« Bimbo », « tentatrice », « fille facile » : les émissions de téléréalité, bastions du sexisme
On ne peut qu’être d’accord avec le titre du Monde du 3 mars 2020. Cependant, à y regarder de plus près, passée la critique facile des émissions de télé-réalité notoirement débiles, et réalisées de sorte à attirer les deux publics, les jeunes idiots qui regardent avec admiration – syndrome d’identification – et les jeunes malins qui regardent au second degré – syndrome de pitié supérieure –, on peut trouver une valeur ajoutée à ce genre de production.
Les hommes et les femmes y sont caricaturaux, les femmes sont de superbes salopes débiles, les mecs de gros machos crétins, et leurs rapports sont régis par le mode de la consommation et du pouvoir. Consommation sexuelle, bien entendu, mais pouvoir des deux côtés : pouvoir physique de l’homme sur la femme, et pouvoir cérébral (ou diabolique) de la femme sur l’homme. La force contre la ruse, la puissance physique contre la manipulation psychique.
Dit de manière plus populaire, un mec peut tarter une emmerdeuse, mais une nana peut rendre dingue un mec, et le détruire. Chacun ses armes, et dans ce type d’émission, elles sont sur la table, à ciel et à cœur ouverts. Les hommes jouent de leur supériorité physique, les femmes de leur supériorité en manipulation mentale. C’est comme ça depuis le début des temps et c’est pas prêt de changer, malgré les appels à la fin des genres, malgré l’offensive LGBT, malgré la charge féministe, la déchéance du mâle, du père, du patriarcat...
Premier constat, ces émissions traitent majoritairement des querelles, clashs verbaux, et de la compétition entre candidats. Premier ressort sexiste, il y règne une « culture de la virilité » avec des hommes « forts », « musclés », qui ont « la gagne », et des femmes « considérées comme susceptibles de plaire aux adversaires et donc de créer des rivalités ».
Il est donc facile de se moquer de ces émissions de télé-réalité qui présentent en fait des stéréotypes, mais des stéréotypes traditionnels. Leur mode de relation est par conséquent un stéréotype : la femelle attirante excite la jalousie des mâles qui se battent pour elle, et elle choisit le plus fort. C’est justement ce que critiquent un membre du CSA et un membre du HCE (Haut Conseil à l’égalité), cités par Le Monde :
« Les émissions de téléréalité valorisent d’un côté l’hyperféminité des candidates et de l’autre l’ultramasculinité des candidats », constatent Brigitte Grésy, présidente du HCE, et Sylvie Pierre-Brossolette, ancienne du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et présidente de la commission « Lutte contre les stéréotypes » du HCE, dans ce travail remis lundi à la secrétaire d’État Marlène Schiappa. « De cette dichotomie découle une vision des rapports entre femmes et hommes stéréotypée et inégalitaire », où « des Don Juan dominateurs » font face à « des tentatrices », dénoncent-elles.
Par rapport au modèle prôné par le mondialisme, incarné chez nous par la Schiappa, c’est effectivement une dégradation de l’homme et de la femme, mais cela peut être vu comme une réduction à leurs différences fondamentales et symboliser la résistance à un modèle qui dégrade l’homme et la femme éternels, même s’ils sont présentés sous leur forme la plus primaire dans ces télés pour jeunes. Il s’agit donc d’un combat politique essentiel : le progressisme aux commandes veut effacer cet homme et cette femme à l’ancienne pour les remplacer par des créatures non genrées, c’est-à-dire non identifiables. Et ça, ça va être dur à vendre aux jeunes qui accrochent aux stéréotypes considérés comme rétrogrades.
« Bimbo », « cagole », « 2 de QI », « blonde un peu limitée », « fille la plus facile de France » : bien que volontaires pour participer à ces émissions, les femmes y sont « dénigrées », « souvent présentées comme stupides », et « mises en compétition entre elles », constate également le HCE, citant nombre de passages où les insultes sexistes font florès et où les propos injurieux, haineux, voire racistes, sont fréquents.
Bug dans la Matrice
On peut critiquer la vulgarité de ces émissions mais au fond, ce sont des modules et des modèles anti-mondialistes, alors que le mondialisme prône aussi l’hypersexualisation !
Dire que depuis 20 ans qu’elle existe (Loft Story date de 2001), la télé-réalité a été critiquée comme une régression, et on s’aperçoit aujourd’hui qu’elle est une résistance au néolibéralisme sexuel ! Certes, la bimbo blonde et l’Apollon qui s’accouplent n’ont pas fait Polytechnique, mais ce qui compte, c’est la défense de ce modèle amoureux, qui a pris une forme moderne très sexuelle, mais surtout très sexuée, comprendre archidifférenciée. Et c’est ça qui emmerde les tenants du changement sociétal en cours, qui voudraient féminiser les hommes et masculiniser les femmes.
On est désolés de le dire, mais les émissions de télé-réalité vulgaires qui sont regardées en masse par les jeunes forment un solide mur de résistance au progressisme destructeur des différences sexuelles.