Durant les quatre premières années de sa présidence, Donald Trump choisira non seulement trois juges pour la Cour suprême, mais aussi cinq des sept membres du Conseil des gouverneurs de la Fed. Il serait impossible de surestimer l’effet que cela aura sur l’avenir économique de la nation. Avec les deux chambres du Congrès fermement dans les mains du GOP [Parti républicain], nous pourrions voir la banque centrale la plus puissante du monde transformée en une institution purement politique qui suivrait les diktats d’un homme.
Les critiques peuvent penser que ce serait une grande amélioration par rapport à la situation actuelle, dans laquelle la Fed dissimule son allégeance aux banques d’investissement géantes de Wall Street derrière un nuage de relations publiques à propos de « l’indépendance », mais l’idée d’un seul homme contrôlant le prix de la monnaie de réserve mondiale, et donc le prix des actifs financiers et des matières premières à travers le monde, est également inquiétante. Déjà nous avons vu comment la détermination de la Fed à enrichir ses propres affidés a abouti à des bulles titanesque des prix des actifs, les unes après les autres.
Imaginez que ce pouvoir soit confié à un seul individu qui pourrait être tenté d’utiliser cette autorité pour façonner les événements économiques d’une manière qui renforce et perpétue son propre pouvoir politique. Malgré cela, après sept ans d’une dépression induite par des politiques qui ont accru l’inégalité à des niveaux jamais observés depuis l’Âge d’or [fin du XIXe siècle], nous pensons qu’il est grand temps que le président utilise son pouvoir pour choisir les membres qui ramèneront la banque sous le contrôle du gouvernement. Voici plus d’informations à ce sujet dans le Los Angeles Times :
« Donald Trump a lancé une critique sans précédent de la Réserve fédérale pendant la campagne. En tant que président, il pourrait arriver à la remodeler rapidement […] Trump aura la possibilité de nommer jusqu’à cinq nouveaux membres au Conseil des gouverneurs de la Fed, composé de sept personnes, pendant sa première année et demie au pouvoir. Cela inclut un nouveau président pour remplacer Janet L. Yellen, dont le mandat expire au début de 2018 […].
Trump a éreinté Yellen dans les derniers mois de la campagne présidentielle, l’accusant de maintenir le taux de référence “artificiellement bas” pour aider ses camarades démocrates, le président Obama et Hillary Clinton.
“Je pense qu’elle est très politique et, dans une certaine mesure, je pense qu’elle devrait avoir honte d’elle-même”, a dit Trump sur CNBC à la mi-septembre. Lors du premier débat présidentiel deux semaines plus tard, il a déclaré que “la Fed est plus politique que Hillary Clinton”.
Dans sa dernière vidéo de campagne, Trump a inclus des images de la Fed et de Yellen, comme faisant partie de l’“establishment politique qui a saigné notre pays à blanc”.
“Jamais auparavant, nous avions vu un président entrant non seulement critiquer la façon dont la politique de la Fed a été exécutée […] mais accuser la présidence de la Fed de saper l’institution par un complot politique avec son adversaire et la Maison Blanche”, a déclaré Pethokoukis. “Nous sommes hors des clous dans un territoire inexploré.” »
Nous pouvons présumer sans nous tromper que la Cour suprême va scruter l’attitude amicale de Trump envers les grandes entreprises en matière de laisser-faire, mais la question est la suivante : que peut-on attendre de la Banque centrale une fois qu’elle deviendra le laquais de la Maison-Blanche ?
C’est difficile à dire, principalement parce que Trump épouse souvent deux points de vue apparemment contradictoires en même temps.