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Sapir : "Une immense colère sociale monte des tréfonds du pays, bien au-delà de la question des retraites"

Une importante grève interprofessionnelle a lieu depuis le 5 décembre. Mais il y a dans cette mobilisation bien plus qu’un simple refus d’une nouvelle réforme des retraites, aussi contestable, voire inique, soit-elle.
Les grèves multiples, dans le secteur des transports, mais aussi de la fonction publique, des services, et dans les entreprises, concentrent en elles toute la colère qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont réussi, à tort ou à raison, à accumuler contre eux.

 

La véritable égalité passe souvent par une inégalité apparente

La raison initiale est donc le refus de la réforme des retraites. Cette dernière prétend aller vers plus d’égalité en supprimant ce que l’on appelle les « régimes spéciaux », et vers plus de pérennité, car, à en croire le gouvernement, le déficit actuel du régime des retraites serait tout bonnement insupportable.

 

 

Mais ce déficit a en réalité été creusé par ce même gouvernement, qui a réduit les cotisations pour offrir, dit-il, du pouvoir d’achat aux Français. En réalité, et à parler un peu vulgairement, il a « fait les poches » du système des retraites et prétend maintenant en tirer argument pour imposer sa propre réforme. La manœuvre est un peu grosse. On savait Édouard Philippe ficelle… désormais, on voit la corde !

L’autre argument est celui de l’égalité. En supprimant les régimes spéciaux, on rendrait le système des retraites plus lisible et plus juste. Mais a-t-on simplement réfléchi au pourquoi de la constitution de ces fameux régimes spéciaux ?

Nous ne travaillons pas tous dans les mêmes conditions. Certains travaux sont particulièrement pénibles, que ce soit physiquement ou nerveusement. Par ailleurs, certains régimes de retraite qui semblent en apparence avantageux sont parfois la contrepartie de rémunérations salariales plus faibles. Bref, s’il y a une multitude de cas qui, c’est vrai, rendent difficile une lecture globale du système des retraites, c’est aussi parce qu’il y a dans la vie réelle – mais oui, cette réalité qui semble bien étrangère aux technocrates qui réfléchissent dans leur bulle – une multiplicité des situations. La véritable égalité est bien souvent obtenue par une inégalité apparente.

 

Vers l’« acte 2 » de la contestation sociale ?

Alors, que ce soit au travers du fameux « âge pivot » ou de toute autre invention, les Français ont bien compris que le but de la réforme était de les faire travailler plus longtemps et, dans de nombreux cas, pour des pensions moindres. Or, si l’espérance globale de vie s’est beaucoup accrue ces dernières années, il n’en va pas de même pour l’espérance de vie dite « en bonne santé ». C’est pourtant bien cette dernière qui doit ici être prise en considération. C’est elle qui démontre que les travailleurs arrivent aujourd’hui épuisés à l’âge de la retraite.

La réforme que l’on nous promet sera donc injuste, en particulier pour les femmes, qui risquent d’en être les grandes perdantes, et destructrice pour tous ceux qui travaillent dans des conditions de forte pénibilité. Les Français le comprennent et soutiennent majoritairement cette mobilisation.

Mais il y a plus dans cette grève. Elle est aussi la manifestation d’une immense colère sociale qui monte des tréfonds du pays. Le nombre de catégories de travailleurs où cette colère déborde, des paysans aux travailleurs des hôpitaux, des enseignants aux salariés de la RATP et de la SNCF (auxquels, il convient de le rappeler, l’inspection du travail vient de donner raison quant à la présence d’un contrôleur à bord de certains TER), promet d’en faire une mobilisation très particulière.

Les directions syndicales le sentent et font tout pour garder le contrôle sur ce mouvement. Mais à l’impossible nul n’est tenu. On peut penser que cette grève aura des conséquences, voire pourrait se transformer en un mouvement social s’installant dans la durée. Un an après le début de la crise des Gilets jaunes, et alors que cette dernière est loin d’être terminée, s’ouvre sans doute avec le 5 décembre l’« acte 2 » de la contestation sociale.

