Les combats ne connaissent pas de répit près du port stratégique de Marioupol, dernière grande ville dans l’Est séparatiste prorusse de l’Ukraine sous contrôle du gouvernement de Kiev, où trois rebelles ont été tués en 24 heures.
Le village de Chirokiné, situé à 10 km à l’est de Marioupol, a subi des dommages, surtout autour de l’allée centrale séparant les positions des deux camps, qui se font face à 700 mètres de distance, a constaté vendredi un journaliste de l’AFP.
Selon Igor, un des combattants rebelles répondant au nom de guerre « Karass », des combats y ont lieu tous les jours à coups d’obus d’artillerie et de chars.
Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) présents sur place ont vu jeudi « trois chars ukrainiens tirer sur les positions rebelles à Chirokiné », une attaque à laquelle les rebelles ont riposté à coup d’obus de char, tombés à proximité des positions ukrainiennes, selon un communiqué publié vendredi.
Les rebelles disent contrôler environ 30 % du village, principale place forte ukrainienne avant Marioupol, port sur les bords de la mer d’Azov où beaucoup craignent une offensive d’envergure.
La prise de cette ville industrielle de 500 000 habitants serait une étape clé pour créer un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, péninsule ukrainienne annexée il y a tout juste un an, mais très dépendante de l’Ukraine pour ses besoins vitaux.
Craintes d’une escalade
En dépit de la trêve instaurée à la mi-février et globalement respectée dans l’Est rebelle, rien n’a changé pour la dizaine de civils qui habitent encore à Chirokiné, dans des maisons aux vitres brisées.
« Tout peut exploser à n’importe quel moment », assure Lioudmila, 45 ans, montrant un obus n’ayant pas explosé figé dans le mur de sa maison. « Hier soir, on a eu très peur. Nous étions dans la cuisine et tout a commencé à exploser. On a dû se jeter par terre », poursuit-elle.
Trois rebelles ont été tués et six blessés à Chirokiné au cours des dernières 24 heures, selon le site internet officiel des séparatistes.
Depuis peu, les rebelles ont commencé à annoncer leurs bilans quotidiens à l’instar de l’armée ukrainienne, qui le fait depuis le début il y a presque un an d’un conflit ayant fait plus de 6000 morts.
Les autorités séparatistes ont également dénoncé vendredi 33 attaques des troupes gouvernementales au cours des dernières 24 heures, ayant notamment visé Chirokiné et la zone de l’aéroport de Donetsk, passé sous le contrôle des rebelles en janvier après plusieurs mois de combats acharnés.
Dans les rangs des forces ukrainiennes, aucun militaire n’a été tué, mais trois ont été blessés, selon le porte-parole ukrainien Andriï Lyssenko. Selon lui, les positions de l’armée ukrainienne avaient été bombardées au lance-roquettes Grad « pour la première fois en un mois ».
Un civil a été tué dans un bombardement rebelle à Avdiïvka, ville sous contrôle des forces gouvernementales située près des ruines de l’aéroport de Donetsk, selon le chef de la police régionale Viatcheslav Abroskine.
Prolongation des sanctions de l’Union européenne contre Moscou
Les deux parties s’accusent mutuellement de violer les accords de Minsk 2 conclus en février dans la capitale du Bélarus avec la médiation du président français François Hollande et de la chancelière allemande Angela Merkel et en présence du président russe Vladimir Poutine.
Aux termes de ces accords, les deux parties se sont notamment engagées à retirer les armes lourdes de la ligne du front afin de créer une zone tampon de 50 à 140 km de large en fonction du type d’armement.
L’Union européenne s’est mise d’accord jeudi pour prolonger ses sanctions économiques contre la Russie jusqu’à la fin de l’année, en les « liant » à la « mise en oeuvre complète » des accords de paix de Minsk.
Ces sanctions ont été adoptées le 31 juillet 2014, après la tragédie du vol MH17 abattu par un missile avec 298 personnes à son bord, imputée aux séparatistes prorusses. Elles ont été alourdies le 8 septembre après que la Russie a été accusée d’avoir fait entrer des troupes et des armes lourdes sur le territoire ukrainien pour stopper l’avancée des troupes loyalistes, ce que Moscou a toujours démenti.