Dans nombre de mes articles précédents, j’ai tenté de montrer que les terroristes qui ont commis les atrocités récentes aux États-Unis, en Europe et ailleurs n’étaient vraiment pas du tout motivés par des valeurs islamiques et que les dirigeants de l’Empire anglosioniste essaient de créer un récit de choc des civilisations, dans lequel le monde occidental et le monde musulman sont en train d’entrer en collision.
La façon dont ils le font est simple : ils identifient des individus psychologiquement faibles, les types dont les sectes religieuses ont toujours fait leur proie, puis ils leur fournissent une mince couche de pseudo-islam pour rationaliser leur aliénation et leur donner un prétexte idéologique pour attaquer et assassiner des membres de la société qu’ils haïssent tant. Ma preuve est simple : si vous observez ce que nous découvrons sur les auteurs, vous verrez que ce sont typiquement des gens pratiquant la promiscuité sexuelle, souvent des homosexuels, qu’ils boivent, recourent à des prostitué(e)s et s’engagent dans de nombreuses activités catégoriquement interdites dans l’islam. En plus, dans la plupart des cas, les auteurs de ces crimes n’ont même pas un niveau d’éducation intermédiaire à l’islam et leur islamisme nouvellement découvert est soit trouvé dans les médias sociaux, soit le résultat d’un éventuel voyage dans un pays musulman. Bref, ces prétendus terroristes islamistes ne sont pas tant des musulmans que votre genre habituel, votre variété locale de perdants mal adaptés, de types frustrés et malheureux, affligés d’un psychisme faible et d’un désir de vengeance.
Chaque fois que j’ai écrit ça, j’ai été accusé de blanchir l’islam ou de nier l’évidence : que l’islam est agressif et une menace pour le monde occidental. La première forme est une accusation ad hominem assez brutale, utilisée pour éviter de discuter du problème et le réduire totalement à mes prétendues sympathies à l’égard de l’islam. Et puisque les accusations ad hominem ne peuvent pas être contestées logiquement, je me concentrerai plutôt sur la seconde : que l’islam est une menace pour le monde occidental.
Commençons par quelques notions de base. L’islam est une religion extrêmement diverse, qui a été adoptée au fil des siècles dans des pays allant du Maroc à l’Indonésie. Parler d’islam sans y ajouter un qualificatif plus précis est tout simplement absurde. De même qu’il serait ridiculement injuste de mettre dans le même sac les chrétiens orthodoxes et les croisés papistes (ne serait-ce que parce que les premiers ont aussi été victimes des seconds), il est ridiculement abusif de mettre les fous takfiris de Daech ou d’al-Qaïda dans le même sac que, disons, les chiites (ne serait-ce que parce que, dans ce cas, ces derniers ont été victimes des premiers).
En outre, le genre d’islam militant que nous affrontons aujourd’hui est une variante tout à fait unique et distincte de l’islam. Comme je ne suis pas moi-même musulman, je pourrais bien me tromper dans mes conclusions (lecteurs musulmans, corrigez-moi si nécessaire, s’il vous plaît !), mais autant que je puisse le dire, le genre d’islam militant qui inspire al-Qaïda, Daech et les autres cinglés takfiris a ses racines dans l’idéologie de Mohammed ibn Abd al-Wahhab et Mohammed ibn Saoud, qui ont tous deux posé les fondations de l’État saoudien. Et tandis que cette idéologie, le wahhabisme, emprunte des éléments aux enseignements du savant du XIVe siècle Ibn Taymiyyah, elle était, du moins au début, limitée aux diverses tribus vivant dans la péninsule Arabique et n’avait que très peu d’influence sur le reste du monde musulman. En d’autres termes, le wahhabisme était un phénomène local limité à la péninsule Arabique, au moins jusqu’à ce que les Américains décident de la déchaîner contre les Soviétiques en Afghanistan (davantage à ce sujet ci-dessous).
Le second type d’islam qui a inspiré diverses organisations terroristes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est basé sur les idées de Sayyid Qutb, un écrivain égyptien dont les idées ont eu une influence majeure sur les Frères musulmans, qui jouent aujourd’hui un rôle important dans de nombreux pays comme l’Égypte, la Turquie et de nombreux autres. Certains ont tenté de relier ce que j’appellerais le qutbisme aux Kharidjites du IXe siècle, mais cela me semble exagéré : le qutbisme est une idéologie très moderne, développée en réaction à l’État moderne laïque.
Il y a plusieurs différences majeures entre le wahhabisme et le qutbisme (comme par exemple le fait que le premier est profondément réactionnaire et le dernier beaucoup plus progressiste), mais leur caractéristique commune essentielle est qu’ils sont tous deux profondément révolutionnaires. C’est l’une des choses qui sont le plus souvent négligées : le zèle révolutionnaire du wahhabisme et du qutbisme est principalement dirigé vers les pays et les sociétés musulmanes existantes et non vers le reste du monde.
Je dirais qu’exactement de la même manière que le virus Ebola a existé depuis longtemps dans les grottes des chauve-souris du Kenya, le virus wahhabite est resté confiné dans les déserts du Royaume d’Arabie saoudite, jusqu’à ce que certains esprits particulièrement déments aux États-Unis (emmenés par Zbigniew Brzezinski, un authentique maniaque) aient décidé de lâcher le virus wahhabite contre les Soviétiques en Afghanistan.
Voici ce que la CIA a fait : elle a 1) fédéré divers groupes musulmans extrémistes en un seul mouvement 2) elle a utilisé l’argent et la propagande saoudienne pour les organiser et 3) elle leur a donné des armes. Beaucoup d’armes.
Lire la suite de l’article sur lesakerfrancophone.fr
Sur la stratégie du choc des civilisations,
lire chez Kontre Kulture