Pour comprendre cette volte-face d’un journal anti-Trump depuis huit ans, il faut remonter onze ans en arrière. L’info profonde, y a que ça de vrai. Chronologie.
Nous sommes en 2013. En proie à des difficultés économiques comme toute la presse mainstream, la propagande ne se vendant plus, le Washington Post tombe dans l’escarcelle du multimilliardaire Jeff Bezos, propriétaire d’Amazon. Le gars pèse 25 milliards de dollars. Pour les journalistes maison, c’est un choc. Ils ne pourront plus faire aussi facilement la retape du Système. Déjà, un informaticien trahit la cause.
Bezos est alors un fervent soutien des démocrates (dont Joe Biden en 2021, néanmoins, il critiquera sa politique inflationniste en 2022, qui selon lui nuit aux plus pauvres).
En 2016, trois ans après le rachat et en pleine campagne électorale Trump-Hillary, Bezos et Trump s’écharpent par tweets interposés, le futur président reprochant à l’homme d’affaires de ne pas payer les impôts qu’ils doit à l’Amérique. Bezos fait alors partie avec Zuckerberg de l’axe GAFAM anti-Trump.
Un an plus tard, en 2018, Jeff tombe raide dingue de Lauren Sanchez, une bimbo aux larges épaules, aux seins impossibles et au visage transhumaniste. Leur relation ne sera officialisée que cinq ans plus tard. Lauren ou Laurent, à vous de juger.
Tenir Bezos par les couilles
Un an plus tard, en 2019, le National Enquirer, tabloïd pro-républicain et pro-Trump (parfois la liaison n’est pas automatique) publie quelques-uns des SMS de Bezos à sa future compagne, officiellement présentatrice télé. Ça fait mieux que grosse pouf. Le canard ne publie en revanche pas les photos, apparemment compromettantes, de Jeff à poil et en érection répondant aux photos très suggestives de la cougar atomique (côté Tchernobyl).
Pour Jeff, le coup bas est signé Donald, le président serait le commanditaire en bout de chaîne.
Cinq ans plus tard, en 2024, l’affaire étant tassée, Donald revient dans la danse et, miraculeusement, le nouveau PDG du Post engage son quotidien dans une neutralité qui ne lui ressemble pas. Traduction : le Post n’attaquera pas Trump et ne soutiendra pas Harris.
Pour les démocrates encore vivants du journal, c’est la consternation. Le directeur a même pondu un communiqué dans lequel il explique que son journal – on ne rit pas – proposera désormais une « information non partisane » ! Joli pléonasme...
« Le Washington Post ne soutiendra aucun candidat à la présidentielle lors de cette élection, ni lors d’aucune autre élection présidentielle à venir », a déclaré Will Lewis, le directeur général du journal, dans un communiqué publié sur le site du média, vendredi 25 octobre. « Nous revenons à nos racines qui consistent à ne pas soutenir de candidats à la présidentielle. »
« Nous sommes conscients que cela sera interprété de différentes manières, comme le soutien tacite d’un candidat ou bien la condamnation d’un autre, ou comme un renoncement à nos responsabilités. C’est inévitable », précise William Lewis. Ce dernier explique que la mission du Washington Post est de proposer « une information non partisane ».
France Info nous explique que « cette décision a suscité une indignation générale parmi le personnel du journal ».
« De nombreux membres du comité de rédaction sont surpris et en colère », s’est ému un salarié cité par la chaîne américaine CNN. D’après le magazine destiné aux journalistes Columbia Journalism Review, « deux membres du conseil d’administration du "Post", Charles Lane et Stephen W. Stromberg, ont travaillé sur des ébauches d’un projet de soutien à Harris ».
La décision de ne pas prendre position viendrait tout simplement du propriétaire du journal : Jeff Bezos. « La décision de ne plus publier les lettres de soutien à Harris a été prise par le propriétaire du Post, le fondateur d’Amazon Jeff Bezos, selon quatre personnes informées de la décision », peut-on lire dans un article du... Washington Post.
Marty Baron, l’ancien directeur exécutif du journal, a tweeté : « Ceci est de la lâcheté, dont la victime est la démocratie. Donald Trump verra cela comme un encouragement à intimider davantage Jeff Bezos (et d’autres). »
La boucle est bouclée.