Qui se sent visé se mouche, dit le dicton. Beigbeder vient mettre son museau surschnouffé dans le débat sur les César, il a le droit, c’est open bar en ce moment. Mais qu’il arrête avec sa leçon de morale inversée, sa condamnation du « rire dictatorial » (incarné par Foresti le soir de la cérémonie) : c’est la seule arme qui reste à ceux qui ont été désarmés par le pouvoir.
L’avocat Beigbeder était sur Europe 1 le 5 mars 2020 pour défendre le Mal. Il a bien choisi son camp, et il va avoir du mal à le défendre. Avec les affaires Weinstein, Epstein, Polanski, Balkany, Bruel et Elmaleh – toutes différentes mais toutes symboliques, symboliques d’une élite au-dessus des lois –, les affaires qui défrayent actuellement la chronique, le dossier est lourd, très lourd. Et les obligés ne se précipitent pas pour soutenir leurs maîtres, car c’est la crémation médiatique assurée sur les réseaux sociaux, la nouvelle opinion. Les obligés ne se précipitent pas, sauf ceux qui ont quelque chose à perdre. On les appelle les collabos.
La fracture sioniste
Beigbeder, lui, a tout, les putes et la coke en prime, on – le Système – lui refile des émissions de télé à 29 000 euros par mois (en 2002 sur Canal+), des chroniques radio (en 2018 sur France Inter) dont il n’a rien à foutre parce que, voyez-vous, c’est un nonchalant, un facile, un dandy. Nous, on est des besogneux, on bosse dur pour gagner notre pain, on n’a pas ses chances, on doit tout arracher à l’adversité pour survivre, alors son couplet d’indigné le cul bien au chaud, il ne touchera personne en bas lieu.
Qu’il aille baiser avec ses potes (les noms en Financement participatif !) ses putes en burqa, le dernier fantasme du dominant qui s’emmerde au lit. Il n’y a plus que la subversion à deux mille balles qui fasse bander ces satisfaits, la prochaine étape ce sera les mômes, comme Gabriel.
[Archive] Beigbeder et Matzneff sur les petites filles de 12 ans. pic.twitter.com/Dyjnn71QSj
— Sébastien (Loc) Nguyen (@Seb_Ngu) March 5, 2020
Nous, on n’est pas là pour juger, juste pour dire qu’on aimerait bien se faire servir une chronique au petit déjeuner sur la radio publique, pensez-vous, deux ou trois millions d’auditeurs, de quoi faire passer des messages. Mais le nôtre ne passe pas, halte là, Kiri Kiri est là, l’eau tiède c’est pas la culture maison, ce serait plutôt la douche, et la glacée, celle qui fait trépigner-gueuler sur place, comme à chaque fois qu’on sort une petite vérité et que la bienpensantosphère s’indigne.
C’est ainsi : gros message, petit micro ; petit message, gros micro.
Maintenant, passons à l’indignation de Gontran Bonheur (c’est le canard dans Picsou Magazine qui a le cul bordé de nouilles, les fées topless à la naissance, tout le contraire de Donald, le mec qui en chie, le guerrier malheureux du quotidien, nous quoi) :
« La cérémonie des César a confirmé de manière particulièrement répugnante tout ce que je dénonce dans mon livre sur le rire dictatorial… »
Comme si les humoristes avaient du pouvoir… Inverseur ! Du bourreau faire la victime et de la victime le bourreau, comme les obligés Lambert Wilson, Éric Naulleau ou Stéphane Guillon, eux aussi le cul bien au chaud, mais la chaise commence à chauffer dangereusement sous tous ces collabos…
Le vrai pouvoir, il ne le nomme pas, ce gros lâche, Foresti l’a effleuré avec humour, en mettant de grosses pincettes sans rire, Epstein-Weinstein-DSK, qu’est-ce qu’on y peut si ces salauds sont tous du même camp (celui de l’élite), c’est de notre faute ? Et pourquoi « salauds » ? Relire Sartre, le bourgeois anti-bourgeois, mais surtout les dossiers à rallonge et les casiers judiciaires de ces intouchables…
Décidément, les couilles, c’est pas ce qui pullule au sommet, au sommet de la culture française s’entend.
