Selon des informations déclassifiées par Washington et révélées mardi 6 septembre par le New York Times, la Russie serait ainsi « en train de se procurer des millions de roquettes et d’obus d’artillerie » auprès de la Corée du Nord pour approvisionner ses troupes en Ukraine, a indiqué un responsable américain. Si aucune preuve ni détail n’ont été donnés sur les matériels fournis, Pyongyang possède la capacité de produire des obus de 152 mm, un des calibres utilisés par les forces russes, ainsi que des projectiles pour les lance-roquettes multiples TOS-1, dont la présence sur le front ukrainien est documentée.
Mi-juillet, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, avait également assuré que Washington disposait d’informations indiquant que Téhéran « se prépar[ait] à fournir à la Russie jusqu’à plusieurs centaines de drones, dans un délai accéléré ». « Des avions de transport russes ont embarqué des drones sur un aérodrome en Iran et ont volé ensuite vers la Russie durant plusieurs jours en août », a confirmé le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, le 30 août. (Le Monde)
Au début du conflit, et même avant, des experts avaient prédit un duel d’artillerie. C’est le cas depuis plus de six mois, les Ukrainiens tirant 5 000 obus par jour, les Russes 50 000 (aujourd’hui, les premiers se fournissent au Pakistan, avec l’aide des Anglais, et les seconds en Corée du Nord). Les drones repéreurs et les tueurs de batteries sont venus chambouler le jeu des Russes, les obligeant à détruire en priorité ces appareils (d’origine turque) afin de ne pas subir la loi du ciel, ce qui est un paradoxe, puisque dans les premiers jours, l’aviation ukrainienne a été clouée au sol, leurs pistes endommagées, laissant le ciel aux Sukhoï et autres Mig (des Mikoyan datant de l’époque soviétique).
Depuis, les Américains ont fourni aux Ukrainiens des lanceurs de missiles à courte portée (300 km, système HIMARS), ce qui a menacé les arrières russes, les dépôts de munitions étant visés prioritairement. Les Français ont fourni des canons automobiles Caesar, qui font aussi office de lanceurs multiples (6 coups tirés avec une sortie de batterie en moins de 2 minutes) mais qui ne pilonnent pas au-delà de 40 km. Cependant, ils ont une précision diabolique.
La réponse du berger russe à la bergère étasunienne
Les Ukrainiens ont donc freiné l’avance du rouleau compresseur russe en augmentant et la puissance et la précision de leur feu, sachant qu’à cette distance (300 km), la précision au mètre n’est pas garantie : elle est décamétrique, la fusée à vitesse Mach 3 étant guidée par satellite.
La précision au mètre est acquise en dessous des 80 km, ce qui a mis les dépôts de munitions russes à portée des missiles (ukraino-)américains.
Mais toute guerre étant une escalade, on apprend que les Nord-Coréens, au-delà de leurs munitions compatibles (de 152 mm), ont proposé aux Russes leur lanceur de missiles KN-25, qui envoie du lourd à 400 km, avec une précision inférieure là aussi à 10 mètres.
À propos de la guerre des munitions, Le Monde écrit :
Difficulté notable pour l’Ukraine, l’armée de Kiev doit composer avec une artillerie majoritairement héritée de l’époque où le pays faisait partie de l’URSS, avec des canons qui tirent des projectiles de 122 ou de 152 mm, deux calibres que les pays occidentaux n’utilisent pas – le standard des projectiles OTAN est de 155 mm. Or, selon des sources militaires, l’Ukraine aurait épuisé la totalité ou presque de ses stocks d’obus. « Les Ukrainiens ont besoin d’alimenter leurs canons de l’époque soviétique pour rivaliser avec la puissance de feu russe. Ils ne disposent pas de suffisamment d’artillerie au standard de l’OTAN pour s’en passer », assure Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales. C’est dans ce cadre que le Pakistan aurait été sollicité.
De son côté, la Russie doit faire face à une campagne de destruction de ses dépôts de munitions, entamée au début de l’été par l’armée ukrainienne, qui s’avère très efficace. Grâce aux lance-roquettes multiples M142 Himars et M270 MLRS livrés par les Occidentaux, les artilleurs ukrainiens peuvent atteindre des cibles situées jusqu’à 80 kilomètres de distance, avec une précision de seulement quelques mètres. Lundi 5 septembre, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a assuré que, depuis le mois de juin, les Ukrainiens avaient réalisé 350 frappes à longue distance sur des cibles « à haute valeur ajoutée ».
Sur le Net, les comparatifs entre les systèmes nord-coréen et américain existent déjà, mais en VO non sous-titrée :
La version asiatique du duel KN-25/HIMARS :
On rappelle que si la Corée du Nord est encore vivante, c’est-à-dire non alignée sur les intérêts de l’Empire, c’est parce qu’elle possède la bombe atomique. La Libye de Kadhafi ne l’avait pas : elle est aujourd’hui en lambeaux. Si la propagande politique de la CDN est parfois outrancière, du point de vue militaire, on peut dire que Kim ne plaisante pas. C’est sa garantie de survie politique.
