Foued Mohamed-Aggad, 23 ans, est l’un des assaillants du Bataclan. Parti faire le djihad en 2013, ce Strasbourgeois a correspondu avec ses proches depuis la Syrie. Des échanges édifiants révélés par Le Monde.
30 novembre 2015. Deux semaines après les attentats de Paris, Fatima H. reçoit ce SMS lapidaire. « Ton fils est mort en martyr le 13 novembre ». Par ce message glacial, cette femme de 48 ans apprend la mort de son fils, Foued Mohamed-Aggad, au Bataclan.
Dans une longue enquête, Le Monde retrace l’itinéraire de l’un des membres des commandos de Paris. Foued est parti faire le djihad fin 2013 avec plusieurs jeunes de Strasbourg. Après quatre mois en Syrie, tous sont rentrés dans l’hexagone et seront jugés à partir du lundi 30 mai.
« Tu crois que je suis dans "Koh-Lanta" ou quoi ? »
Tous, sauf Foued. Durant deux ans, le jeune homme a échangé avec ses proches et leur a décrit la vie au sein du groupe État islamique. Cette correspondance qui court jusqu’en juillet 2015 est édifiante. Elle rend compte de la trajectoire fatale du jeune homme happé par le djihad, après avoir cherché sa place en France – il a été recalé à l’armée.
La correspondance débute en mars 2014. Foued Mohamed-Aggad ne fait pas mystère de ses intentions. Alors qu’il tente de convaincre une femme de le rejoindre en Syrie pour l’épouser, il lui confie : « Si je rentre en France c’est pas pour aller en prison. C’est pour tout exploser alors me tenter pas trop a rentrer et laisse moi ou je suis je suis très bien ». Il ira à la rencontre de sa promise, Hadjira, quelques jours plus tard.
En parallèle, le jeune homme gravit les échelons de l’EI. Les tentatives de son frère pour le ramener à la raison restent vaines. « Tu crois que je suis dans "Koh-Lanta" ou quoi ? Pourquoi retourner dans un pays ou je sais que jvs tomber dans la dounia [le monde matériel] ? », lance-t-il à Karim, dernier de la bande des Strasbourgeois à quitter la Syrie.
En mission avec « dix frères »
« Mais ça va pas ! Arrête maintenant. C’est bon là », lui répond Fatima. La mère de Foued espère voir son fils revenir. La détermination de Foued semble sans failles.