C’est aujourd’hui le 30ème anniversaire du massacre de Sabra et Shatila au cours duquel des centaines de réfugiés palestiniens sans défenses ont été assassinés par des miliciens de droite libanais avec le blanc-seing de l’armée israélienne.
Voici les principaux responsables de ces tueries :
Ariel Sharon :
Ariel Sharon (84 ans) est tombé dans le coma il y a 6 ans alors qu’il préparait sa campagne électorale. Il a encore une grande influence sur la scène politique israélienne en dépit de l’interdiction faite aux médias israéliens par l’état d’Israël de parler de lui ou de le photographier.
Sa condition ne s’est pas améliorée. Le docteur, qui est chargé de lui, dit que "son état est stable" et ajoute : "Sharon a beaucoup de résistance physique et, à mon sens, beaucoup de force mentale aussi".
Le comité des finances de la Knesset israélienne a décidé de diviser le coût du traitement de Sharon - un million et demi de shekels (305 000 euros) annuels - entre le gouvernement et sa famille.
Un comité d’investigation israélien a jugé Sharon indirectement responsable du massacre de Sabra et Shatila en 1982 au cours duquel des centaines de réfugiés palestiniens ont été assassinés "du fait qu’il était ministre de la Défense à l’époque."
Rafael Eitan :
Rafael Eitan est né le 11 décembre 1929. En 1946 il a rejoint le Palmach qui était la force de frappe de la Haganah, l’organisation militante juive antérieure à l’établissement d’Israël. Il a occupé différents postes dans l’armée dont celui de chef d’état major entre 1978 et 1983.
Pendant son mandat, il a participé à la planification de l’attaque sur le réacteur atomique iraquien Tammuz et à celle de l’invasion du Liban. Après le massacre de Sabra et Shatila, la commission Kahan chargée de l’enquête sur le massacre a conclu que Eitan "avait manqué à son devoir de chef d’état major."
Le rapport signalait que Eitan n’avait pas pris les mesures nécessaires pour empêcher le massacre et n’avait pas agi conformément au devoir d’un commandant militaire.
Toutefois la commission ne l’a pas destitué et elle n’a recommandé aucune autre sanction contre lui sous prétexte qu’il devait prendre bientôt sa retraite. Il est mort en 2004.
Fadi Frem :
Bashir Gemayel a nommé Fadi Frem à la tête de la milice des Forces Libanaises (FL) en 1982 après avoir été "élu" président, une journée avant d’être assassiné.
Quand le massacre de Sabra et Shatila a eu lieu, il dirigeait les Forces Libanaises et commandait aux combattants et c’est lui qui a pris la décision d’entrer dans le camp.
Frem était l’époux d’une des petites filles du fondateur du parti des Phalanges Libanaises, Pierre Gemayel. Il avait grimpé progressivement dans la hiérarchie des Forces Libanaises car il avait été un des premiers à se rallier au groupe de Bashir Gemayel. Il a été ensuite nommé à la tête des services secrets de la milice avant de devenir l’adjoint du chef d’état major, puis le dirigeant des Forces Libanaises.
Pendant qu’il était aux commandes, la "guerre de la montagne" a éclaté entre les milices chrétiennes et druzes ; les Forces Libanaises ont été complètement vaincues et les Chrétiens ont été évincés de la région du Chouf.
Sa relation avec le président Amin Gemayel s’est détériorée et Fouad Abou Nader a été nommé à sa place. Les Forces Libanaises de Frem ont participé avec celles d’Elie Hobeika au massacre de Sabra et Shatila.
Il habite maintenant au Canada. Il faut noter qu’en 2000, le département canadien de la justice a enquêté sur ceux qui avaient pratiqué la torture dans le centre de détention de Khiam au sud du Liban et n’a pas autorisé beaucoup d’entre eux à immigrer au Canada à cause de ça.
Saad Haddad :
Saad Haddad est né en 1936 dans la ville de Marjayoun au sud du Liban. Il était officier quand on lui a confié une unité de l’armée libanaise de 400 soldats dans la ville de Qulaiah.
En 1979, il s’est allié à Israël pour créer la milice de l’Armée du Liban Sud (ALS). Le 19 avril 1979, il a déclaré Etat du Liban Libre les territoires occupés par Israël dans le sud. (Il sera considéré comme traître et déchu de ses fonctions militaires par les autorités libanaises).
Pendant l’invasion israélienne de 1982, il a transféré des membres de sa milice du sud à l’aéroport de Beyrouth, puis à Sabra et Shatila où elles ont joué un grand rôle dans le massacre.
Haddad est mort le 14 janvier 1984 de cancer. Sa fille Arzeh, qui est devenue une citoyenne israélienne, travaille dans la recherche militaire pour développer les missiles israéliens.
Etienne Sakr :
Etienne Sakr est né à Ain Ebel au sud du Liban et il était un officier du Directoire de la Sécurité Générale libanaise. Après que le gouvernement libanais ait signé l’Accord du Caire en 1969 avec l’Organisation de Libération Palestinienne (OLP), Sakr a quitté les services secrets pour se consacrer à la politique.
Il était connu pour sa collaboration avec Israël. Il soutenait l’Armée du Liban Sud et dans les années 1990 il vivait à Jezzine dans le sud.
Quand Israël s’est retiré du Liban en 2000, il a demandé que la région qui longe la frontière sud avec Israël devienne une région autonome. Il a été condamné à mort par contumace pour trahison. Il vit actuellement à Chypre.
Elie Hobeika :
Elie Hobeika est né en 1956 et était un des leaders les plus importants de la milice des Forces Libanaises pendant la guerre civile. Il s’est affilié aux Phalangistes quand il était jeune, puis il a rejoint la milice des Forces Libanaises à sa création.
En 1979, on lui a confié la direction de l’agence d’information et de sécurité des Forces Libanaises. Au début de 1985, lui et Samir Geagea ont organisé un soulèvement contre les dirigeants des Phalanges et Hobeika est devenu le leader des Forces Libanaises.
A la fin de la même année, il a signé un accord à trois avec Nabih Berri et Walid Jumblatt.
Cet accord a été à l’origine de sa relation publique avec la Syrie et de son ralliement officiel à l’axe syrien au Liban. Au début de 1986, Geagea s’est retourné contre lui et ils se sont battus à Achrafieh et Zahle, ce qui a permis à Geagea de prendre la direction des Forces Libanaises.
Après la guerre, Hobeika a été élu au parlement et il est devenu ministre. Il a quitté la politique en 2000 quand il a perdu son siège au parlement.
Hobeika a été assassiné en 2002 à Hazmieh par une voiture piégée après avoir décidé de témoigner devant la Cour Internationale de Justice des Pays-Bas pour "révéler les crimes de guerre israéliens."