Alors que l’affaire Depardieu n’en finit pas de faire des remous médiatiques, on peut cependant déjà tirer une conclusion de ce Buzz planétaire : la Russie pour des centaines de millions de gens apparaît comme un pays dans lequel on peut désormais envisager de s’installer.
On peut même imaginer que l’affaire Depardieu a fait plus pour l’image de la Russie que la plupart des grands cabinets de PR qui travaillent pour l’État ! Depardieu n’est cependant pas le seul à vouloir devenir russe. Les lecteurs de RIA Novosti ont pu lire une nouvelle surprenante vendredi dernier affirmant qu’un pilote de Montgolfière français, du nom de Xavier Faure, souhaitait lui aussi devenir Russe !
J’ai donc voulu en savoir plus sur ses motivations à « souhaiter devenir russe ».
Xavier Faure bonjour et merci de bien vouloir repondre à mes questions, tout d’abord, pourriez-vous vous présenter ?
J’ai 37 ans, célibataire, né à Reims en Champagne. J’ai étudié le russe comme première langue étrangère au collège. Je n’étais pas un très bon élève mais j’ai toujours porté ce pays dans mon cœur. J’ai ensuite étudié dans le domaine technique et obtenu un brevet de technicien en électrochimie, avant de travailler dans diverses usines, de simple opérateur jusqu’à chef d’équipe. J’ai ensuite travaillé comme équipier de montgolfière, un métier au contact du public et de la nature. Puis j’ai passé mon brevet en contrat de qualification. En 2006, je suis devenu pilote professionnel après 150 heures de vols et avoir piloté des montgolfières de gros volumes dans différentes grosses sociétés en France et à l’étranger. Du fait de la précarité et de la saisonnalité de cette activité, j’ai essayé en parallèle de trouver une activité stable qui me correspondrait.
J’ai donc passé un examen professionnel en sérigraphie en 2001, puis un BTS en agriculture biologique en 2007 mais les belles promesses sur le bio ne sont pas suivies de financement. Parallèlement donc j’ai travaillé sur d’autres sujets : l’eau sous tous ces aspects, des traitements naturels à la potabilisation, les médecines alternatives et quantiques et aussi sur les systèmes énergétiques innovants. Je suis en relation avec des chercheurs et expérimentateurs dans ces domaines et j’écris quelques articles dans des revues spécialisées. En gros je fais de la veille technologique.
Si j’ai bien compris vous résidez actuellement à Koungur, une petite ville dans l’Oblast (région de Perm). Pourriez-vous nous présenter la ville, et ce que vous y faites ? Comment y est la vie ?
C’est une très petite ville de province, source de quelques moqueries de la part des habitants des grandes villes, mais c’est surtout une étape sur la voie du Transsibérien. Elle est traversée par trois rivières. Le héros Ermak y serait arrivé en bateau et aurait fait étape avant de conquérir les territoires sibériens et battre les Tatares. Les armes de la ville sont la corne de l’abondance et les cristaux de l’Oural, ainsi que le bateau d’Ermak.
Koungur possède de nombreuses et magnifiques églises et il est possible de se baigner dans les rivières en été comme en hiver, c’est même le sport local préféré, me semble-t-il. Il y a une grotte très rare ou il y de la glace toute l’année, plusieurs usines et de la place tout autour pour se poser en montgolfière. Comme partout en Russie les femmes y sont très belles.
La nature est très riche avec les paysages typiques des contreforts de l’Oural, plats avec de la forêt trouée par de grandes étendues de champs peu cultivés et des vallées fluviales plus prononcés mais parfois encaissées. En France, cela pourrait ressembler à un mélange de régions entre Colmar au pied des Vosges et les Ardennes entre Charleville-Mézières et Gisors.
Il y a quelques usines comme « Маштаб » qui fabrique des camions et emploie entre 3.000 et 4.000 personnes, deux usines de transformation de viande dont la célèbre « Телец », deux usines de limonade « Пикон », le « Молокобинат » pour le lait, deux scieries et d’autres que je ne connais pas encore.
La vie y est dure et douce en même temps. Dure économiquement car il me semble qu’il faille au moins deux activités pour vivre correctement. Il y beaucoup de « débrouille » mais tout le monde se connaît et il y a une forte entraide et une importante solidarité que je ne connais pas chez nous en France, en tout cas pas à cette échelle. J’entends malgré tout, souvent, que c’est moins fort qu’il y a 10-15 ans en arrière. L’esprit de la surconsommation effrénée et l’hyper-matérialisme me semblent porter atteinte à l’âme des gens et ici comme ailleurs les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais il y encore de la marge avant d’arriver à la même situation qu’en France. Les habitants sont patriotes, ils aiment leur pays et l’affichent. La ferveur religieuse est aussi très présente et importante.