 

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79 Commentaires

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  • #2340641

    Dès que j’entends le mot "points", je sais qu’on essaie de m’arnaquer. Les points des compagnies aériennes, des cartes de crédit, ceux des time share, et maintenant les retraites. Et aussi, quand on donne notre argent à gérer par d’autres, on le perd.

     

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  • Jacques Sapir : "Nous ne travaillons pas tous dans les mêmes conditions. Certains travaux sont particulièrement pénibles, que ce soit physiquement ou nerveusement."
    Incroyable de malhonnêteté ! Conduire un train est un travail plus pénible que celui d’un ouvrier de l’automobile ou d’un employé de centre d’appels, ou même que de n’importe quel salarié à faible revenu du privé ? Et pourtant eux ne bénéficient pas d’un régime spécial !
    _

     

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    • Il n’y a aucune malhonnêteté mais juste une totale incompréhension et extrapolation de votre part ! Comment pouvez-vous lui prêter des idées aussi absurdes que celles que vous formulez sur la base de la phrase de lui que vous citez et qui est une considération d’ordre général ?! Il ne nie pas qu’il y a plein de boulots dont la pénibilité devrait être prise en compte et qui ne le sont pas. Il dit d’ailleurs qu’il y a des spécificités et des avantages et inconvénients inhérents à chaque travail. Vous devriez rejoindre cette analyse de bon sens comme il reconnaîtrait certainement que certaines pénibilités que vous notez ne sont possiblement pas reconnues à leur juste mesure.

       
    • #2340712
      Le Décembre 2019 à 18:18 par l’artilleur de Metz
      Sapir : "Une immense colère sociale monte des tréfonds du pays, bien au-delà (...)

      pensons aussi aux routiers, les forçats de la route, sous payés, fliqués, suivis au gps, obligés de s’arrêter quelque fois un weekend complet loin de chez eux pour ne pas dépasser les heures de conduite, etc, etc ...pas de régime spécial pour eux, ces fameux régimes acquis en 1945 , condition impérative des cocos pour déposer les armes face à De Gaulle... renseignez -vous sur les 400 000 exécutions sommaires à la libération, lisez les historiens, n’attendez rien des médias actuels et moins encore des RMC découverte et "spécialistes" d’Arte et LCP..

       
    • @Eric

      Si M. Sapir était conséquent dans sa logique de fixer l’âge de départ à la retraite en fonction de la pénibilité du travail, il devrait en conclure que celui des agents de la SNCF devrait être relevé de quelques années (ou a minima reconnaître qu’il n’est pas normal), tandis que celui des métiers les plus pénibles dans le privé être abaissé d’une dizaine d’années.
      Là où il y a malhonnêteté intellectuelle, c’est d’utiliser cet argument (en soi fort juste) pour défendre un régime de retraite bénéficiant à une profession où il n’est pas justifié.

       
    • Non @J. Ce que cela signifie (je parle de votre premier paragraphe), c’est qu’il ne partage probablement pas votre avis sur ce métier et qu’il considère certainement que certains aspects justifient des particularités, ce qui ne préjuge en rien des autres professions. Ensuite, rien ne dit qu’il ne pense pas par ailleurs que certains avantages ne sont pour autant pas justifiés (je pense notamment aux voyages gratuits pour toute la famille). On peut aussi essayer d’avoir un avis nuancé et de ne pas réagir de manière binaire et excessive en mode tout ou rien. Vous extrapolez donc grandement sur une malhonnêteté intellectuelle (terme excessif et inapproprié) qui n’est qu’un procès d’intention largement gratuit de votre part. C’est dommage.

       
    • A J,

      Monsieur Sapir et Monsieur Eric,

      Vous parlez trop franchement aux oreilles de Gôche,
      de ces intellectuels qui sont les meilleurs alliés de la Banque,
      et adversaires de la Nation depuis mai 68 .

