Le scénariste François Durpaire et le dessinateur Farid Boudjellal (le frère du président du club de rugby de Toulon, grand adversaire du FN) viennent de sortir une BD qui fait déjà sensation : La Présidente .
On y voit Marine Le Pen prendre le pouvoir, les immigrés rentrer chez eux, la France sortir de l’euro, Zemmour diriger Le Figaro, et France Télévisions émettre dans la clandestinité... On y croit !
Critiquant le FN, Durpaire et Boudjellal sont automatiquement invités le 12 novembre chez Maïtena Biraben, l’attachée de presse blonde de Canal+, dans une émission intitulée Le Grand Journal, assez peu regardée.
Biraben attaque : « Pourquoi décider de faire de cette histoire une bande dessinée, parce que c’est possible ? parce que c’est effrayant ? parce que c’est inacceptable ? dérangeant ? parce qu’on est, tout ça en même temps ? »
Durpaire contre-attaque : « Moi je m’amuse pas à faire une BD pour dire c’est possible, moi je pense que Marine Le Pen sera-t-élue dans 18 mois, sauf que je ne confonds pas le futur et le présent, donc je dis y a encore moyen de faire quelque chose avant cette échéance. »
Le sérieux du scénariste et ses arguments portent : la mâchoire de Maïtena se décroche, des visages se figent d’angoisse dans le public. Pendant le débat, le réalisateur fait défiler des planches de la BD, montrant (ou dénonçant) les membres potentiels d’un gouvernement Longuet (Gérard), et les sympathisants ou proches du FN, à la fameuse garden-party.
Soudain, le choc dans le choc : pour des journalistes de Canal+, c’est déjà pas facile d’avaler la victoire du FN en 2017, mais voir Soral et Dieudonné boire du vin et du champagne, aux côtés de Jean Roucas (qui s’est d’ailleurs éloigné du FN, depuis que ses salles se vidaient), c’est carrément le monde à l’envers !
Heureusement, le scénariste atténue la violence des images en mettant dans la bouche des deux compères des propos qui relativisent leur proximité avec Marine Le Pen. Comprendre par là que Soral et Dieudonné sont infréquentables, même pour les infréquentables que sont les officiels du Front national ! Des infréquentables au carré, en quelque sorte, pour ceux qui auraient fait des maths.
D’un pur point de vue graphique, Jean Roucas est bien rendu, avec un air triste jospinien, Soral fait très méchant, et Dieudonné diabolique. Ouf, Durpaire et Boudjellal viennent de gagner la Carte, qui donne accès à tous les plateaux télé et radio, Patrick Cohen et Michel Drucker inclus.
Quand Biraben tente de l’embrouiller un peu, genre tu serais pas un peu FN toi aussi, Durpaire insiste bien sur le fait qu’il n’est pas du tout séduit par la montée du FN, alors que ses mots prouvent qu’il est rien moins que fasciné par ce bouleversement politique :
« Le Front national, au premier tour des Européennes de 2014, met 10 points dans la vue au parti de gouvernement qui est le Parti socialiste, et 5 points dans la vue au parti Républicains d’opposition. Et ensuite vous avez un certain nombre d’articles qui expliquent que le Front national n’est pas le premier parti de France… Mais en quoi ça va les empêcher de gagner la présidentielle ? C’est pas une sénatoriale, la présidentielle. C’est la rencontre d’une personne avec le peuple français, et dire cela, ce n’est pas dire qu’on est membre du Front national… Dire que le Front national séduit, ce n’est pas dire qu’on est séduit soi-même par le Front national, ça veut dire qu’il y a quelque chose qui est en train de monter, il reste 18 mois, on a fait cette BD pour alerter, d’ailleurs au début on a essayé vraiment d’avoir des dialogues extrêmement simples pour que les jeunes arrivent sur les premières pages, l’histoire du Front national, c’est quoi le Front national… »
Boudjellal, que tout le monde avait oublié, sort de sa léthargie et intervient : « Moi j’ai été invité à la garden-party dans les années 80, sous Mitterrand, et je sais qu’on y boit bien et on y mange bien. »
Biraben, en sandwich entre terreur et fascination, prépare ses arrières : « La conclusion est d’une très grande violence, la dernière page, vous dites finalement la présidente ne sait pas quoi faire. Mais l’ignorance en politique est-ce que c’est le monopole du Front national ? »
Résumé du scénario de la BD dans cet article du Point, où la gauche joue les persécutées (alors que le pouvoir socialo-sioniste persécute aujourd’hui E&R) : Les 100 jours de Marine Le Pen.
Le Grand Journal est ici, le débat sur le FN commence à la 18ème minute exactement :
Le FN, une affaire de famille, chez les Boudjellal :