Après sa rencontre avec des représentants de l’opposition, le ministre des Affaires étrangères a indiqué mercredi que les Occidentaux étaient prêts à envisager une "autre étape" si le plan de paix échoue. Une telle action nécessiterait néanmoins l’aval de la Chine et de la Russie.
Depuis le début de la révolte en Syrie, les Occidentaux refusent tout recours à la force contre Bachar al-Assad. Ils craignent notamment qu’une telle intervention militaire déstabilise non seulement la Syrie, pays multiconfessionnel, mais tout le Moyen-Orient dans la foulée.
Alors que le plan de paix de Kofi Annan, l’envoyé spécial de l’Onu et de la Ligue arabe, semble de plus en plus menacé -les violences continuent malgré la présence de la première équipe d’observateurs-, Alain Juppé a néanmoins passé mercredi un cap dans ses menaces contre le régime.
"Le 5 mai, moment de vérité"
A l’issue de sa rencontre à Paris avec des représentants de l’opposition syrienne en exil, le ministre des Affaires étrangères a en effet affirmé que la situation actuelle "ne peut pas durer indéfiniment". "Nous souhaitons que les observateurs en nombre suffisant, au moins 300 (...) puissent se déployer dans les meilleurs délais, dans la quinzaine", a-t-il ajouté, en faisant référence à la résolution du Conseil de sécurité votée le week-end dernier et qui prévoit l’arrivée de 300 observateurs pour renforcer la petite équipe déjà sur place depuis la semaine dernière.
Alain Juppé qualifie désormais le 5 mai de "moment de vérité". Ce jour-là, Kofi Annan présentera au Conseil de sécurité un rapport sur son plan de paix. Si l’ancien patron de l’Onu livre une conclusion négative, le chef de la diplomatie française indique qu’on "ne pourra pas se laisser défier par le régime". Il annonce donc qu’il "faudra passer à une autre étape sous chapitre VII des Nations unies pour franchir un nouveau pas pour l’arrêt de cette tragédie" -le chapitre VII de la Charte des Nations Unies traite des conditions de l’action du Conseil de sécurité "en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agression".
En d’autres termes, ce chapitre aborde le recours à la force et l’intervention militaire, comme par exemple contre l’Irak en 1991 ou la Libye en 2011. Pour décider d’une telle application, il ne faut cependant pas que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité utilisent leur droit de veto. Or ce sera probablement le cas de la Russie et de la Chine, les deux plus fidèles alliés de la Syrie.