérience professionnelle, qui aideront Carlyle à capitaliser sur la dislocation du secteur des services financiers », indique la firme dans un communiqué daté du 3 mars.
Pierre-Olivier Sarkozy débauché de First Boston par UBS et d’UBS par Carlyle
Entré chez UBS après avoir été « débauché » de chez First Boston Corporation, il en a rapidement gravi les échelons. Selon le site Internet du magazine Forbes, Pierre-Olivier Sarkozy était n° 10 de l’institution helvétique en 2002, conseillant des opérations pour un total de 312 milliards de dollars ; en 2007, il était n° 5 (514 milliards de dollars).
Parmi ses faits d’armes, citons la vente de la banque MBNA à Bank of America pour 35 milliards de dollars en 2006. Plus près de nous, il a conseillé ABN Amro dans le cadre de la cession de sa filiale américaine LaSalle à la même Bank of America.
L’homme est donc de valeur - Forbes titre d’ailleurs son portrait « Big Apple Dealmaker » - mais il ne compte pas, en passant chez Carlyle, complètement couper les ponts avec UBS : « Je continuerai de travailler avec UBS en tant que conseiller et, en retour, de profiter du soutien d’UBS pour les efforts d’investissement de Carlyle dans les services financiers. »
Nicolas Sarkozy décore Frère et Desmarais : tout est dans tout et inversement ?
La seconde information concerne un autre Sarkozy, nettement plus connu : Nicolas, demi-frère de l’homme d’affaires new-yorkais. Le président de la République a décerné au belge Albert Frère l’insigne de Grand’Croix de la Légion d’honneur, la plus haute distinction honorifique française, qui récompense les mérites éminents rendus à la nation. Seules 75 personnes l’ont déjà reçue.
Albert Frère a en outre bénéficié du privilège suprême d’être l’unique personne décorée lors d’une cérémonie privée, en présence du Premier ministre François Fillon et de la ministre de la Justice Rachida Dati. Quelques jours plus tôt, c’était le canadien Paul Desmarais, l’associé d’Albert Frère, qui recevait la même distinction, mais lors d’une cérémonie publique.
Rapport évident entre ces deux événements : ils concernent des Sarkozy. Rapport plus surprenant : Paul Desmarais a pu faciliter la nomination du demi-frère Sarkozy, vu sa situation de « membre influent du board » de Carlyle, selon Rue89. Un fonds lui-même des plus influents, puisque quelques grands noms sont passés par ses rangs : George Bush senior (de 1998 à 2003) et Junior (1990-1992), John Major (2002-2005), etc. Son président actuel n’est autre que Lou Gerstner, ancien patron d’IBM.
Même si cette fonction de « facilitateur » n’est pas avérée, cela ajoute encore aux liens noués par Nicolas Sarkozy avec le monde des affaires. Pour conclure sur ses relations avec Paul Desmarais, citons sa déclaration faisant suite à un séjour dans la propriété du Canadien, en 2004 : « Quand tu entres dans la propriété, on t’ouvre un premier portail. Ensuite, tu dois faire des kilomètres et des kilomètres avant d’arriver au château... »
Pierre-Olivier Sarkozy : parcours d’un demi-frère de président
Extrait d’un article consacré à Pierre-Olivier Sarkozy sur le site French Morning : « Pierre-Olivier est le fils que Paul Sarkozy de Nagy-Bosca a eu avec sa seconde femme, après avoir quitté son premier foyer alors que Nicolas avait 5 ans. Les deux hommes ont 15 ans d’écart. Pierre-Olivier est né en France, et s’appelait alors Pierre-Olivier. Sa mère, Christine de Ganay, avait épousé Paul Sarkozy qui allait bientôt à nouveau divorcer. Jusqu’à l’âge de 7 ans, Pierre-Olivier vit à Paris avec sa mère et rencontre régulièrement ses trois demi-frères (Nicolas, Guillaume et François). Puis Christine de Ganay se remarie à son tour avec un Américain, Frank Wisner, un diplomate avec lequel la famille va alors voyager à travers le monde, de postes en postes. Frank Wisner est aujourd’hui le représentant spécial des Etats-Unis au Kosovo. Après une enfance voyageuse, Pierre-Olivier intègre une boarding school britannique avant de poursuivre ses études en Grande-Bretagne. Il est diplômé d’histoire médiévale. Il entame ensuite sa carrière dans la banque d’investissement. »
Vincent Degrez (Trends.be)