Sahra Wagenknecht – mais pour nous ce sera Sahra –, c’est la preuve qu’E&R est un mouvement d’avenir. Et aussi la preuve qu’on n’est pas contre les femmes en politique : si elles sont intelligentes, sexy et cohérentes, on signe direct.
Même moche on aurait voté pour elle et son parti BSW, L’Alliance, en français. Le problème, c’est qu’en France on a Hidalgo, Brigitte, Pécresse et Sardine. De temps en temps, une Panot sauve l’honneur, par exemple sur le génocide palestinien, mais globalement, la femme politique française fait honte. Que les féministes se rassurent, chez les mecs, c’est pas mieux : ça trahit à tout-va, ça manque de couilles, ça vend son cul pour un poste, bref, le niveau est déplorable.
Les élections régionales de Thuringe et de Saxe ont rendu leur verdict : grosse poussée, attendue, de l’AfD (30 %), effondrement de la coalition Scholz, le gros qui est pour la guerre en Ukraine, la désindustrialisation et l’immigration de masse – c’est dire la profondeur de la trahison de l’élite outre-Rhin –, et, surprise, l’émergence de BSW à un niveau record (12 % en saxe et 16 % en Thuringe).
Le Monde diplo consacre justement un dossier à Sahra dans son édition de septembre 2024 :
La gauche ? Quelle gauche ? En Allemagne, un parti propose depuis janvier dernier une réponse à cette vieille question : l’Alliance Sahra Wagenknecht pour la raison et la justice (BSW). L’ancienne dirigeante de Die Linke (La Gauche) a finalement réglé par la scission le conflit d’orientation qui empoisonnait ce parti depuis des années. La nouvelle formation ampute Die Linke d’une dizaine de députés et défraie la chronique. Ancienne militante communiste, intellectuelle brillante, très populaire à l’Est, où elle est née, Mme Wagenknecht peut enfin donner corps à la ligne qu’elle incarne. Celle d’une « gauche conservatrice » qui prendrait le contrepied de l’électorat progressiste, urbain et diplômé des Verts : à gauche sur le plan social, conservatrice sur les questions de société et d’immigration, favorable à une forme de souverainisme au sein de l’Union européenne, critique de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et du nouveau bellicisme allemand, intransigeante sur la défense de la liberté d’expression. Un projet porté par un « vrai parti populaire » capable, espère-t-elle, de « s’adresser à la majorité » et de détourner de l’extrême droite les perdants de la mondialisation.
En Allemagne, la scission de la gauche a donné Die Linke, en gros le PS, et BSW, théoriquement la gauche radicale à la LFI, mais non : BSW c’est mieux que LFI, qui trahit sur l’Europe et sur l’Ukraine, sans compter la trahison, désormais récurrente, au second tour de la présidentielle en faveur du parti de la Banque et de l’Effondrement. Notez que quand on vote Banque, on vote Effondrement. L’explication est simple : vous votez pour le profit, et c’est vous qui payez. Privatisation des bénefs, socialisation des pertes, donc inflation record, paupérisation, là-dessus envoyez une pelletée de migrants pour que les pauvres se sentent moins pauvres, et le tour est joué.
Jusqu’à ce que ça pète. On l’a écrit ici, si ça pète quelque part, ça pètera en Allemagne, car c’est le pays qui a le plus à perdre du mondialisme, ou de la soumission à l’Empire. La compromission du pouvoir allemand avec la dominance US a provoqué un tremblement de terre politique, avec l’AfD, qui devient virtuellement le premier parti, et BSW, qui montre qu’une gauche insoumise, intelligente et non corrompue est possible.
Il y a pas mal de signes qui montrent que BSW ne peut que monter, et pas seulement au détriment de l’AfD, puisqu’il y a une base souverainiste et conservatrice commune. D’ailleurs, Sahra pense déjà à une entente avec la CDU : c’est la faiseuse de rois. Dans la composition sociologique de son parti, on retrouve exactement l’analyse de Soral, à savoir l’union de la classe laborieuse avec les petits entrepreneurs, l’ouvrier et le (petit) patron. Les deux étant victimes de la mondialisation, l’un par la baisse du salaire, l’autre par l’écrasement sous les charges.
Parti populaire, BSW entend former une alliance avec l’autre pôle des classes moyennes, celui des techniciens, ingénieurs, artisans et indépendants du Mittelstand, un terme allemand désignant à la fois la couche sociale du milieu et le réseau d’entreprises familiales qui alimente l’appareil industriel rhénan en machines-outils et robots de haute technologie. Mme Wagenknecht décèle une analogie entre les classes populaires victimes de la mondialisation et les classes moyennes des PME étouffées par les spéculateurs : ces dernières « souffrent également de l’insécurité économique ; elles subissent la pression des très grandes entreprises, des banques, des géants numériques ; elles pâtissent d’une politique influencée par ces lobbies puissants ».
Le mot lobby est lâché. Si l’on remonte plus loin que la création d’E&R, on retrouve le socle de l’alliance CID-UNATI de 1968, avec Gérard Nicoud en syndicaliste révolutionnaire.
Ce qui est marrant dans l’article du Diplo, et un peu décevant, mais on a l’habitude, c’est de citer la ligne originale de Sahra, « progressiste sur le social et l’économie, conservatrice sur les questions socioculturelles », et de ne pas faire le rapport avec « la gauche du travail et la droite des valeurs » de Soral ! Allez, le Diplo, encore un effort, et l’article sera parfait.