On peut avoir été un sympathique chanteur populaire (dans les années 60), pondre des chansons reprises par tous les mômes dans les colos et, l’âge aidant, ou n’aidant pas, sombrer dans le républicanisme le plus vil. Pour cela, il faut redéfinir « la République », dans la bouche des bien-pensants : c’est l’antiracisme, le charlisme, en clair l’idéologie socialo-sioniste.
Dans cette lettre qui tourne sur Facebook, celui qui a donné son nom à tant d’écoles, ce dieu vivant de l’instruction républicaine foireuse malgré lui, y démontre ce qu’on a écrit en titre, un peu brutalement. Mais un titre, ça doit résumer une pensée en trois mots, et une chanson, c’est pareil. Là, le barde de la République sort sa harpe et nous coule un poème à la gloire de la pensée unique, tout en jouant au révolté, à l’insoumis, au résistant. Une posture qui résume parfaitement l’esprit d’aujourd’hui, celui des rebelles soumis au Système, des rebelles systémo-compatibles.
Nous allons donc, en bons élèves de collège (on dit collégiens), faire non pas l’analyse, mais le commentaire de ce texte, qui sera probablement étudié en classe et, pourquoi pas, donné au bac de français un jour. Car l’Éducation nationale, cette multirégionale de la soumission mentale, a un mauvais goût très sûr.
Nos commentaires sont en gras entre les pâtés du Perret.
Ma France à moi
C’est celle de 1789, une France qui se lève, celle qui conteste, qui refuse, la France qui proteste qui veut savoir, c’est la France joyeuse, curieuse et érudite, la France de Molière qui tant se battit contre l’hypocrisie, celle de La Fontaine, celle de Stendhal, de Balzac, celle de Jaurès, celle de Victor Hugo et de Jules Vallès, la France de l’invention, des chercheurs, celle de Pasteur, celle de Denis Papin et de Pierre et Marie Curie, la France des lettres, celle de Chateaubriand, de Montaigne, la France de la Poésie, celle de Musset, d’Éluard, de Baudelaire, de Verlaine et celle d’Aimé Césaire, la France qui combat tous les totalitarismes, tous les racismes, tous les intégrismes, l’obscurantisme et tout manichéisme, la France qui aime les mots, les mots doux, les mots d’amour, et aussi la liberté de dire des gros mots, la France qui n’en finira jamais de détester le mot « soumission » et de choyer le mot révolte.
Nous y voilà : Pépé (Pierre Perret) se place dans les insoumis et les révoltés. Mais contre le pouvoir visible, pas contre le pouvoir profond, on va le voir très vite. Pour l’instant, son name dropping ne mange pas de pain. C’est du classique qui ne prend aucun risque. On n’y verra pas Louis-Ferdinand, pourtant le plus grand de nos écrivains. Premier oubli.
Oui ma France à moi c’est celle des poètes, des musiciens, celle d’Armstrong, celle de l’accordéon, celle des chansons douces, des chansons graves, des espiègles, des humoristiques, des moqueuses ou celles truffées de mots qui font rêver d’un amour que l’on n’osera jamais déclarer à celle qu’on aime.
Ma France à moi c’est celle de Picasso, de Cézanne et celle de Soulages, celle d’Ingres, celle de Rodin, la France des calembours, des « Bidochons », celle de la paillardise aussi bien que celle du « chant des partisans ».
Pépé se place du côté des résistants, mais ça ne vaut que pour hier, pas pour aujourd’hui. C’est nettement plus confortable.
Ma France c’est celle de Daumier, celle de l’« Assiette au beurre », du « Sapeur Camembert », celle de Chaval, celle de Cabu, de Gottlieb, de Siné, celle du « Canard », de « Fluide glacial » et de « Charlie », drôles, insolents, libres !
Charlie, libre ? Libre dans les limites imparties par le Système, qui autorise l’humour jusqu’à la ligne rouge, celle qui départage les soumis des vrais insoumis, des calculateurs des preneurs de risques. Quant au Canard, c’est devenu le refuge de la bourgeoisie de gauche.