Les institutions locales et fédérales sont socialement très présentes surtout auprès des enfants, écoles, bibliothèques, maison des activités de l’enfance pour les petits, maison des jeunes et du tourisme, parcs pour les enfants et installations de jeux enfantins, le sport et les installations sportives, stades, piscine, salles d’entraînement, etc. Il y a aussi des musées dont celui de la conquête spatiale et enfin le collège des Artistes et son foyer où j’habite et dont les conditions matérielles pourraient paraître spartiates pour un Européen normal. Il y a partout de grands quartiers d’isbas traditionnelles et parfois un ensemble d’immeubles au milieu. On trouve des petits magasins partout et quelques hypermarchés de types super U, et il y a aussi un club très actif d’école de pilotes de montgolfière, dirigé par Andreï Vertiproxov, ancien pilote de Mig.
Mes occupations sont diverses. J’ai fait quelques interventions dans une école locale où on y enseigne le français en deuxième langue. L’administration issue de l’époque Eltsine pousse pour l’anglais en première langue et le français ainsi que l’allemand font de la résistance. Je suis sinon fort occupé par mes démarches administratives (pour obtenir un passeport russe) et les nombreuses interviews que j’ai commencé à donner à ma grande surprise. Enfin et surtout j’apprends le russe.
Pourquoi avoir choisi une aussi petite ville, alors que généralement les étrangers s’installent plus généralement dans des grandes villes russes ?
J’aime les petites villes car la nature est à portée de la main, c’est très important pour moi. Je ne supporte plus, en France comme ailleurs, l’absurdité de la vie dans les grandes villes. Passer sa précieuse vie dans les embouteillages à dépenser une énergie de plus en plus rare, tout ça pour un travail qui ne sert qu’à perpétuer un système moribond, me parait complètement aberrant.
Mais surtout, j’ai trouvé un endroit où je me sens à ma place.
Grâce à Daria Gissot de l’association So !art qui représente la ville de Perm à Bruxelles, j’ai cet été participé à « небесная ярмака », le festival de montgolfière annuelle de Koungur. Elle m’avait souvent parlé de sa région natale et c’est un projet que nous avions depuis longtemps.
J’ai rencontré ici de nombreuses personnes avec qui je me suis profondément lié d’amitié, une équipe municipale dynamique et volontaire, ainsi qu’une population chaleureuse. Une sorte de liberté et de joie de vivre malgré les soucis quotidiens, règnent ici. Une ville, belle, historique avec un potentiel de développement important. Bref, un petit morceau de paradis, comme il en existe beaucoup en Russie.
Comment arrive-t-on de France (Lille ?) à Koungur ? Je veux dire physiquement bien sûr mais aussi mentalement ? Quelles sont les raisons ou motivations qui vous ont poussé à quitter la France ?
Et bien en voiture déjà, car je suis parti avec ce qui me semblait essentiel à emporter et j’ai traversé toute l’Europe et les pays baltes. Après, moralement, je ne sais pas expliquer comment, c’est à l’intérieur que cela se joue et je n’ai pas les mots pour le dire, il faut le vivre. Comme on dit en russe : « просто так », simplement comme ça ! Quelques habits chauds, une volonté de fer de rester et d’y vivre et une forte envie de pleurer de joie tous les jours quand je me lève et que je regarde par la fenêtre, et ce malgré les difficultés.
Les raisons sont diverses et nombreuses. D’abord je crois que fondamentalement j’ai toujours voulu habiter en Russie, donc c’est un rêve d’enfant que je devais réaliser avant d’être trop âgé. Ensuite la situation en France est devenue intenable sur beaucoup de plans. La vie est excessivement chère, cela se dégrade chaque jour et ne va pas s’arranger de si tôt, je pense même que cela va fortement se dégrader cette année. La situation économique et sociale est exécrable. Je n’y ai plus de perspectives d’emploi. Les projets et idées que j’ai eues n’ont rencontré aucun écho. Je trouve que beaucoup de gens sont fermés d’esprit, ne s’intéressent qu’à eux et sont vieux dans leur tête. Les politiques n’en ont que faire du peuple et ne vivent que pour eux et leurs petites magouilles personnelles. Il n’est pas possible de montrer qu’on aime son pays, comme en Russie. Je ne me sentais plus de rester en France. C’est mon pays que j’aime, j’aime son histoire qui me rend fier, j’aime sa culture et sa cuisine, il a été grand, mais je n’arrive plus à m’y projeter dans le futur.
Aujourd’hui, la France est un pays en faillite qui ne peut plus payer ses militaires en opération depuis 8 mois et qui fait enlever les culasses des armes quand le Président visite une caserne !
