En 1932 et 1933, environ 3,5 millions d’Ukrainiens ont péri du fait de l’« Holodomor », un terme qui signifie, en ukrainien, l’extermination par la faim. Les récoltes étaient alors confisquées par le régime stalinien au nom de la collectivisation des terres.
L’Ukraine et de nombreux historiens estiment que cette famine massive, qui a aussi fait de nombreuses victimes au Kazakhstan, une autre ancienne république soviétique, est un « génocide ». Mais la Russie, où le président Vladimir Poutine s’efforce de réhabiliter le passé stalinien, réfute toute volonté d’extermination du peuple ukrainien.
Mercredi, la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag, a adopté à une large majorité une résolution reconnaissant cette famine comme un génocide s’inscrivant dans « la liste des crimes inhumains commis par des systèmes totalitaires qui ont fait disparaître des millions de vies humaines en Europe, notamment dans la première moitié du XXe siècle ».
Cette résolution a été adoptée en pleine offensive russe en Ukraine, où les forces de Moscou ont multiplié les frappes sur les infrastructures civiles.
La résolution allemande est "« une nouvelle tentative visant à justifier et exalter la campagne de diabolisation de la Russie, soutenue par les Occidentaux », a dénoncé jeudi le ministère russe des Affaires étrangères.
Il a également accusé l’Allemagne de « chercher à réécrire sa propre histoire et d’oublier de se repentir pour les atrocités commises pendant la Deuxième Guerre mondiale », une allusion à l’extermination des Juifs sous le IIIe Reich.
Le Bundestag « devrait avoir honte de ces décisions immorales qui redonnent vie à l’idéologie fasciste de la haine raciale et de la discrimination », a ajouté la diplomatie russe, qui accuse régulièrement les pays occidentaux de « russophobie ».
Le gouvernement ukrainien, de son côté, a salué le vote des députés allemands.
Il s’agit d’une « décision en faveur de la justice, de la vérité », a déclaré mercredi soir le président Volodymyr Zelensky.
« Cela est un signal très important envoyé à de nombreux pays du monde, leur disant que l’esprit revanchard de la Russie n’arrivera pas à réécrire l’histoire », a-t-il ajouté.