Le 30 juin dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était entendu par les députés de la commission de la Défense au sujet des opérations extérieures en cours.
Même si la trêve estivale explique la publication tardive du compte rendu de cette audition, le tableau de la situation – peu encourageant – brossé par le ministre n’a que peu évolué, à l’exception de la position de la Turquie, qui participe désormais aux opérations menées par la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) tout en lançant des raids aériens contre les rebelles kurdes du PKK dans le nord de l’Irak.
Aussi, les informations livrées lors de l’intervention de M. Le Drian devant les députés donnent une vue d’ensemble sur l’appréciation qu’a la France de l’évolution de l’EI, tant au Levant qu’en Libye.
[...]
3- Situation en Syrie
La reconquête des territoires perdus en Irak sera facilitée quand la situation en Syrie se sera améliorée. Or, on n’en prend pas encore le chemin car elle « n’a jamais été aussi chaotique et la lisibilité est très faible ».
Outre le fait que l’EI y a conservé ses capacités d’actions (Palmyre) malgré l’action des milices kurdes, M. Le Drian ne donne pas cher pour la survie du régime syrien, qui « recule pour sa part sur tous les fronts, à l’est contre Daech, au nord contre les groupes insurgés alliés au Jabhat al-Nosra, mais aussi au sud, autour de Deraa ».
Et, d’après le ministre, il a « tendance, de fait, à se recentrer sur une “petite Syrie” ne correspondant même plus à ce qu’on appelait la “Syrie utile” ».
« Nous nous trouvons donc confrontés à une situation d’atomisation croissante du théâtre syrien, dans lequel aucune force ne semble aujourd’hui en mesure de prendre le dessus militairement. Tout le monde se bat contre tout le monde dans une situation de chaos, où il est parfois difficile d’identifier qui combat pour qui et contre qui », a expliqué M. Le Drian.
Toutefois, le ministre a indiqué que la France continue d’aider les « groupes identifiés comme étant liés à l’armée syrienne libre » ainsi que les Kurdes syriens, ces derniers ayant bénéficié de « livraisons d’armes au moment des opérations de Kobané de manière relativement peu visible ».