Ma France, c’est aussi celle des dictées de Pivot celle de Klarsfeld et celle de Léopold Sedar Senghor, la France des « Enfants du Paradis » et des « Enfants du Vel d’hiv », celle de la mode libre, celle de la danse, des flirts et des câlins, celle de la musique douce et des rock déjantés, celle de la gourmandise, ma France à moi c’est une France capable de renvoyer dos à dos la Bible et le Coran s’il lui prend l’envie d’être athée.
Associer les dictées de Pivot et Klarsfeld, c’est original. On dirait, entre « Pivot » et « Senghor », que « Klarsfeld » a été rajouté par inadvertance.
Eh oui ! Ma France est une France libre, fraternelle et éternellement insoumise aux dictats de la « bien-pensance ».
Être bien-pensant et se considérer comme mal-pensant, c’est ça, l’imposture d’aujourd’hui. Nous avons donc trois catégories : le politiquement correct, le politiquement incorrect correct, et le politiquement incorrect incorrect. Dans la première catégorie, on trouve par exemple Aphatie et Barbier, deux ânes bâtés ; dans la deuxième, Perret et Guillon, deux charlatans de la résistance, ou deux balances ou agents doubles ; et enfin, dans la troisième, ça se raréfie nettement, c’est un peu le sommet de la montagne du courage politique, avec Soral et Dieudonné. Là-haut, il fait froid, on est un peu seuls, mais l’air est plus pur, moins pollué par la bien-pensance et la mal-pensance trafiquée.
Il n’est qu’en respectant toutes ces diversités qu’on arrive un jour à vivre la « douce France » de Trenet. Celle qui m’a toujours plu et que notre jeunesse lucide et combative fera perdurer par-delà les obscurantismes.
Euh, « jeunesse lucide et combative », va falloir que Pépé fasse un tour sur Instagram. Il y a heureusement des jeunes qui s’engagent, mais comme ils sont généralement un peu cons et manipulables, ils tombent par wagons entiers dans les pièges tendus par les ingénieurs sociaux : on pense à la lutte pour l’immigration, le climat, les LGBT...
Figure révolutionnaire emblématique durant « La Commune », le « Père Duchêne » écrivait au frontispice du journal qu’il publiait en 1793 : « La République ou la Mort ! Son journal coûtait 1 sou… mais on en avait pour son argent. » [1]
On va raboter un peu ce rêve de « La république ou la mort » : la République, celle de 2022, c’est la mort des libertés, de la liberté de conscience, d’expression, et même de déplacement. Pépé a-t-il ouvert un œil sur la tyrannie covidiste des élites mondialistes en 2020-2021 ? Dormi pendant ces deux ans où la République s’est muée tranquillement en tyrannie, avec l’Assemblée qui votait les lois les plus dégueulasses et le prolongement ad vitam æternam de l’état d’urgence sanitaire ? Il était où pendant la tyrannie républicaine ? Ah, il a fait une chanson contre, d’accord... Eh bien, on va l’écouter.
C’te violence contre la tyrannie, il y a le mot « couillons » pour qualifier ceux qui ont géré les masques. La tyrannie, avec Pépé, n’avait qu’à bien se tenir, en juin 2020. D’ailleurs, elle s’est très bien tenue. Début 2021, Pépé a tenté une critique du covidisme, mais qui reste au niveau du poil-à-gratter :
À l’Élysée, la famille Tuche
Ils nous ont pris, pour des nunuches
Vérantanplan, et Salomon
Ils nous ont pris, pour des couillons !
Pépé, au-delà des Jolies colonies de vacances, c’est surtout Lily, la migrante de couleur qui souffre de la méchanceté des Français. Nous sommes en 1979, deux ans avant l’avènement du socialo-sionisme de Mitterrand, l’éléphant cornaqué par Attali. Perret avait tout compris, il s’est refait la pelote en devenant le chantre de l’antiracisme, bientôt dépassé par le jeune Renaud, plus adapté au Marché.
Quant à ceux « qui foutent le feu aux autobus », aujourd’hui, ils ne sont pas là où Pépé le croit.