Sur le front diplomatique, les rebelles libyens du Conseil national de transition (CNT) ont enregistré quelques progrès au cours de la semaine écoulée, avec notamment leur reconnaissance comme interlocuteur légitime par la Chine, qui jusque-là, soutenait le régime du colonel Kadhafi.
En revanche, sur le terrain, les rebelles n’avancent pas. La situation n’a pas bougé dans l’est du pays depuis l’intervention de l’Otan et le front s’est figé vers la région de Brega. Un chef insurgé, le colonel Ahmed Omar Bani, a d’ailleurs demandé à l’Alliance des armes et des systèmes de communication. A l’ouest, où l’Etat-major des armées à Paris avait confirmé, la semaine passée une progression des rebelles, aucune évolution notable n’a été constatée.
A cela s’ajoute, outre les interrogations exprimées ici ou là sur un éventuel « enlisement » (une guerre d’usure, qui plus est aérienne, est, par définition longue…), les désaccords au sein de l’Otan sur la conduite des opérations. Ainsi, après que l’Otan a reconnu sa responsabilité dans deux « bavures », l’une concernant des rebelles visés par erreur à Brega, l’autre la mort de 9 civils à Tripoli dans des dommages collatéraux, l’Italie a demandé, par la voix du chef de sa diplomatie, Franco Fratini une pause afin « d’éviter ce que le CNT craint, à savoir une consolidation de la partition en deux de la Libye » et permettre « une aide immédiate » à destination des populations civiles.
« J’apprécie les efforts du gouvernement italien pour faire cesser les violences (…) et je souhaiterais bien avoir un cessez-le-feu (pour permettre) le passage de l’aide humanitaire » a répondu le général canadien Charles Bouchard, le commandant de l’opération Unified Protector. « Il faut aussi s’assurer que ça ne devienne pas l’occasion pour les forces de Kadhafi de bouger de l’équipement, de bouger des troupes vers l’avant » a-t-il ajouté.
Cette position du commandant d’Unified Protector est partagée par la France. Au cours de la période allant du 16 au 22 juin, l’aviation française a maintenu le rythme qui est le sien depuis le début des opérations, en effectuant 240 missions, dont 122 d’attaque au sol, auxquelles s’ajoutent les 29 sorties du groupe aéromobile (Tigre et Gazelle) embarqué à bord du BPC Tonnerre . Selon l’Etat-major des armées, une soixantaine d’objectifs ont été détruits, dont une vingtaine d’installations militaires et une quarantaine de véhicules blindés et de pièces d’artillerie, notamment dans les régions de Misrata, Tripoli, et Zlitan.
Quant au Royaume-Uni, qui est, avec la France, au premier rang de l’affaire libyenne, le coût de l’intervention militaire a été évalué à 260 millions de livres (281 millions d’euros) pour 6 mois d’opérations, dont 140 millions concernent le remplacement des munitions utilisées.
Cette estimation, qui pourrait cependant être moins importante si jamais le colonel Kadhafi quitte le pouvoir dans les jours, voire les semaines qui viennent, a été annoncée alors que de hauts responsables de la Royal Navy et de la Royal Air Force ont émis des doutes quant à la capacité de leurs troupes à mener à bien les missions qui leur sont confiées avec les réductions budgétaires (-8%) auxquelles elles doivent faire face.