En déclarant le 3 juin dernier l’intention du Groupe Orange de se retirer d’Israël, son PDG, Stéphane Richard, déclenche un tollé et s’est vu demander des excuses publiques.
En effet, le lendemain matin, Yossi Gal, l’ambassadeur d’Israël à Paris contactait l’Élysée, le quai d’Orsay et le ministère de l’Économie afin de réclamer une « clarification » des propos tenus la veille par Stéphane Richard : « Notre ambassadeur [en France] s’est adressé aux autorités françaises pour obtenir des explications », a déclaré Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère des Affaires étrangère. Et d’ajouter « Nous attendons des excuses de la part d’Orange. »
Alors que l’ « affaire » faisait la une des journaux en Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a appelé l’État français à « répudier publiquement la déclaration et l’action misérables [et non malheureuses comme traduit sur Boursorama] d’une société ». Même son de cloche du côté du président Reuven Rivlin : « De façon inquiétante, je n’ai toujours pas entendu de la part des dirigeants français, comme cela a été le cas en Grande-Bretagne, de condamnations des remarques faites par le PDG de France Télécom. »
Se faisant comme toujours l’écho du gouvernement israélien, le CRIF a immédiatement demandé des « clarifications » au PDG d’Orange, arguant qu’un retrait de l’opérateur serait « contraire à la morale et l’éthique ».
Dans un communiqué publié hier après-midi, Orange a tenu à préciser qu’il n’est « pas opérateur en Israël », soulignant n’avoir « aucune influence sur la stratégie ou le développement opérationnel » de Partner : « Orange ne souhaite pas maintenir la présence de la marque dans les pays où il n’est pas ou n’est plus opérateur », a simplement fait savoir le groupe. En effet la société Partner Communications Company utilise la marque Orange sous licence pour ses services de téléphonie mobile en Israël ainsi que dans les colonies illégales de Cisjordanie. Une utilisation de son image de marque qui devient de plus en plus encombrante pour Orange, surtout depuis que l’été dernier, Partner a parrainé un bataillon de chars qui a participé aux exactions les plus sanglantes pendant les massacres à Gaza.
Finalement, en toute fin d’après-midi, le directeur-général adjoint d’Orange, Pierre Louette, a précisé qu’Orange n’entendait pas couper tous ses liens avec Israël. Et vendredi, selon des propos rapportés par la presse israélienne, Stéphane Richard faisait presque téchouva :
« Ceci n’a rien à voir avec Israël, nous aimons Israël, nous sommes présents en Israël, sur le marché des entreprises, nous investissons dans l’innovation en Israël, nous sommes les amis d’Israël, donc cela n’a absolument rien à voir avec un quelconque débat politique, auquel je ne veux pas prendre part. »
Le lobby ira-t-il jusqu’à lui soutirer des excuses ?