Selon un rapport extraordinaire publié hier dans L’Obs, des hauts responsables du gouvernement PS sortant ont projeté d’organiser un coup d’État si Marine Le Pen, la candidate du Front national (FN), avait remporté l’élection.
Le but de l’opération n’était pas d’empêcher Le Pen d’entrer en fonction. Le coup était supposé écraser des manifestations de gauche contre sa victoire, imposer l’état de siège, et installer Le Pen au pouvoir dans une alliance forcée avec un gouvernment PS.
« Personne n’ose imaginer ce que sera le lendemain du deuxième tour si Marine Le Pen l’emporte. Un embrasement s’annonce », écrit L’Obs, qui explique : « Les stratèges qui ont conçu ce plan B anticipent qu’au lendemain de la victoire du Front national le pays risque de se retrouver au bord du chaos. État de sidération, manifestations républicaines, mais surtout violences extrêmes, notamment de la part de l’ultra-gauche ».
« Le plan n’avait jamais été écrit noir sur blanc, mais tout était fin prêt », écrit “L’Obs”. « Son déroulé était si précisément envisagé qu’une poignée de membres du gouvernement, de directeurs de cabinet et de très hauts responsables de l’État peuvent encore la décrire de tête, étape par étape. (...) Pour en donner les détails, “L’Obs” a recoupé les éléments auprès de trois sources, au sein du gouvernement sortant et d’institutions de l’État ».
Le plan incluait le lancement d’interventions de police massives destinées à quadriller la France, et un coup quasi-constitutionnel lancé par un refus du premier ministre sortant, Bernard Cazeneuve, de démissioner. L’Obs cite un haut responsable : « Le pays aurait été à l’arrêt. Le gouvernement n’aurait eu qu’une seule priorité : assurer la sécurité de l’État ».
En clair, on aurait tenté d’imposer une dictature militaro-policière en France. Des droits démocratiques fondamentaux sont déjà suspendus par l’état d’urgence, prolongé en permanence par le PS depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. La police peut interdire des manifestations, détenir des individus, et les assigner à résidence. Le projet rapporté par L’Obs aurait signifié l’usage maximal de ces pouvoirs afin d’imposer un état de siège et suspendre de manière permanente le fonctionnement normal de l’État.
Les Directions départementales de la sécurité publique (DDSP) auraient toutes, sans exception, fait part au ministère de l’Intérieur de leur « craintes » d’une victoire Le Pen, alors que l’appareil d’État se préparait à une éventuelle crise post-électorale. L’Obs cite aussi une note du renseignement, déjà citée par Le Parisien : « Des mouvements d’extrême gauche, plus ou moins implantés, chercheront sans nul doute à organiser des manifestations dont certaines pourraient entraîner des troubles sérieux ».
En même temps, selon L’Obs, les syndicats de police faisaient pression pour obtenir le droit d’utiliser des armes létales contre des manifestants, dont des grenades de désencerclement et des lanceurs de balles de défense. « Les instructions données de ne pas utiliser tel ou tel matériel deviennent insoutenables », a déclaré un syndicaliste Unsa-Police.
À l’intérieur de l’appareil d’État, le refus de Cazeneuve de démissioner devait « geler la situation politique », selon l’une des sources de L’Obs, et en exploitant une particularité de la constitution, lancer un coup pseudo-constitutionnel contre le président nouvellement élu :
« Dans un premier temps, il est prévu qu’après le second tour de la présidentielle, le chef de gouvernement de remettra pas sa démission. Certes, le maintien en poste du Premier ministre est contraire aux usages républicains, mais sa démission n’est en rien une obligation constitutionnelle. Dans un second temps, le Parlement sera convoqué en session extraordinaire. Une date est même envisagée : le jeudi 11 mai. Ordre du jour : la crise nationale provoquée par les violences qui ont suivi le scrutin. Les députés se verront alors demander un vote de confiance ».