J’ai vécu une expérience intéressante l’hiver dernier qui m’a décidé à partir. En revenant d’Afrique, j’ai remarqué qu’en nous posant à Orly les mêmes gens qui étaient joyeux dans l’avion devenaient soudain apathiques comme si un couvercle leur était tombé dessus. C’est là que j’ai réalisé qu’il y avait une atmosphère particulière qui planait sur la France. J’ai eu la confirmation de ce phénomène par beaucoup de personnes qui ont voyagé ainsi que sur le blog de Pierre Jovanovic : nombreux sont ceux qui ont ressenti la même chose. Personnellement, je suis de nature joyeuse mais c’était un effort de tous les instants de ne pas être contaminé par cette apathie générale, et c’était très énergivore et fatiguant.
En Russie il y a beaucoup de problèmes à régler mais ma vie s’est transformée d’un mauvais film de série B en aventure de tous les instants. Il m’arrive ici des choses qui n’auraient pas été possibles en France !
L’image de la Russie est mauvaise, tout le monde le sait. Vous habitez dans ce pays depuis quelques mois et dans des conditions normales (pas en tant qu’expatrié) ; quelle est votre opinion sur l’image de la Russie par rapport à ce qu’est la Russie en réalité ? Ou du moins telle que vous la vivez ?
La vision médiatique est complètement fausse et n’a pas grand chose à voir avec la réalité. Il règne ici une forme d’insouciance, un joyeux bazar organisé, (les russes disent « всё нормално ! ») à tout bout de champ pour les choses un peu curieuses et il y a une envie de vivre que j’ai aussi rencontré en Afrique noire et qui a à mon avis disparue depuis longtemps de chez nous dans nos pays européens.
Sinon c’est une démocratie représentative comme les autres, ni plus ni moins avec ses particularités propres, qui sont une administration parfois lente et lourde et des différences sociales très marquées, résultat sans doute de l’hyper-libéralisation de l’économie des années 90. Les Russes sont comme les autres humains, ils y en a des bons, des très bons, des mauvais et des très mauvais, mais heureusement ceux que je connais ont un cœur « grand comme ça ».
Surtout, je m’y sens plus libre que ces dernières années en France. Il y a plein de choses, aussi simples que de se baigner librement en rivière par exemple, qui ne sont plus possible en France. Gérard Depardieu a dit : « La Russie est une grande démocratie. » La Russie est une démocratie comme la France (qui d’ailleurs a été un modèle dans la rédaction de la constitution russe) et c’est un pays à l’échelle d’un continent donc oui, techniquement c’est « une grande démocratie ».
Comparativement à la France et dans le cadre du quotidien vécu : quel est le plus grand atout de la Russie et aussi ce qu’il faut améliorer en priorité ?
Le plus grand atout, c’est la solidarité. Les Russes sont tous différents mais se sentent tous Russes dans l’âme et sont prêts à vivre ensemble et à construire une grande Russie. L’immense espace territorial est aussi un grand atout car il recèle de nombreuses ressources naturelles qui assurent à la Russie son indépendance. Il y a ici de la place pour tous et pour tout faire.
J’entends très souvent autour de moi des plaintes envers l’état des routes et la précarité des rémunérations et du système des retraites. Une autre inquiétude est la dépendance économique basée principalement sur la vente des ressources énergétiques, qui si celles-ci devaient se tarir, laisseraient la Russie exsangue. Je pense que la Russie devrait massivement investir dans les économies d’énergies et les ressources locales de production énergétique et alimentaire. Parallèlement développer un système de sécurité sociale fort sur le modèle français, modèle envié dans le monde entier et qui a été un gage de prospérité économique pendant 40 ans, jusqu’aux attaques gouvernementales de ces dernières années.
Beaucoup de Français, depuis l’affaire Depardieu, affirment à haute voix vouloir un jour devenir russes, notamment sur ma page Facebook j’ai pu le constater. Tous ne connaissent pas la Russie, mais ce pays pour eux représente quelque chose, comme une sorte de forteresse ? Êtes-vous d’accord avec cela ?
Oui en partie. Pour l’instant c’est un pays qui semble être sur une position non-alignée par rapport à l’Axe du Bien censé être le monde des démocraties occidentales. En tout cas, elle participe à l’élaboration d’un monde multipolaire favorisant l’entente des peuples et est donc gage de stabilité mondiale et de prospérité économique. Les valeurs qui ont permis aux humains de vivre ensemble y sont encore défendues.
Le même phénomène a eu lieu envers la France quand le président Chirac avait refusé de participer à la deuxième guerre en Irak. La France s’était levée contre une injustice majeure et avait suscité l’intérêt et l’admiration à travers le monde. Partout les Alliances françaises avaient été envahies par des personnes qui voulaient apprendre le français.
La Russie représente aujourd’hui un phare guidant les gens qui refusent la vision simpliste, marchande et unipolaire du monde, et qui recherchent un peu d’enthousiasme et de chaleur humaine. Elle retrouve un peu le statut qu’avait l’URSS face au modèle tout capitaliste libéral américain, mais dans un monde qui a évolué et où les repères et valeurs sont différents.