       
    • Je ne suis pas sûr de comprendre votre post @bertin qui, et j’en suis désolé, n’a en tant que tel aucun sens. J’espère me tromper mais j’ai l’impression que vous êtes encore de ceux qui jouent avec des gommettes droite-gauche. Faut arrêter avec ça, c’est périmé depuis longtemps. On peut d’ailleurs ironiser sur le fait que J. Sapir avait été qualifié d’extrême-droite sur un plateau télé par un certain Moscovici par rapport à certaines de ses analyses. Attention donc à ne pas tomber dans ce genre d’approche grotesque (je parle d’un point de vue général), d’autant que tout nous pousse à ça quand c’est d’en sortir dont vous avons absolument besoin.

       
    • Moralité : il faut éviter de parler comme une caricature de droâte, ce n’est ni vous rendre service ni rendre service à « la droite ».

       
  • #2340675

    On nous prend de nouveau pour des cons
    Question :
    ’’le cumul de mandat de membre du gouvernement et d’une activité professionnelle est prohibé par la Constitution !’’
    Que fait J’P’ DELEVOYE dans cette commission des Assurances avec une rémunération de plus de 5000 euros/mois, tout en étant ministre ?
    Arnaqueurs, des arnaqueurs en qui on ne peut pas placer notre confiance !
    Bravo Macron avec ton réseau de petits culs francs-maçons, Benalla-Crase, Cahuzac, Castatirelire. Continue et ça va être très très chaud, la France est tte jaune, c’est bizarre non ? Ce ne sont que des sans-dents ? A eux les reformes, nous a l’Elysée on s’en tape le cocotier !

     

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  • Sapir : "Une immense colère sociale monte des tréfonds du pays, bien au-delà de la question des retraites".
    Les syndicats roulent pour leur gueules, c’est à dire les régimes spéciaux.
    L’éducation nationale, idiots(diplômés)utiles du pouvoir profond, qui ne sert plus qu’a abrutir les jeunes, histoire de les rendre plus malléables, perméables à la bêtise.
    Ouais, tout cela on le sait, mais on fait quoi maintenant ?

     

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  • Elle est où l’immense colère ? Non elle n’est pas là et ce n’est pas avec des titres comme ça que l’on mobilise davantage.
    Au contraire

     

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    • Si c’était un titre d’article qui décidait de la mobilisation ou de la démobilisation des gens, alors ce serait vraiment grave ou alors c’est qu’ils seraient soit bêtes soit qu’ils n’en auraient pas plus à foutre que ça ! Je ne le pense pas puisque le mécontentement est assez général et que l’état de crise qui en est le symptôme est maintenant permanent depuis un bon moment.

       
  • #2340753

    Et le régime spécial des députés et sénateurs et autres parasites de la raie publique, ils sont pas concernés par la réforme ?

     

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  • En évitant les braises, jeter de l’eau sur les flammes n’a jamais éteint un feu...
    Et n’en déplaise, la France et le Monde ne seront libérés des flammes que lorsque la Palestine sera délivrée du feu...
    Combattre le sionisme et son projet létal est une guerre sainte, la victoire finale ne se fera qu’en Terre Sainte...

     

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  • #2340896

    "l’« acte 2 » de la contestation sociale."

    Que Dieu vous entende.

     

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  • J’espère bien que c’est au delà des retraites , parce que personnellement sur ce sujet, j’ai décroché une première fois quand j’ai vu tous les lobotomisés agiter leur drapeau de la CGT , ce syndicat qui crachaient à la gueule des gilets jaunes qui eux manifestaient pour TOUT LE MONDE , et non pas seulement leurs petits avantages perso.

    J’ai décroché définitivement quand j’ai lu que même les danseurs de l’opéra de Paris songeaient à faire grève pour conserver eux aussi leur "régime spécial" de retraite.

     

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  • #2341116

    Du pipo et rien que du Pipo !...
    Ils savent par experience que ce peuple a bouffer ses c.. et qu’il ne fera que brailler dans les rue pour retourner chez lui et dans sa campagne la queue entre les jambes, fatigué, épuisé en ayant le sentiment d’avoir fait quelque-chose !

     

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