Pour répondre à ceux qui disent et affirment qu’il faut lire le texte dans sa langue originelle, une petite leçon de linguistique s’impose.
Au début du XXè siècle, un linguiste suisse nommé Ferdinand de Saussure donne naissance à une nouvelle science : la linguistique (enfin cette discipline existait avant, mais elle était purement historique et bien peu avancée scientifiquement parlant)...
L’une des théories de base de cette nouvelle science est ce qu’on a appelé, après Saussure "l’arbitraire du signe"...
Qu’est ce que l’arbitraire du signe ? C’est assez simple.
Un signe pour Saussure a deux faces, deux côtés complémentaires : le signifiant / le signifié
Le signifiant, c’est l’aspect extérieur du mot, qu’il soit sonore ou graphique - c’est par exemple la suite des lettres c-h-a-t, ou le fait de prononcer le son cha...
Le signifié, c’est par contre le concept auquel renvoie le mot, donc ici le concept de chat (animal félin à quatre pattes qui bouffe les souris quoi...)
et Saussure remarque : on dit "chat" en Français, mais "cat" en anglais, et d’autres mots servent dans d’autre langues..."Cheval" en Français, mais "Pferd" en Allemand...et il n’y a aucune raison que "chat" exprime mieux le concept de chat que "cat"
Saussure appelle donc cela l’arbitraire du signe : le rapport entre signifiant et signifié ne va pas de soi, il est arbitraire
On aurait très bien pu décider, dans une langue, de désigner les chats par la suite de caractère "uxhsbebe", ça aurait été pareil....
Quelques années plus tard, un disciple de Saussure, Emile Benveniste, reprend la question de l’arbitraire du signe, et il découvre que Saussure s’est trompé...
Ce qui ne va pas de soi, ce qui est arbitraire, ce n’est pas le rapport entre signifiant et signifié, mais entre le signe et son référent (la chose à laquelle le mot renvoie)...
Je m’explique : il faut imagine le signe comme une feuille de papier ; si tu découpes une face, tu découpes aussi l’autre, forcément...donc la langue est une certaine façon de "découper", de catégoriser la réalité...
Ceci a été mis en valeur par les anthropologues et les ethnologues : ils se sont rendu compte que des populations esquimaux avaient par exemple 9 termes pour désigner la neige, alors que nous n’en avons qu’un
C’est pareil avec d’autres langues : les grammaires indiennes par exemple, ont un rapport totalement différent au verbe "être" par exemple
En somme, on peut déduire de tout ça qu’une langue est plus qu’un code, c’est un système