Dans la nuit du 24 au 25 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution présentée par les États-Unis pour lutter contre les combattants terroristes étrangers. Tout en soutenant officiellement la résolution, la Russie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a adressé des critiques à peine voilées aux États-Unis sur l’intervention en Irak et en Libye et l’aide fournie aux extrémistes syriens :
« Le terrorisme se renforce sur les plans idéologique et matériel : il se consolide grâce au crime organisé international, se finance sur le trafic de drogue et les gisements de pétrole dont il s’est emparé, se nourrit des idées extrémistes, notamment confessionnelles et ethniques. Le terrorisme s’entrelace dans le tissu des conflits régionaux.
L’EI, le front al-Nosra et d’autres groupes terroristes sont depuis longtemps arrivés à maturité au Proche-Orient. Ils ont intensifié leur activité criminelle grâce à l’affaiblissement – non sans intervention extérieure – des institutions étatiques et à divers soutiens étrangers. Ayant uni leurs forces, les mouvements extrémistes mettent en péril l’avenir de pays entiers – c’est évident dans le cas de l’Irak, de la Libye et de la Syrie, mais ils menacent également le Liban, le Yémen, le Mali et la République centrafricaine.
La Russie continue d’encourager une coopération internationale accrue pour éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes, ainsi que de soutenir le refus du “deux poids, deux mesures” et de la classification des terroristes entre “bons” et “méchants”. Il est crucial que tous les États exécutent scrupuleusement les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU qui exigent de renoncer à toute incitation au terrorisme et de fermer les canaux du trafic de pétrole, qui imposent des sanctions aux talibans et à Al-Qaïda, et qui interdisent la circulation d’armes depuis la Libye. Nous avons soutenu la résolution 2170, qui vise à durcir les sanctions contre les terroristes opérant en Syrie et en Irak.
Ces exemples illustrent la capacité du Conseil de sécurité à s’entendre sur des questions capitales et à prendre des décisions concertées, appuyées sur la Charte des Nations Unies.
L’intervention en Irak, les bombardements en Libye et le soutien extérieur aux extrémistes de Syrie ont exacerbé le problème des étrangers qui combattent aux côtés des organisations terroristes dans de nombreux pays du Proche-Orient, en Afrique et à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. Il est nécessaire d’adopter ici une approche coordonnée, qui engloberait les aspects financiers, administratifs, sociaux et idéologiques de ce problème et garantirait le respect de la souveraineté de tous les États.
Nous avons appuyé l’initiative de la présidence américaine auprès du Conseil de sécurité pour l’adoption d’une résolution visant à “priver d’oxygène” toute activité des combattants terroristes étrangers.
Par ailleurs, nous aimerions mettre en garde contre la tentation de simplifier le problème – parce que l’“État islamique”, avec son idéologie barbare et ses exécutions abominables de journalistes, est loin d’être la seule menace pour cette région du monde.
Il faut examiner le problème du terrorisme de façon exhaustive, dans toutes ses dimensions au Proche-Orient et en Afrique du Nord. Nous proposons la création, sous l’égide de l’ONU, d’un forum représentatif impliquant la participation des pays de la région, de l’Union africaine, de la Ligue arabe, des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres parties intéressées. Ce forum devra également aborder les conflits de longue date, principalement le conflit israélo-palestinien. La persistance depuis plusieurs décennies de la question palestinienne est précisément, comme chacun sait, une des raisons principales pour lesquelles les terroristes bénéficient de “soutien moral” à travers la planète et sont rejoints par de plus en plus d’individus.
Nous appelons à prêter attention aux racines profondes des problèmes de la région et à éviter de ne réagir qu’à leurs symptômes. Nous sommes prêts pour une coopération d’égal à égal, commençant par une analyse commune et honnête de la situation, afin de comprendre l’origine de ce chaos et les moyens d’en sortir. »