Et le miracle s’est accompli... Le ministre de la Défense va un peu par hasard recréer une filière de munitions de petit calibre de guerre (5,56 mm, 7,62 mm et 9 mm) en France. Jean-Yves Le Drian l’a annoncé ce vendredi en Bretagne. Baptisé secrètement par le ministère « Provinces de France », ce dossier improbable à l’arrivée de Jean-Yves Le Drian au ministère en 2012 doit se transformer en une belle histoire industrielle. Ainsi, l’armée et les forces de l’ordre françaises pourraient tirer dès 2020 des munitions estampillée « Made in France ».
« Nous venons de poser un acte de souveraineté nationale (...) C’est du made in France dans l’action et pas seulement dans le discours », s’est félicité Jean-Yves Le Drian, très impliqué, avec son équipe, dans la reconstitution de cette filière.
Du « Made in Bretagne »
Ces munitions seront fabriquées en Bretagne dans une nouvelle chaine d’assemblage à Pont-de-Buis-lès-Quimerch (Finistère) par le leader international des munitions de chasse et de tir NobelSport, qui détient 30% du marché mondial, et le groupe électronique Thales, qui équipe en fusils d’assaut et munitions les forces armées australiennes grâce à une production locale. Le groupe d’électronique va apporter la technologie pour la fabrication des étuis et des projectiles de munitions. Pourquoi sur ce site ? NobelSport dispose de terrains immenses pour installer à la fois une chaine d’assemblage et des terrains de tirs.
Les deux industriels ont d’ailleurs signé vendredi un protocole d’accord (MoU) pour lancer officiellement les opérations. Pour sa part, Manurhin en tant que sous-traitant fournira les machines de cartoucherie. Pour autant, « il faut que les industriels travaillent encore sur le modèle économique », explique-t-on dans l’entourage du ministre de la Défense, qui pourrait pour sa part mettre un peu la main à la poche pour payer les machines outils de Manurhin. Cela reste encore à discuter...
- Le Drian supervise la signature des partenaires du projet
Un investissement de moins de 100 millions d’euros
En partenariat avec le ministère de l’Intérieur, l’hôtel de Brienne fait aujourd’hui le pari de rebâtir à moindre frais une filière de souveraineté nationale. « Moins de 100 millions d’euros », précise-t-on. NobelSport et Thales devraient financer cet investissement puis l’amortir sur le prix des munitions (30 à 40 centimes d’euros l’unité) ainsi que sur les volumes commandés par l’État. Le marché français est estimé à une centaine de millions de munitions par an pour l’ensemble des besoins des ministères de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Finances. Les industriels visent également le marché export actuellement en pleine croissance. Il pourrait représenter jusqu’à la moitié de la production de la future chaîne.
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« La rentabilité serait assurée à partir d’une production annuelle de 60 millions de cartouches sous réserve qu’un niveau de commandes constant soit assuré durant les cinq premières années », ont estimé les députés Nicolas Bays (PS) et Nicolas Dhuicq (Les Républicains), auteurs d’un rapport sur les munitions.