On se frotte les yeux : on a cru un instant lire milliards, et non pas millions. Les 6500 parties civiles réclamaient un total de 10 milliards aux laboratoires Servier. Pendant les dix ans de procédure(s), beaucoup de malades du Mediator ont eu le temps de mourir, souvent dans des souffrances incomprises. Les 150 à 400 millions d’euros débloqués par Servier pour indemniser les plaignants (avant le procès) ne suffiront pas à rendre la santé à ceux qui ont pris ce médicament « miracle », un coupe-faim (amaigrissant) synonyme d’affaiblissement cardiaque (du fait de sa base amphétaminique).
2,7 millions, une mendicité finale qui résume tout : dans les grands scandales sanitaires français, les puissants s’en sortent toujours bien. Jacques Crozemarie est mort de sa belle mort, sans rendre l’argent qu’il a pillé à ses nombreux donateurs, et donc ôté de la recherche contre le cancer.
Certes, près de 400 millions ont été distribués ou provisionnés pour les victimes qui ont bataillé dur malgré leur affaiblissement, mais l’entreprise Servier aura gagné au moins un milliard d’euros avec cet antidiabétique que d’autres pays ont interdit bien avant nous, pour certains 20 ans avant nous. Les autorités politico-médicales n’ont pas failli, elles ont été complices : le Mediator a été distribué comme un bonbon pendant 33 ans à 5 millions de personnes mal ou peu informées !
Plus que des gens ou une entreprise, c’est un système qui est en cause, et on voit la même chose se profiler aujourd’hui avec le Conseil scientifique, la Haute Autorité de santé, la direction de la Santé, le ministère, les Agences régionales, le Conseil de l’Ordre des médecins... Tout est opaque, antidémocratique et, au final, dangereux, voire mortel.
Pour donner une idée de cette catastrophe sanitaire (il y en aura d’autres, c’est ce que prévoit le Pr Raoult), à l’échelle d’une personne, voici le témoignage de Françoise, une victime parmi tant d’autres.
Les témoignages en commentaires sont terribles : les victimes sont la plupart du temps abandonnées dans l’ignorance, face au mur de la justice et de l’administration. Et au barrage du responsable principal, qui a freiné des quatre fers pendant des décennies.
Bonjour a tous je pris le MEDIATOR pendant 6ans je soufre de 2fuite vilvopathique insufisance cardiaque insuffisance pulmonaires hypertension 14 à22 vertige perte connaissance 2 à3fois par ans depuis deux ans essoufflée à l’effort faiblaisse dépression sans travail en invalidité avec 364euro de pension d’invalidité agricoles .j’ai aah pendant 4ans et après c’est le refus aah par contre j’ai passée devant un médecin de travail j’ai toujour eu mon invalidité2em catégorie j’ai fais le recoure au TCI depuis 2ans sans réponse je ne jamais eu ni assistance social ni personne même cas que moi pour se parles dons je suis isolé et perdu se renfermer avec milles question sans réponse ni espoir de gaigne causse et j’attend le résultat de mon avocat pou le plainte de Mediator sans espoir .Dons si quelqu’un a eu la même cas que moi prier de me contacter j’en ais vraiment besoin de parler ou quelqu’un peux m’aider pour je suis perdu je me sens abandonner et mis à côté avec aah et sans nouvel de TCI je me sens double triple peine désolé pour les faute d’orthographe
On apprend en outre que les médecins qui ont prescrit ce pseudo médicament n’ont pas été poursuivis, car ils ont été considérés comme trompés eux aussi par Servier. En 2014, le fondateur du laboratoire indépendant, Jacques Servier, s’éteint tranquillement, presque centenaire, à la tête d’une fortune estimée à 2,3 milliards d’euros. Il aura, six années plus tôt, été décoré par Nicolas Sarkozy. Pour les centaines de morts et les milliers de malades, ou pour les bénéfices généreusement redistribués ?
Ce 29 mars 2021, après des centaines de morts (une estimation basse entre 500 et 2000), les condamnations sont tombées :
Les laboratoires Servier ont été reconnus coupables par la justice de « tromperie aggravée » et d’« homicides et blessures involontaires » dans le scandale du Mediator. « Malgré la connaissance qu’ils avaient des risques encourus depuis de très nombreuses années, […] ils n’ont jamais pris les mesures qui s’imposaient et ainsi trompé » les consommateurs du Mediator, a déclaré la présidente du tribunal correctionnel, Sylvie Daunis. Les laboratoires Servier ont été condamnés à 2,7 millions d’euros d’amende. (Nouvel Obs)
Seconde condamnation, l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament (on aurait plutôt dit de sécurité des bénéfices), qui a trop tardé à retirer le Mediator du marché, paiera 303 000 euros, soit une broutille. Les parties civiles étaient au nombre de 6500 dans ce procès hors normes réunissant 376 avocats, 23 prévenus, 11 personnes morales et 12 personnes physiques (source : France Info).
C’est la pneumologue Irène Franchon qui a découvert le lien entre ce médicament et des pathologies qui se multipliaient. Elle témoigne ici en 2019, au début du procès fleuve.