La France a-t-elle des leçons de morale à donner ?
Regardons de plus près :
A) Dès l’invasion du Koweït en 1990, l’Irak fut soumis à un embargo total. En 1996, le programme pétrole contre nourriture permit l’importation de nourriture et de médicaments, mais les sanctions continuèrent de tuer massivement (8 000 personnes chaque mois en Irak, et 30% de la population affamée). Denis Halliday (responsable de l’ONU) : « L’imposition de sanctions à l’Irak, décidée par le Conseil de sécurité des Nations unies, peut se comparer à une guerre non déclarée. Pour la population, les résultats sont les mêmes : mêmes destructions de son bien-être, même hypothèque sur son avenir ». Cet embargo trahissait en tout point la quatrième Convention de Genève (du 12 août 1949), relative à la protection des personnes civiles (et qui est actuellement en vigueur). Citons Wikipédia : « Avec cette convention, les civils sont clairement protégés de tout acte hostile : ils ne peuvent être pris en otage, pour par exemple servir de boucliers humains, toutes les mesures de représailles visant les civils ou leurs biens sont strictement interdites, les punitions collectives sont strictement interdites (article 33), l’armée qui occupe un territoire où vivent des civils doit assurer leur protection (…) La violation de certaines, qui constitue une "infraction grave", correspondant à un crime de guerre. Ces violations sont : ... le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé ». Cet embargo contre l’Irak, c’était "prendre en otage" une population civile pour "faire tomber un dictateur". Il s’agit bien d’un crime de guerre et dans son sens le plus exact. L’UNICEF évalua à 1.300.000 le nombre d’enfants irakiens morts à cause de l’embargo, et selon Madeleine Albright "500.000 enfants morts en valait la peine".
B) Je considère comme une faute morale majeure de : 1) dénier à la Russie le fait historique d’être chez elle en Crimée (en 1792), 2) trahir la parole de la France en ne livrant pas les deux navires de type Mistral, 3) d’hypothéquer la paix en Europe avec des sanctions destinées à acculer la Russie, suivant en cela la politique belliqueuse des USA.
En dernier recours, il est toujours loisible d’imaginer que l’indignation soit de pure forme - pour ainsi dire donner le change aux Américains - que la visite ait été en réalité préparée par le Gouvernement et le renseignement français.
Répondre à ce message