La guerre en Syrie dure maintenant depuis cinq ans. Une période qui offre le recul nécessaire pour regarder certains faits d’un œil nouveau.
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Le conflit syrien ne se joue pas qu’à coups de mitrailleuses et lance-roquettes. Dans cette guerre, la plume peut s’avérer aussi tranchante qu’une bombe amène la mort. Depuis cinq ans, ce théâtre de guerre est au centre d’une autre bataille : celle de l’information. Mêlant terrorisme, rapports de force géopolitiques, factions diverses et intérêts communs, il est bien difficile de démêler le vrai du faux. Pourtant, la plupart des médias occidentaux semblent s’être tenus à un certain arc narratif depuis le début des combats. Bachar est un dictateur sanguinaire qui réprime une révolte, il n’hésite pas à gazer son peuple et les Russes l’aident dans sa funeste entreprise.
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Les rebelles modérés
Dès le 15 mars 2011 et les premières manifestations, une majorité de médias occidentaux dépeignent le conflit comme une révolte populaire réprimée dans le sang. Lorsque cette opposition se militarise et crée l’Armée syrienne libre (ASL), on parle de « rebelles modérés ». Un terme que l’on ne cessera plus d’entendre. Les articles, analyses et autres émissions mainstream nous parlent d’une large frange de l’opposition modérée qui se battrait à la fois contre « le régime » et les terroristes. Si personne ne nie l’existence de ces combattants, de nombreux spécialistes et faits montrent que leur influence est bien faible au regard des extrémistes qui sévissent dans le pays.
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Bachar el-Assad gaze son peuple
Nous sommes le 21 août 2013. L’armée régulière et l’opposition sont engagées dans de vifs combats pour le contrôle de la banlieue de Damas. A la Goutha, une attaque à l’arme chimique fait des centaines de victimes. Pour l’opposition, le coupable est vite trouvé. Le président syrien vient de gazer son peuple. Très vite, de nombreux médias suivent et n’hésitent pas à relayer les accusations des chancelleries occidentales. Un collège d’experts de l’ONU se montre formel : les munitions ont été tirées depuis les positions du gouvernement. Bachar el-Assad a toujours nié.
Au fur et à mesure, de plus en plus d’éléments sont venus contredire cette version. Tout d’abord, en septembre 2013, le gouvernement russe affirme détenir des preuves que la responsabilité est à chercher du côté des rebelles. A la même époque, Bernard Squarcini, ancien chef du renseignement intérieur français, émet de sérieux doutes quant au rapport accusateur présenté par l’ex Premier ministre Jean-Marc Ayraut. Il le qualifie de « note de notes, pas conclusive et certainement pas suffisante ».
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Les frappes russes visent l’opposition et pas les terroristes
En septembre 2015, Vladimir Poutine décide d’accéder à la demande du président syrien et d’apporter un soutien militaire à l’armée régulière. Le but est de lutter contre les groupes terroristes. Dès le début de l’opération, les États-Unis accusent les chasseurs russes de bombarder l’opposition plutôt que les extrémistes, notamment Daech. Ils sont très vite suivis par les Européens et certains médias ne se privent pas, à nouveau, de relayer. Tout d’abord, nous avons vu précédemment que la porosité entre la nébuleuse qualifiée « d’opposition » et les groupes extrémistes est soulignée par de nombreux observateurs.
De plus, durant toute l’intervention, l’armée russe a effectué des centaines de sorties et détruits des milliers de cibles terroristes, images satellites à l’appui. Cette efficacité a même provoqué une bourde de France 2 qui, pour illustrer les succès de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, a montré des images de… frappes russes.
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Le 14 mars, Vladimir Poutine a annoncé le retrait des troupes russes à partir du lendemain. Selon lui, « l’objectif est atteint ».