Nouveau rebondissement dans l’affaire Wildenstein : selon la revue Challenges, le juge financier Guillaume Daïeff à découvert en décembre dernier que les Wildenstein dissimulaient de nombreux tableaux de maîtres via un trust offshore aux Bahamas, dont la valeur était estimée à plus d’un milliard de dollars en 2001 lors décès du marchand d’art Daniel Wildenstein.
Son principal héritier, Guy Wildenstein [photo], ami de Nicolas Sarkozy, membre du Premier cercle, le club des plus gros donateurs de l’UMP, risque un lourd redressement fiscal aux États-Unis où il réside. Le procès des Wildenstein pour fraude fiscale doit s’ouvrir en France au début de l’année 2016. En 2001, à la mort de son père Daniel Wildenstein, la déclaration officielle de succession avait fait état d’un patrimoine de 44 millions d’euros à peine.
Véritable feuilleton, l’affaire débute en 2009, lorsqu’une première plainte à propos de l’héritage est déposée par Sylvia Roth, dernière épouse de Daniel Wildenstein. Selon la veuve, décédée en 2010, une partie du patrimoine a été dissimulée dans des paradis fiscaux (sur le sujet, on lira L’affaire Wildenstein. Histoire d’une spoliation, paru en 2013). Au cours de différentes enquêtes, le fisc avait déjà découvert des biens dissimulés dans plusieurs trusts aux Bahamas et sur l’île de Guernesey, avec notamment des œuvres de Fragonard, Picasso, Courbet ou encore 19 tableaux de Bonnard. Composée entre autre de milliers de toiles de maîtres, la fortune de Daniel Wildenstein est estimée à environ 4 milliards d’euros.
Ces nouvelles révélations relancent les questions posées en 1995 par Hector Feliciano. Dans son livre Le Musée disparu, le journaliste étasunien dénonçait un accord passé en 1940 entre le responsable des achats d’œuvres d’art pour le compte des nazis, Karl Haberstock, et certains marchands d’art, dont le grand-père de Guy Wildenstein, George Wildenstein :
« Après l’Armistice [1940 NDLR], Georges exploite discrètement ses contacts au sein de la haute hiérarchie nazie pour conclure de nombreuses ventes en France pendant l’Occupation. »
Une accusation qui poussera le Congrès juif mondial à inscrire George Wildenstein sur la liste des deux mille personnes suspectées d’avoir participé au pillage d’œuvres d’art pendant la Seconde Guerre mondiale.