« Une soirée qui devait être un hommage au cinéma est devenue un festival de stand-up pitoyable, une meute de hyènes en roue libre. Chacun y a été de son sketch pas drôle… »
Parce que l’humour de Beigbeder est supérieur à celui de Foresti ? Elle a tenu quatre heures debout sans dopage devant une salle hostile dans une ambiance mortuaire, y avait qu’à voir la tronche de Karin Viard, le masque de l’Incompréhension, l’actrice française pétrifiée dans un point d’interrogation... Même pas un rire, un sourire !
« …comme dans un spectacle du Club Med… »
Toujours le mépris (mais pas de Godard, qui reste assez antisioniste), le rabaissement, la beaufisation, et bientôt l’antisémitisme au secours des puissants, comme d’habitude, la scie du XXIe siècle, le refrain des gros sabots, mais pas ceux des déportés, on parle bien des exploiteurs, là, pas des exploités.
« Où est passé le cinéma ? Cette pauvre Florence Foresti qui s’est fait connaître par des imitations en costume chez Ruquier se prend désormais pour une grande intellectuelle… »
On peut lui retourner le compliment, car on cherche encore l’apport de Frédéric Beigbeder dans le domaine des idées…
« ...obligée de dispenser son opinion sur le bien et le mal... »
Eh oui, malgré les frontières que Beigbeder et ses frères de sang bleu voudraient effacer, eux qui n’en voient pas l’utilité parce qu’ils jouent à saute-mouton par dessus, il y a encore un Bien et un Mal, il n’y a qu’à demander aux Gilets jaunes, à ceux qui souffrent… Et qu’on le veuille ou non, le Bien ce soir-là, ce fameux 28 février 2020, à marquer d’une pierre blanche – ou noire (pensons aux minorités) –, il était du côté de Foresti, et tous ceux qui la lynchent depuis se mettent eux-mêmes de l’autre côté, tout simplement.
Le tournant de Stalingrad
On n’ira pas plus loin, 59 secondes d’inversions, c’est déjà beaucoup. On a tous compris : Beigbeder a « le cul merdeux », selon l’expression de Fourniret, le violeur au subjonctif, il doit donner des gages, monter en première ligne pour défendre le lobby – ici on passe pas par les 4 chemins d’Aubervilliers – car les Enthoven, les BHL, les Glucksmann y sont tous allés. Et ils ont été reçus !
Mais les goyim, même les plus soumis ou les plus chantagés, hésitent. Il faut un très gros flingue sur la tempe pour décider les plus lâches à monter au lynchage :
« Ma tête va être mise à prix après ça, m’en fous parce que je suis pas sur les réseaux sociaux, donc je pense que je peux être sincère »
Cela vaut-il le coup de se mouiller pour l’Occupant en 1943, après Stalingrad ? On n’ira pas jusqu’à dire que la soirée des César 2020 a été un Stalingrad pour le lobby, mais presque ! Presque est le surnom donné au jeune Maya « Patte de Jaguar » par les tueurs sanguinaires envoyés par l’Empereur, Dieu vivant, enlever des villageois pour les réduire en esclavage et en faire accessoirement de la pâte de sacrifice humain. Nous voilà dans Apocalypto, de Mel Gibson, un film à double lecture... et la boucle est bouclée.
On a dans l’idée que Patte de Jaguar n’est pas très content que les envahisseurs de la Grande Religion, celle des sacrifices humains, viennent le faire chier dans sa forêt…
Bonus : le shabbat goy Yann Moix monte en première ligne !
Yann Moix s'en prend à Florence Foresti :
"Intellectuellement, Florence Foresti n'est pas quelqu'un de structurée, c'est pas en accusant des juifs qu'on va pouvoir aider les femmes à sortir de cette situation infâme".https://t.co/i5VQ4AumLE pic.twitter.com/OIEYQU9JPP
— E&R National (@EetR_National) March 6, 2020