Vous avez parlé de prendre la nationalité russe ? Vous êtes donc prêt à abandonner votre nationalité française comme le prévoit la loi russe ?
Et bien, je ne suis pas un expert en droit international, mais je ne vois pas d’inconvénient à abandonner la nationalité française ! Mes meilleurs amis en France sont Belges, Polonais, Russes, Géorgiens. La France est aujourd’hui vendue à l’idée européenne qui ne reconnaît pas les nations en tant qu’entités souveraines. 90 % des lois françaises qui sont votées par le Parlement sont des lois européennes transcrites en droit français. La Commission européenne décide du budget de la France. Le drapeau français a disparu du site de l’Élysée et nos gouvernements privatisent le système des retraites et la sécurité sociale, soit le meilleur système de protection sociale que tout le monde nous envie.
La France en tant que tel pour moi n’existe plus, donc quid ? Où est le problème ?
Vous sentez-vous proche de la mentalité russe, et si oui comment la définiriez vous ? En quoi diffère-t-elle de la mentalité française ?
Oui, je me sens assez proche de la mentalité russe, qui est une forme de résignation joyeuse, « вот как мы живем » disent souvent mes amis. Voilà comment nous vivons, traduction. « C’est dur mais on est chez nous avec nos amis et cela nous plaît, que peut-on faire d’autre ? ». C’est un mélange de survie au jour le jour et de vie intense de chaque bon moment de la vie sans trop se poser de questions sur l’avenir. En tout cas en province c’est comme cela que je le ressens.
En France tout est contrôlé, aseptisé, propre, rangé, légiféré, organisé, fini ! Il est difficile de trouver de l’aventure comme c’était possible jusque dans les années 1950. Il n’y a plus de grandes causes dans lesquelles s’identifier sinon celles proposées par le monde anglo-saxon. C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup partent en vacances loin, dans des destinations exotiques et aventureuses. Moi qui ai vécu une grande partie de ma vie à Reims puis suis parti pour mon travail aux quatre coins de la France : Angers, Saumur, Toulouse, Lille, j’ai ressenti partout le même malaise d’être jeune avec peu de débouché et de faire face à cette situation nouvelle en France : l’ennui dans des grandes villes désertées à partir de 20h, les tensions avec les banlieues, l’incompréhension réciproque, etc.
Quels sont vos plans et objectifs aujourd’hui en Russie ? Que pensez-vous que la Russie puisse vous apporter ?
Dans un premier temps, je vais travailler avec les élèves de l’école de français de Perm, le temps de mieux maîtriser le russe et d’étudier le fonctionnement des structures locales. Mon expérience dans l’émission d’Andreï Makarov sur la Première chaîne m’a donné envie de participer à des émissions où il est possible de débattre calmement des questions économiques et sociales et d’apporter mon expertise, car j’ai aussi étudié l’économie politique dans un parti politique pendant cinq ans. J’écris parallèlement des articles sur la vie en Russie et aussi sur les autres sujets auxquels je m’intéresse à destination de la France.
Par la suite, je souhaiterais partager l’expérience de mes divers domaines de compétences, montgolfières, tourisme et agriculture biologique avec la Russie et principalement à Koungur. J’aimerais aider Koungur à devenir une ville modèle dans le domaine des questions d’environnement et monter une association de promotion des techniques liées à la protection de l’environnement en Oural, voire créer une maison de l’environnement et du tourisme environnemental, comme il en existe en France, associant une découverte du terroir en montgolfière. Un tel centre serait je crois un pôle d’excellence et d’attraction pour Koungur.
Il y a ici de nombreuses possibilités. Le président Poutine et le premier ministre Medvedev ont déclaré 2013 « année de l’environnement et de l’agriculture biologique en Russie », l’occasion d’agir dans ce sens est une chance dont Koungur pourrait se saisir. La ville est idéalement située dans ce cadre, au croisement de deux axes routiers importants, un axe nord/sud et l’autre faisant le lien entre la Russie européenne et asiatique. La ville est proche d’un aéroport et desservie par une ligne ferroviaire. De plus, son cadre naturel et historique, la chaleur de sa population sont tout autant d’atouts qui en font une ville attractive.
J’aimerais que la Russie m’apporte ce que la France ne permet que difficilement d’obtenir, un travail, de la reconnaissance et un terrain pour construire une maison et une famille. Mais j’aimerais surtout que ma présence ici permette à la Russie ainsi qu’à la France, deux grands pays avec des histoires communes sur de nombreux points, de mieux se comprendre et de travailler ensemble en dépassant les conflits politiques.
Merci Xavier Faure pour vos réponses, les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter votre blog, qui relate votre nouvelle vie en Russie.
Alexandre Latsa