C’est la canic – les poly-injectés meurent à petit feu –, donc le moment d’entrer, pour 10 euros, parfois plus, dans un immense hangar obscur aux sièges rapprochés un peu en rond comme ça avec des jeunes qui parlent fort et mal devant un grand drap blanc où passe une histoire animée qui fait oublier les soucis (électricité, guerre, inflation, Macron’s, Le Maire, Bornstein, Schwab).
En plus, il y fait froid, on dit « c’est climatisé ».
Pour toutes ces prestations, 10 balles, c’est donné. Quand on est riche (en début de mois généralement), on peut même y picorer de grandes poubelles en carton remplies à ras bord de polystyrène jaune et ingurgiter un liquide saumâtre qui fait roter. Parfois, pendant les moments de tension sur le drap, des gens éternuent et on entend « chut », « roooh, pff » ou « ferme ta gueule sale fils de pute ».
Le premier film – c’est comme ça qu’on appelle les histoires qui passent sur les draps – s’appelle La Très très Grande Classe, et il est l’œuvre de Frédéric Quiring, un génie qui a déjà fait Sales Gosses et Ma Reum, deux chefs d’œuvre selon la presse quiringiste. C’est une presse où tous les quiringistes se donnent la main, s’entraident, quoi.
Nous avons bien ri aux pitreries de la grosse Arabe aux dents de lapin de cheval, qui fait partie de la famille de Ramzy Bédia. Puis nous avons apprécié le rôle – c’est comme ça qu’on appelle quelqu’un de vivant qui joue à être quelqu’un d’autre dans le film – de la granny mature Audrey Fleurot, qui possède d’énormes nichons, malheureusement faux (on s’est renseignés sur la plateforme Internet, où un site étrange, « Égalité & Réconciliation », où parfois les articles sont durs à comprendre, nous a avertis pour les faux nichons, nous étions fortement déçus).
Fred Quiring a donc fait un autre film, qu’il a baptisé Ma Reum. Le voici, en exclusivité mondiale.
On nous dit dans l’oreillette que ceci « n’est pas le film, connard, mais la bande à nonce », le mini film qui doit donner envie d’aller voir le film, mais c’est curieux car cela donne envie d’aller voir un autre film, par exemple The Good, the Bad and the Ugly. C’est une histoire de ouasterne (les temps du génocide en Amérique) avec des personnages un peu durs, mais c’est bien. Ils courent après un trésor et ils le trouvent, mais beaucoup d’aventures jonchent.
On a donc appris qu’on pouvait appeler du même nom, « un film », Ma Reum et The Good et compagnie. Fred a fait un autre film mais on n’a pas eu le courage de regarder la bande à nonce, car on regardait une série sur les pompiers sur Netflix, qui coûte beaucoup moins cher que Canal+.
Cette bande à nonce ne reflète pas la série car là on dirait une pub pour une bagnole ou un tampon. Or, quand on a la chance de recevoir Netflix, on découvre que c’est beaucoup plus envoûtant, on apprend des choses sur les pompiers, par exemple qu’ils ne sont pas riches alors que c’est un métier important, alors que Jean-Michel Aphatie gagnait 50 000 euros par mois sur Canal+ (sans compter RTL) pour raconter des grosses conneries sur les politiques. C’est bizarre, les salaires sur Terre !
On a une critique (en fait une engueulade) à apporter à Chicago Fire Saison One : le casting, ou la sélection (de triste mémoire). Que des belles meufs, que des canons, alors que les Américaines sont souvent moches, mal habillées avec des culs ça comme. Elles bouffent mal, elles parlent mal, elles sont cons car elles savent même pas placer le Waziristan ou le Donbass sur une carte et elles veulent toutes aller à Paris pour faire genre Emily ! Elle, elle est pas grosse mais c’est pire, on préfère nettement les grosses pour le coup.
Pour les Américains, Paris c’est juste un décor, alors que c’est mille ans de culture. Non, le truc à voir avec les pomplards, c’est Backdraft, qui date de 1991, la chute du mur du Kremlin.
Eh merde, c’est la version française. Même massacrée par des voix de tocards intermittents, c’est mieux que du Quiring, qui aurait mérité d’être américain, car pourquoi il vient déposer ses bouses chez nous ? On lui a rien fait.
Le cinéma, ça peut être bien, mais tous les films ne sont pas égaux, les hommes si. Certains sont ennuyeux, d’autres passionnants. Le problème, c’est qu’on le sait pas avant, c’est pourquoi l’épouse d’un grossiste réfugié d’Europe de l’Est, pour le pousser à investir dans le cinéma au début du XXe siècle, cette industrie naissante, avait dit à son époux : « c’est le business du siècle, tu vends un produit aux gens et ces cons ils payent sans avoir vu le produit. C’est mieux que la confection ! »
Alors la dame n’a pas dit ça exactement, mais c’est l’esprit de son intervention. Ensuite, son mari l’a écoutée, et il est devenu un des magnats d’Hollywood, avec un gros cigare et un gros chapeau melon. Et un gros melon aussi, comme Harvey Vinestine (c’est comme ça qu’il faut prononcer quand on est prudent). Mais ça, c’est une autre histoire.