Stéphane Hessel, pionnier de l’ONU et Européen convaincu, auteur du livre "Indignez-vous" qui a inspiré le mouvement "Occupy Wall Street" et rencontré un succès phénoménal, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi. L’ancien diplomate, déporté, résistant et activiste était âgé de 95 ans.
Homme de gauche et européen convaincu, Stéphane Hessel était connu pour ses prises de position engagées. Depuis sa retraite en 1983, il était resté très actif en publiant nombre d’ouvrages. Mais c’est son petit manifeste "Indignez-vous !" qui en a fait une star.
Ce livre défendant l’esprit de résistance s’est vendu depuis octobre 2010 à quelque 4,5 millions d’exemplaires dans le monde et a été traduit en 30 langues.
Affable et élégant
Cet ouvrage a coïncidé avec le Printemps arabe qui a vu la chute de plusieurs régimes dictatoriaux. Le terme d’"indignés" a été repris en Occident par des manifestants, notamment en Espagne et en Grèce. Son pamphlet avait aussi inspiré le mouvement "Occupy Wall Street" à New York.
Toujours prompt à se mobiliser, cet homme affable, à l’extrême courtoisie, avait suivi avec passion le Printemps arabe. "Tunisiens et Egyptiens ont montré "l’islam moderne est parfaitement compatible avec une démocratie laïque", assurait-il en mars 2011.
Enthousiaste comme à vingt ans, il se réjouissait que son message recueille le soutien des jeunes. "Ce succès foudroyant est encore un étonnement pour moi mais cela s’explique par un moment historique. Les sociétés sont perdues, se demandent comment faire pour s’en sortir et cherchent un sens à l’aventure humaine", confiait-il en mars 2012.
Droits de l’homme
Né allemand le 20 octobre 1917 à Berlin, arrivé en France à 7 ans, diplômé d’études supérieures de philosophie, il rejoint les Forces françaises libres en 1941. Arrêté par la Gestapo, il est déporté en 1944 à Buchenwald puis à Dora.
A la Libération, il devient détaché au secrétariat général de l’ONU (1946-1951) et participe à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a salué la mémoire de l’intellectuel. Il l’a qualifié de "grand Européen, toujours engagé, jamais satisfait, mu par un esprit de combat et de liberté".