Cependant, on doit se retirer de la tête que c’est uniquement la technologie qui donne la victoire : les Américains, en 10 ans de bombardements et de massacres au Viêt Nam, n’ont jamais réussi à faire plier la population qui, au prix d’un immense sacrifice, a réussi à se débarrasser de l’occupant. Que ce soit dans la péninsule indochinoise, en Afghanistan ou en Syrie, l’Amérique ne gagne aucune de ses guerres, et perd régulièrement des appuis ou des alliés dans les pays dits tiers.
Qui aujourd’hui soutient la folie agressive des États-Unis en Asie, à part la Corée du Sud ? Même le Japon pactise avec son grand voisin chinois, car si l’alignement militaire sur l’Amérique est une chose, la survie économique et l’avenir en sont une autre...
Guerre mondiale triple
En cette dangereuse année 2022, on peut parler d’une guerre ouverte de l’Empire sur trois fronts contre le monde non-aligné, à savoir la Russie, la Chine et l’Iran. La guerre aussi est devenue multipolaire, et l’Europe corrompue mise à part (la tête de l’UE, pas les peuples qui la composent), plus grand-monde ne suit aveuglément les Américains. Même les pétromonarchies du Golfe diversifient leurs dépendances, il est vrai jusqu’à rechercher le parapluie nucléaire israélien...
Pour finir sur les armements, du côté de l’UE, cette banquière soumise à l’OTAN, on n’a plus beaucoup de munitions : pourrait-on sérieusement résister à une invasion russe ? La France militaire est sortie exsangue de presque 10 ans de guerre au Sahel, les hommes et les matériels sont fatigués, et du côté allemand, on a mis 100 milliards pour un réarmement, qui ne sera pas opérationnel avant longtemps.
Poutine attendra-t-il que nous soyons prêts au conflit ? Ne serons-nous pas énergétiquement cuits avant ?
Voici ce qu’écrit le site iranien Parstoday (qui reprend Al Manar) à ce sujet :
Ce mardi [6 septembre 2022] , le chef de la diplomatie européenne a déclaré qu’à cause des importantes livraisons vers l’Ukraine, les stocks de matériel militaire des pays de l’Union européenne étaient à un niveau « très bas ». Il a conseillé aux 27 États membres de procéder à des achats groupés.
Selon Politico, « la semaine dernière, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré que Berlin était “en train d’atteindre les limites” » de ce qu’il pouvait livrer.
Plus globalement, souligne le site d’information, si, en juillet, « l’UE a augmenté son fonds de soutien à l’Ukraine de 500 millions d’euros » (celui-ci fournissant des remboursements aux pays qui livrent des armes), certains pays n’ont pas renouvelé leurs aides bilatérales à l’Ukraine cet été, rapporte le magazine français en ligne Courrier international.Pour le ministère russe des Affaires étrangères « la sécurité de l’ensemble du continent européen est menacée en raison des actions de l’Union européenne en Ukraine ».
« Bruxelles ne pense pas aux conséquences de l’assistance militaire à Kiev et travaille à prolonger le conflit », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andrei Rudenko.
« Apparemment, dans l’Union européenne, en plus de la fourniture constante d’armes et d’équipements militaires à Kiev, ils essaient de simplifier les activités militaires des pays de l’UE en Ukraine sous leur contrôle », estime Rodenko.
« Ils le font sans penser aux conséquences, car Borrell continue de faire des déclarations agressives qui n’ont rien à voir avec la diplomatie », a ajouté Rudenko.Selon ce dernier, « l’Union européenne ne veut pas investir dans la paix en Ukraine et maintient une politique de prolongation du conflit », notant que « pour cela, le scénario de transformer l’Ukraine en un foyer de tension et d’instabilité constantes près du la frontière russe est mise en place ».
Rudenko a souligné que « la sécurité de l’ensemble du continent européen est menacée, car les armes fournies à Kiev sont utilisées pour tuer des civils, des femmes et des enfants », notant que « les bombardements entraînent la destruction d’infrastructures civiles. Des attaques sont également lancées contre des installations, y compris la centrale nucléaire de Zaporojié ».
Conclusion : l’Europe se saigne pour l’Amérique. Jusqu’où se saignera-t-elle pour des intérêts qui ne sont pas les siens ? Les Européens naïfs ont cru aux discours de « leur » présidente corrompue Ursula von der Leyen (et de ses prédécesseurs), qui soutenait en substance que l’UE était synonyme de paix, de démocratie et de croissance.
Nous sommes, nous Européens, aujourd’hui en guerre, en tyrannie et en décroissance.