Spécialiste de l’intimité masculine, le psychanalyste Jacques André explique pourquoi pouvoir rime souvent avec harcèlement. Il dit aussi comment l’inconscient, politiquement incorrect, reste imperméable au raisonnement.
Harvey Weinstein, Tariq Ramadan et, ces jours, près de chez nous, le conseiller national démocrate-chrétien Yannick Buttet. Trois hommes de pouvoir à qui la carrière sourit, ou plutôt souriait, avant que leur profil de prédateurs sexuels ne soit dévoilé.
Mais comment, se demande-t-on, comment des êtres programmés pour le succès et qui ont tant travaillé pour atteindre le sommet peuvent-ils prendre le risque de tout perdre en se rendant coupables de harcèlement ? Est-ce que la réussite joue un rôle dans cet appétit de domination ? Et, si tout se passe au-delà de la raison, quelle pourrait être la solution pour diminuer le nombre de ces mufles qui confondent pouvoir et droit de cuissage ?
- Jacques André
Le psychanalyste Jacques André, auteur de La Sexualité masculine, répond, mais n’est pas très optimiste. Car, dit-il, « l’inconscient est politiquement incorrect et la sexualité fondamentalement harcelante ». Entretien.
Le Temps : Jacques André, comment expliquer que réussite professionnelle rime souvent prédation sexuelle ?
Simplement parce que tout pouvoir est affaire d’érection. Regardez le poing levé des anarchistes ou le salut des fascistes. Chaque fois, l’expression d’une puissance collective prend les traits phalliques d’un pénis au garde-à-vous. Il y a une complicité profonde, une continuité entre sexe et pouvoir. Et cette complicité s’exerce aussi lorsque l’ascension est individuelle. Un homme qui gagne, ce n’est pas un homme qui sacrifie sa libido pour obtenir ce qu’il convoite. C’est un homme dont la libido est stimulée par sa réussite.
D’accord pour les pulsions, mais la raison ne devrait-elle pas dicter à ces « winners » souvent brillants un comportement qui les protège de la disgrâce collective ?
Bien sûr, sauf que la raison est congédiée dans ce genre d’exercice ! L’inconscient ne connaît pas de limite et ignore totalement les précautions. On se souvient de DSK et de son avenir tout tracé pour devenir président de la République française. Au moment où ce politicien de talent trousse les femmes de chambre dans les grands hôtels, il n’est pas l’homme public, mais un pervers soumis à la réalisation de son fantasme. À ses propres yeux, dans ces instants-là, il est tout-puissant, au-dessus de la loi, inaccessible.
« Depuis trente ans que je fais ce métier de psychanalyste, j’ai connu des femmes qui, publiquement, se battaient pour la parité et le respect entre les sexes et qui, dans le secret de l’alcôve, avaient besoin d’être humiliées pour avoir du plaisir »
On parle aussi d’autodestruction inconsciente pour ces géants qui dressent eux-mêmes le piège se refermant sur eux. Quel est votre point de vue ?
Il y a bien sans doute une pulsion destructrice dans leurs actes. De toute manière, toute sexualité est harcelante. Dans tout acte sexuel cohabitent la jouissance et la violence. Ce sont les deux faces de la même pièce. Et c’est vrai pour les hommes comme pour les femmes. Depuis trente ans que je fais ce métier de psychanalyste, j’ai connu des femmes qui, publiquement, se battaient pour la parité et le respect entre les sexes et qui, dans le secret de l’alcôve, avaient besoin d’être humiliées pour avoir du plaisir.
Comme un hiatus entre leurs convictions et leurs fantasmes ?
Exactement. Je me souviens par exemple d’une militante féministe convaincue qui racontait ne jouir vraiment que lorsqu’elle couchait dans des hôtels glauques, assouvissant ainsi un fantasme de prostitution. Dans cette période de redressement de torts, on oublie souvent que la sexualité des femmes n’est pas plus politiquement correcte que celle des hommes. Si les cas de harcèlement sexuel sont majoritairement masculins, c’est simplement parce que lorsqu’un homme abuse d’une femme, il est en train de vérifier la puissance de sa sexualité. À ce titre, on pourrait dire que la fragilité de l’érection est le problème de l’humanité depuis la nuit des temps. Les inquiétudes sur la virilité ont l’âge de la virilité.
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Comment expliquer cette chasse aux harceleurs qui saisit le monde occidental ?
Elle est liée à la libération d’une parole publique des femmes et c’est une bonne chose. Mais c’est aussi une immense hypocrisie. Car si l’on voulait vraiment respecter la gent féminine, on cesserait séance tenante le commerce des films pornographiques qui, à 90%, montrent des femmes en situation de soumission. La masturbation de l’homme seul devant son écran lui permet de maintenir une domination que la réalité sociale lui refuse. C’est sans risque pour lui. Avec cette vague de dénonciations et ce climat de méfiance, la vapeur ne va pas s’inverser. On peut dire adieu à la drague spontanée, ce qui est bien dommage. Elle va être très certainement remplacée par la rencontre en ligne qui permet à chacun de se protéger.
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Les femmes russes sont-elles soumises ? Antoine répond :
Preuve que les choses ne sont pas claires, une femme peut se revendiquer féministe dans le champ social et être complètement soumise dans le champ intime.
« Je suis féministe et adepte de la soumission »
Et ce qu’il se passe sous les draps d’Anastasia n’a rien à voir avec ce qu’elle pense, au fond d’elle, de ce que c’est qu’être une femme qui se revendique féministe. La soumission au lit et les idéaux d’égalité entre les femmes et les hommes ne sont pas incompatibles. Explications.
Girls : Quelle est votre vision du féminisme ?
Anastasia : Pour moi, être féministe, c’est promouvoir l’égalité des sexes (et non la supériorité des femmes sur les hommes, qui est tout aussi sexiste que l’inverse, par définition). Mais il s’agit de pouvoir être tout ce que nous sommes sans restriction due à nos chromosomes. Cela implique de mettre en valeur nos différences également, en tant qu’individu et non en tant que sexe. Et enfin, être féministe pour moi, c’est penser qu’être égaux ne veut pas dire être similaires.Dans votre couple, comment se manifeste la soumission au lit ?
Je suis plus passive que mon copain, je prends moins d’initiatives (aussi parce qu’on se connaît bien et qu’on sait ce qu’on aime). C’est lui qui a les choses en main. Cela se traduit aussi par attitude générale : beaucoup plus sûr de lui, moins gentil en apparence, un peu plus brutal, me donne des ordres, m’empêche de bouger, garde le contrôle. Pour lui, me soumettre, c’est surtout avoir mon corps en son pouvoir, et ça passe par ma satisfaction.
La presse en ligne regorge de ces témoignages de fausses féministes. Le Plus de L’Obs s’en est fait une spécialité. Il est vrai qu’il s’adresse à un public de bourgeois et de bourgeoises de gauche qui tient un discours très hypocrite sur le sujet...
Femmes, soyez soumises à votre mari...
Annabelle évoque « l’ordre divin » dans la relation hommes/femmes :