Comme le dit Belliot dans son excellent ouvrage, Paty a été abandonné par l’État, le ministère et son établissement. Le tweet de Macron est un modèle d’hypocrisie : pour lui, les profs ne sont évidemment rien. L’action de ce président liberticide et incohérent incarne l’exact inverse de « ce combat pour la liberté et pour la raison ».

Qu’il ait eu raison ou tort de montrer les caricatures de Charlie à ses élèves n’est finalement plus le débat. Charlie n’incarne pas la laïcité joyeuse à la française, un vivre-ensemble harmonieux entre toutes les sensibilités, mais bien le sionisme islamophobe et toujours antifrançais, la dernière idéologie du pouvoir profond. Se tromper sur le sens de cette laïcité peut être désastreux.

Les médias ont sauté sur l’occasion du crime (du 16 octobre 2020) puis de la commémoration du crime, parce qu’il s’agit de ça, pour remettre une pièce dans la machine à islamophobir, verbe du deuxième groupe. Le 14 octobre 2024, les élèves de tous les collèges et lycées de France se sont tapé une minute de silence, inutile et creuse, puisque entre-temps, un deuxième prof a été assassiné (le 13 octobre 2023).
Ils savent qu’on leur fait ingurgiter de la propagande : ce spectacle morbide ne prend pas avec eux. Et on ne parle pas uniquement des élèves musulmans qui ne sont pas Charlie. Seriner ce qui suit – un morceau d’anthologie orwellien –, est justement ce qu’il ne faut pas faire...

« Ils sont capitaux, ces hommages. Ces hommages, c’est le signe qu’on renonce pas ; ces hommages, c’est faire vivre Samuel aussi. (...) L’école a été attaquée, et l’école, c’est le socle de notre démocratie. […] Cette école, elle vous forme votre esprit critique. Cette école, elle vous libère. Il faut absolument pouvoir discuter de tout à l’école, même des caricatures. »

On sait tous que l’idéologie de Mai 68 a produit un programme de plus en plus abêtissant, des profs de plus en plus dénués d’autorité et des élèves de plus en plus paumés au milieu. Cette entreprise politique de décérébration mène logiquement à la barbarie, soit le meurtre de profs.

De toute façon, l’ultralibéralisme couplé à l’uberisation veut éliminer les profs, c’est sur sa feuille de route, et ça se matérialise de façon horrible par deux innocents qui se font poignarder par des dingos, purs produits de cette même déstructuration.

La patymania a donc battu son plein le 14 octobre 2024. Sur RTL, pas de tenue cuir à la Malherbe – pas vraiment le look deuil –, on est allé chercher la sœur de Samuel, muette pour l’occasion : la malheureuse atterrit dans l’émission de divertissement de Caverivière. Pas mieux que le tweet de Macron.

« Il écoutait France Inter, Samuel ? »

Rendez-vous au prochain poignardage de prof, la machine médiatico-politique est désormais bien huilée. On aura droit au crime sur les chaînes consanguines, à l’indignation de service, aux billets des propagandistes du même Système meurtrier (!), et, un an plus tard, jour pour jour, à la commémoration, et aux louanges d’une laïcité pourtant bien foireuse, bien toxique.

Imaginez, la laïcité d’État, elle a été incarnée pendant 17 ans par Philippe Val.

Au revoir, les enfants.

La conférence qui vient : Belliot & Janvier à Belfort

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